samedi 31 juillet 2010

Roms ou tsiganes ?

Bof, de toute façon, c’est dans tous les cas ce sont des voleurs, des assistés, des incapables, ils s'occupent pas de leurs gamins et on en passe, d’ailleurs même votre président Sarkozy ne sait pas quoi en faire.
Même si, quand on a eu des problème dans notre maison, aucun voisin n’est venu nous aider sauf notre voisin rom. Mais lui c’est pas pareil, c’est un bien. Mais c’est un cas à part, les autres sont un problème, c’est la réalité, pas du racisme.
(bref, la routine...)

Bus ou pas bus ?

Attention : petit déj avec une spécialité locale : la боза. Boisson à base de blé légèrement fermenté. Epaisse. Une odeur assez marquée. Un goût qui l’est tout autant. Une gorgée suffit pour en conclure qu’on n’est pas des vrais bulgares.
Pour digérer, toute la petite famille nous accompagne sur la route de Чепеларе. On va y tenter de choper le bus du retour. Non seulement on tente mais en plus on y arrive.
Je l’avais pas mentionné à l’aller mais le bus passe par Асеновград qui pour une raison que nous ignorons semble être la capitale bulgare (voire mondiale) du mariage. Rien que sur le côté est de la rue principale, nous comptons sept magasins de robes de mariées.
Bref...
Nous voilà donc de retour à la capitale. On se trouve un hôtel différent de la dernière fois mais pas spécialement plus classieux. Lumière aléatoire, douche idem mais il semble qu’on ait acquis un degré assez élevé de tolérance au n’importe quoi et quand les ressorts du lits font des chdoïng sonores à chaque mouvements nous rigolons. En tout cas la femme à la réception est la gentillesse même. Et il y a une petite cours intérieure qui a l’air sympathique. En fait à София il semblerait que même les immeubles les plus pourris aient quand même une petite cour intérieure où l’on tente de faire pousser quelques arbres. Rien que pour ça София est une ville sympathique.
Direction le Marché des femmes. Où d’après Митко on trouve de tout et n’importe quoi, de toute façon c’est tenu par des gitans et on sait ce qu’on pense là-bas des gitans, bref c’est tellement pittoresque. Tiens, une fois y avait un gars qui vendait du sang. Du sang ? Oui, pour les hôpitaux, exemple, si un proche à toi a besoin d’une transfusion mais qu’il n’y a rien pour le faire (pas de stocks dans les hostos qui de toute façons sont rongés par la corruption) eh ben ce brave gitan va te vendre une poche de son sang. Euh... Bref, Mademoiselle a bien envie d’aller y faire un tour. Ca tombe bien, c’est à deux pas de notre hôtel. Bon, contrairement à ce qu’on nous annonçait, ce n’est pas un coupe gorge peuplé de lépreux sanguinaires, c’est juste un marché, populaire, le Aligre local. Évidemment, Mademoiselle achète des fruits en passant.
Après ça, on visite la cathédrale Света Неделя, plus petite que celle du premier jour mais aussi belle et aussi sanglante. Oui, il semble que chaque lieu de culte soit lié à un drame. Александър Невски c’était pour le russes morts contre les ottomans. Celle là fût le théâtre d’un attentat le 16 avril 1925 lorsque des communistes firent tout péter, tuant quelques 150 personnes dont plusieurs dignitaires de l’époque. Mais c’est une autre histoire.
On enchaîne sur le musée archéologique plein d’objets de toutes sortes dont, un mois plus tard, je n’en ai quasiment aucun souvenir. A part que c’était pas mal et que tout ceci était dans une ancienne mosquée. Et qu’il pleuvait à torrents quand nous y étions. Il y a aussi une intéressante expo sur l’alphabet cyrillique. Enfin, intéressante pour thésard en philologie slave car c’est très (très (trop)) pointu.
En traînant dans les alentours et maintenant que la pluie a cessée, on tombe sur une petite place coincée entre de gros bâtiments où se trouve une mini église, la Ротонда Свети Георги, petit dôme en brique rouge au milieu de quelques ruines. Soit-disant le plus vieux bâtiment encore debout de Bulgarie, datant du Ve siècle. Nous n’osons y entrer car on y entend des chants liturgiques et on ne veut pas déranger pendant la messe. On se pose néanmoins dans un resto à terrasse juste à côté et on se restaure (on se goinfre). Le coin est paisible. Et on a beau être entre le Hilton et le palais présidentiel les prix restent ridiculement bas.
Allez, la nuit tombe et c’est l’heure d’aller dire au revoir à София. Une glace dans un parc. Un coucou à Александър Невски. Et puis Mademoiselle décide de partir à la chasse à la боза à ramener à ses collègues de boulot (histoire de se fâcher définitivement avec eux ?) et nous faisons ma tournée des superettes encore ouverte. On met du temps à en trouver. Ce doit être un truc de provinciaux. On tombe sur les anciens bains dont il ne reste pas grand chose à part une foule de gens qui vient remplir des bouteilles de l’eau chaude qui jaillit des fontaines. A la nuit tombée (éclairage quasi inexistant) cela ressemble à une étrange cérémonie. Sinon, la synagogue est toute éclairée et les vieux trams passent devant.
Et l’on rentre par des rues sombres jusqu’à notre hôtel.

C’est fini ou pas ?

Lever à des heures indues. La réceptionniste n’a pas bougé de son fauteuil (a-t-elle une vie hors de cet hôtel ?). Le taxi nous attend.
L’aéroport de София est le plus efficace qu’il m’ait été donné de voir. Entre le moment où nous entrons et le moment où nous poireautons devant la porte d’embarquement, il n’a pas dû se passer plus de 10 minutes. Enregistrement des bagages, douanes et innombrables portiques de sécurité compris. D’accord, il est 6h du mat’ et il n’y a pas un chat. Mais quand même...

samedi 30 janvier 2010

Contexte

: Syrie
Quand : du 30 janvier au 9 février 2010
Avec qui : Mademoiselle

Etapes :
- Damas
- Alep
- châteaux de la côte


Depuis la nuit des temps

Depuis la nuit des temps, la loose est la plus fidèle compagne du voyageur. Rappelons nous Ulysse. A peine arrivés à Damas, la loose s'abat sur nous tel un parpaing sur une tartelette aux fraises. Emad vient nous accueillir et le taxi avec lequel il est venu nous attend. Plus précisément, il nous attend un peu plus loin. Comme (je suppose) il y a un monopole de taxi à l'aéroport, les taxis ordinaires se cachent à l'entrée de l'autoroute. Bref, il est 1 heure du mat et nous marchons le long de l'autoroute. Sauf que non. Un flic du coin trouve que les taxis qui poireautent là comme ça au milieu de nulle part c'est pas cool et que pour la sécurité de nos amis les touristes c'est moyen. Bref, il faut aller prendre les vrais taxis de l'aéroport (plus chers). Ca palabre dans tous les sens entre Emad, le flic, le chauffeur de taxi, un autre chauffeur de taxi sorti de nulle part. Comme nous sommes quand même en Syrie, le flic a généralement raison. Bref, retour à la case départ. Et taxi. Jamais pris un taxi aussi neuf. Enfin, je veux dire, par rapport à la Bolivie, au Sénégal ou même à la Syrie, c'est la grande classe. La déesse de la loose est parfois magnanime.

23 octobre 1979

Naissance d'Emad, le copain de Magda qui bosse pour le HCR à Damas. Il s'occupe des réfugiés irakiens. Il s'ennuie un peu à Damas et voudrait retourner au Congo où là c'est un peu plus sportif. Il nous héberge, nous fournis en plans et guides, nous amène au resto, nous indique les coins à visiter, etc... Vraiment très pratique. En général, dans la journée il bosse et le soir on se retrouve, soit chez lui soit dans la vieille ville et on traîne de ça de là en discutant.

705

La grande mosquée de Damas commence à se construire. Six siècles plus tard, Ibn Battûta nous dira C'est la plus sublime mosquée du monde par sa pompe, la plus artistement construite, la plus admirable par sa beauté, sa grâce et sa perfection. On n'en connaît pas une semblable, et l'on n'en trouve pas une seconde qui puisse soutenir la comparaison avec elle. Certes. Ca n'a pas changé. Les arcades sont harmonieuses. Il y a toujours d'étranges mosaïques (représentant paysages et jardins, un thème plutôt inhabituel dans ce genre de lieu) sur certains murs. Dans la longue salle de prières, il y a le tombeau Saint Jean-Baptiste. Peut-être quelques chrétiens viennent-ils prier là eux aussi. Le soleil illumine les lieux et incite à rêvasser.
Autre avantage non négligeable à mon sens, c'est la bonne humeur et la simplicité qui y règne. C'est un lieu de prière, mais c'est aussi un lieu de vie, où les gens viennent discuter et où on voit des gamins courir partout. Les dalles de l'esplanade sont si lisses qu'y faire des glissades est le sport préféré des enfants du quartier. Il n'y a pas de partie de foot mais c'est tout juste. Je ne crois pas voir vu ça en Turquie ou en Egypte. Seule ombre au tableau, Mademoiselle a dû enfiler un niqab beige qui la couvre de la tête aux pieds et qui la transforme un peu en sac à patates. Mais bon...
Dans un coin cependant, il y a un endroit plus spécifiquement chiite. Un léger retour en arrière s'impose. Ainsi, le....

24 janvier 661

Le calife Ali est assassiné par des musulmans dissidents devant la mosquée de Koufa. Ce qui provoqua la scission chiites / sunnites. Les chiites aiment bien Ali mais aussi ses fils, Hussein et Hassan (s’il vous plait, prononcez les ‘h’, ils sont pas là pour la déco). D’ailleurs, la tête de Hussein est à Damas, dans la partie est de la grande mosquée. Enfin, j'ai pas bien compris car le crâne est aussi supposé être au Caire. Tandis que le reste du corps est à Nadjaf (Irak). Passons. Une salle (avec chauffage par le sol !) où les gens viennent se recueillir en silence. Caresser un bout de mur, nettoyer le reliquaire (avec un tissu vert), méditer, etc... Il s’agit donc d’un important lieu de pèlerinage pour les chiites. Y en a pas beaucoup en Syrie, ce sont surtout de iraniens qui font le déplacement. Et c'est vraiment pas pour rigoler. Ils vont aussi visiter la mosquée où serait enterrée Saida Zeynab, la fille d'Ali. Dans la banlieue sud de Damas. Au milieu d'un quartier chiites où sont venus s'installer de nombreux réfugiés irakiens. On se promène un peu en attendant la fin de la prière pendant laquelle il nous semble inopportun de débarquer. Dans les ruelles environnantes des vendeurs de bondieuseries, genre drapeaux verts où sont brodés les portraits d'Ali / Hussein / Hassan qui ont plus une dégaine de boys band que de sages religieux, disques de prières au rythme assez syncopé, limite martial... La mosquée en elle même est assez récente. Dôme en or et céramiques bleues partout. Là aussi plein de pèlerins iraniens, irakiens ou pakistanais. La ferveur est manifeste et l'émotion des visiteurs est grande. C'est limite gênant d'être là. On fait profil bas, on se pose dans un coin de l'esplanade et on observe les gens. Il y a ceux qui prient (et chantent) dans la structure centrale (où nous on a pas le droit d'entrer), il y a ceux qui font des tours en se frappant (gentiment) le torse, il y a ceux qui prennent en photos les tombes illustres, il y a les religieux à turban... Dans un coin, une cérémonie funéraire avec un cercueil qui navigue au-dessus de la foule.

Février 1957

Première édition de la coupe d’Afrique des Nations (c'est du foot). Et déjà, à l’époque, c’est l’Egypte qui gagne. Et en 2010, les Pharaons se sont de nouveau mis en tête de gagner. C'est ainsi que nous nous retrouvons dimanche soir dans un café à regarder la finale Egypte / Ghana. Tout expatland est là (ben oui, c'est un café où il y a de la bière). Et tout le monde est pour l'Egypte.
Quand (enfin) les égyptiens marquent, c'est la liesse générale et les gars qui s'occupent des shishas applaudissent avec leur pince à charbon. Les gens félicitent Emad et les jours qui suivront, le simple énoncé de sa nationalité lui vaudra des mabrouks chaleureux de la part des syriens.

12 août 1821

Inauguration de l’université de Buenos Aires. Dans cette université, un département histoire, dans ce département, une section archéologie, dans cette section un jeune professeur barbu qui prend en photo tout ce qu’il peut dans le jardin du musée national de Damas où sont dispersées diverses statues et mosaïques. Ce gars parle à 200 à l’heure, et avec son accent argentin à couper à la hache c’est pas toujours évident de suivre. Néanmoins, nous apprendrons que Messi n’est pas apprécié par les argentins qui préfèrent Maradona. Que les saoudiens ont financé une grosses mosquée à Buenos Aires avec pleins de Coran bilingues arabes / espagnol. Que prof d’archéologie moyen-orientale à la fac de Buenos Aires (et d’Entre Rios) n’est pas un job qui rapporte (on s’en serait douté…). Qu’il a plus appris l’arabe en un mois à Damas qu’en deux ans de cours en Argentine. Qu’il se souviens à peine de ses cours de français de quand il était petit (genre « Marie, a, un, petit, chat »). Bref, il est d’un enthousiasme débordant et semble réaliser un rêve de gosse en venant en Syrie pour faire le tour de tous les sites archéologiques du pays (et Dieu sait s’il y en a). Et il a bien raison d'avoir la patate car ce qu'on trouve ici est très intéressant. On ne va pas faire l'inventaire du musée car il y a trop de choses, mais outre le plus vieil alphabet du monde qui fait la fierté du lieu, on trouve une synagogue (déplacée et remontée depuis son désert natal) toute peinte telle une immense bande dessinée, un mausolée romain sculpté avec un luxe de détail, certaines peintures qui font dire à Mademoiselle que les japonais n'ont rien inventé, que le manga existait depuis longtemps, et puis à l'entrée du musée, une statue de Mari (plus de 4000 ans donc), nain de jardin géant tout sourire aux yeux exorbités tel un junky béat des temps antiques.

10 décembre 1896

Ce jour là, Alfred Nobel meurt. Et depuis, chaque 10 décembre on décerne des prix aux bienfaiteurs de l'Humanité. Quelqu'un à Damas mérite un prix. Si ce n'est pas celui de la paix, ce sera celui des "idées simples mais géniales qu'étaient pas gagnées d'avance mais que ça a marché quand même et c'est la classe". Dans la vieille ville, dans les entrelacs de ruelles étroites et encombrées, circulent beaucoup de mobylettes. Oui, mais des mobylettes électriques ! Et c'est dingue de constater à quel point ça change tout. Le silence...

106 après JC

La ville de Bosra devient la capitale de la province romaine d’Arabie créée par Trajan. Deux milles ans plus tard, Bosra est un petit bled pas loin de la frontière jordanienne que tout le monde aurait ignoré s'il n'y avait pas des ruines de l'Empire. Notamment un théâtre. Le théâtre de Bosra est, comme disent ceux qui veulent faire plus jeunes qu’ils ne le sont, un truc de ouf. Voire même un truc de guedin. Mais vraiment. Un des mieux conservé du monde. Immense. Les guides touristiques ne sont même pas d'accord sur sa capacité. 6000 places, peut être 10000. Tout est là, les sièges, les escaliers, les colonnes, la scène et son acoustique au top, les couloirs labyrinthiques... S'il a si bien tenu le coup c'est peut être aussi car le bâtiment à été reconverti en citadelle. Donc des murs renforcés, encore plus de coursives, des remparts, des douves... Bref, c'est du solide et on peut parier que dans 2000 ans il aura pas bougé d'un poil.
Ce qu'il y a de bien dans cet édifice c'est qu'avant d'arriver au théâtre il faut se perdre dans les couloirs sombres et gigantesques, tourner en rond, monter, descendre, et puis, au détour d'une allée, paf, le théâtre se dévoile, niché entre de hauts murs, sa présence en serait presque incongrue. Là comme au Krak, le bâtiment semble plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur. On s'assoit en haut des gradins et on essaie de motiver les autres touristes qui passent sur la scène pour qu'ils nous fassent un petit numéro de chant ou autre, histoire de tester l'acoustique. Peine perdue, on a beau applaudir, quand ils entrent en scène, rien ne se passe, les gens n'osent pas, ou ne comprennent pas. Tant pis.
On croise quand même un vieil américain bavard qui se vante d'avoir mis un pied tous les pays du monde. Même la Corée du Nord. C'est son boulot : guide pour touristes. Encore un gars qui a beaucoup à raconter. En vrac : en Arabie Saoudite les gens conduisent hyper mal ; son oncle chez qui il était envoyé tous les étés quand il était petit était un russe en exil qui faisait chauffeur de taxi à Asnières (c'est donc pour ça qu'il parle français et connaît Paris comme sa poche) ; c'est la quatrième fois qu'il vient à Bosra en trente ans ; c'est le seul résident de l'hôtel (de luxe) du village, etc... Sympa.
A part la citadelle-théâtre, il y a les restes de la vieille ville. Au milieu du village, entre les maisons et les troupeaux de moutons, des allées de colonnes, des restes de cathédrales ou de thermes. Ici les ruines ont encore une utilité, ne serait-ce que pour les gamins qui grimpent sur les remparts ou jouent au foot contre les vieilles bâtisses à moitié écroulées.

1862

A Chicago, George Pullman crée la Pullman Palace Car Company et par abus de langage, dans tout un tas de pays les moyens de transport longue distance ont pris le nom de Pullman dans le langage courant. En Syrie aussi. Les gros bus on appelle ça des Pullman. Les mini bus on appelle ça des Services. Me demandez pas pourquoi. Parce que ça rend vachement service ? C'est vrai que c'est pratique et pas cher. Jamais vu un pays où les transports sont si peu chers. A force de les fréquenter, on a pu y constater certains usages concernant la répartition des passagers. Donc le Service est un van d'une douzaine de places. On ne met pas une femme à côté d'un homme inconnu. En cas de couples, la femme se met au fond de la banquette et le mari côté couloir, jamais l'inverse. Les personnes âgées ont bien sûr droit à des places plus confortables. A côté du chauffeur ne sont tolérables que les vrais gars du coin. Ce qui fait qu'à chaque nouveau passager il faut parfois jouer aux chaises musicales pour respecter la bienséance. J'avoue qu'au début je faisais pas gaffe et que Mademoiselle se retrouvait parfois à côté d'autres hommes que moi ! A la longue on prend le pli local.
Les bus urbains de Damas, eux, n'ont, à ma connaissance, aucun surnom. Par contre, sachez que le bus numéro 13 passe devant chez Emad dès 6h15, quand les rues sont encore désertes et qu'il commence à neiger (oui, vous avez bien lu). Et qu'il va en direction de la gare. Car il y a quelques lignes de trains. Les esprits attentifs seront allés visiter la gare du centre ville toute en plafond sculpté, couloirs à l'ambiance feutrée. Mais aujourd’hui elle n'est plus utilisée et pour prendre le train il faut aller un peu plus loin. On a pris le train vers Alep. Jeu : comment repérer une égyptienne dans un train syrien ? Fastoche : c'est la seule qui se marre en regardant le vieux films égyptiens qui passent (oui, dans les trains syriens, c'est comme dans les avions, y a des télés au milieu qui passent des films).

7 décembre 1888

John Boyd Dunlop dépose le brevet de ce qui deviendra le pneu. Bien plus tard, à Alep, les hôtels pas chers conseillés par le Guide du Routard sont dans le souk des pneus. C'est pas d'un glamour absolu mais c'est près de la vieille ville et c'est tranquille. Et c'est reposant car personne dans la rue n'essaiera de vous vendre quoi que ce soit. C'est vrai qu'à Alep plus qu'ailleurs on est des touristes. Je veux dire : à Damas par exemple, quand on se ballade dans la rue on est des passants comme les autres. A Alep, on est un peu des touristes à qui on peut éventuellement vendre quelque chose. Bon, c'est très discret hein, on est pas harcelé non plus. Mais ça fait bizarre. Bref, les hôtels à Alep. Un peu conservateurs tout de même. Car Mademoiselle est quand même arabe et si elle est pas mariée, il n'est pas permis qu'elle dorme avec un homme. Le premier hôtel qu'on croise n'est pas très chaud pour nous donner une chambre. Il nous conseille d'aller chez son collègue d'en face. Après un tout petit peu de discussion, celui-ci accepte mais tient à préciser que si on nous pose des questions, moi je suis censé dormir dans le dortoir des mecs.

Vers 459

Saint Siméon (dit le stylite) meurt après avoir vécu pendant 40 ans de manière quelque peu ascétique au sommet de sa colonne dans les collines du nord d’Alep. Forcément, après un tel exploit, les gens se sont sentis un peu obligé de construire une énorme basilique autour de la colonne. Pour y aller, prendre un mini bus jusqu'à Daret Azzeh. Et continuer à pied sur cinq kilomètres ou se faire prendre en stop par un kurde qui est d'humeur bavarde. Il vous lâchera devant la seule colline couverte de cyprès. C'est là.
Nous voici face à des ruines. Il ne reste que des pans de murs, plein d'arcades, quelques remparts... Comme toujours en Syrie, le temps semble ne pas avoir les mêmes effets dévastateurs qu'ailleurs dans le monde et ces bâtiments de 1500 ans ont l'air en pleine forme. OK, il en manque des morceaux, c'est parfois un peu une pagaille de colonne écroulées, l'herbe envahi tout, mais bon, ces énormes blocs de pierres semblent là chez elles, immuables, et à jamais. Assez impressionnant mine de rien. Et puis l'emplacement est sympathique. Un peu en surplomb, quelques arbres, la plaine austère autour et les montagnes turques enneigées au loin. Alors qu'ici le ciel est d'un bleu bien bleu. Et nous arrivons assez tôt pour éviter les autocars de touristes (qui ne doivent pas être légion mais sait-on jamais...).
Pour encourager les gens à pousser un peu plus leur visite du coin, un organisme suisse a balisé un chemin de randonnée qui travers quelques villages antiques abandonnés (j’imagine bien un suisse demander au Département Fédéral des Affaires Etrangères une subvention pour baliser des randos dans la campagne syrienne). On a donc décidé d'en faire un bout, jusqu'à un gros bourg où il sera plus facile de récupérer un mini bus pour Alep. Disons une dizaine de kilomètres. Quand on raconte ça au jeune canadien qui visite aussi l'église en ruine, il nous souhaite bien du courage et parait tout à coup content d'avoir payé pour un taxi perso depuis Alep. Encore un qui a un programme chargé. Genre le lendemain, d'Alep, il va à Apamée, puis au Krak des chevaliers et retour vers Damas. Ca fait pas mal de route ça quand même non ? Non, ben non, au Canada, les distances on est habitué, la Syrie c'est rien à côté. Certes. Bref. Après un modeste déjeuner à base d'amandes / noix de cajou / abricots secs à l'ombre des oliviers, nous entamons la route. En traversant un village on voit sur une paroi rocheuse quelques sculptures romaines. Comme ça, l'air de rien au bord de la route. Comme des tags millénaires auxquels plus personne ne prête attention. Très vite le chemin est assez ardu. En fait, parler de chemin est peut être un peu exagéré. Il s'agit surtout de grimper la montagne dans la caillasse. On ne croise bien évidemment personne à part quelques vaches perdues en train de grignoter les maigres touffes d'herbe.
Nous arrivons finalement au sommet, bien moins intéressant que la montée. Genre une antenne de télé, quelques pelleteuses qui pellettent. Et puis une petite route qui emmène les familles du coin prendre le thé ou en pique nique dans la verdure, loin de l'agitation de la ville. C'est vendredi, c'est congé pour tout le monde. Des bosquets d'orangers s'échappent des discussions et des bruits de cavalcades de gamins.

1979

Un projet d'autoroute entre Alep et Lattaquié existe depuis 1979. Autoroute qui aurait du être achevée en 1985. En 2010, elle n'est toujours pas terminée, ce qui oblige le gros du trafic entre ces deux villes à passer par Homs. Ce qui fait un sacré détour. Donc là on peut se poser la question : c'est parce qu'ils sont mauvais en travaux publics ou par volonté politique d'isoler les uns (Alep (parce qu'il y a des kurdes ?) et Lattaquié (parce qu'il y a des alaouites ?)) au profit des autres (Damas et Homs) ? Bon, soyons honnêtes, les travaux avancent. Et même, parfois, une voiture file sur l'asphalte désert de l'autoroute fantôme. Bref, tout ça pour dire que pour l'instant la route entre Alep et Lattaquié et pas très grosse, qu'elle traverse quelques menues montagnes, avec plein de virages, et qu'en bus, ça rend Mademoiselle malade.
Ca, c'est de la bonne journée galère. Levé à 4h30 du mat pour prendre le train, or va savoir pourquoi le train était bien plein, donc direction la gare routière et attente dans le froid (car, qu'on se le dise, à Alep au mois de février à 6 heures du mat', il fait un froid de gueux), puis bus dans la montagne.
Autant dire qu'une fois à Lattaquié, Mademoiselle n'en menait pas large. Bon, pas de panique, on se trouve un parc, on achète des trucs à grignoter, bref, on se pose gentiment et on récupère.

Janvier 1188

Saladin continue d’aligner les succès militaires et s’empare du château qui portera son nom (entre autres nombreuses choses qui porteront son nom). Soyons honnête, c'est un bel exploit. Résumons : la citadelle est posée sur un éperon rocheux avec une falaise au sud, une falaise au nord, du vide à l'ouest et à l'est comme c'était un peu trop accessible, un fossé d'une vingtaine de mètres a été creusé à même la roche sur toute la longueur du bâtiment. Comme un cañon (difficile d'imaginer que ce truc n'est pas naturel). Et bien sûr des remparts partout et des tours bien massives bourrées de meurtrières et autres trucs pour massacrer les assaillants. Hélas, son point faible c'est que c'est trop grand. Cinq hectares c'est beaucoup pour un château et Saladin a fini par trouver un coin où la pente n'était que de 200% pour attaquer.
Bref...
De nos jours il ne reste plus grand chose en état. A part la tour centrale. Imposante. C'est pas de l'architecture arabe hein, c'est carré, massif, lourd, c'est du solide. Ca peut faire penser à La Tour de Schuitten. Sinon, le reste c'est un peu comme la citadelle d'Alep, un terrain de jeux un peu déglingué et bouffé par les herbes folles. Il y a aussi, cachée dans un recoin, un citerne immense (et on se demande bien comment les gens se débrouillaient pour la remplir) avec un écho exceptionnel. Du genre à passer une éternité à crier, chanter, parler, imaginer les concerts qu'on pourrait y faire ou les films d'actions qu'on pourrait y tourner.
Il fait beau, on est un peu claqué, c'est donc l'heure de la sieste au soleil sur un bout de rempart. C'est sûr que dans ces conditions il faut pas s'étonner de mettre trois plus de temps à visiter les sites que les autres touristes. Et encore une fois, on fait la fermeture. Vraiment : le gardien ferme la lourde porte du château derrière nous.

Un des grands charmes de ce site, c'est son environnement. Dans la colline. Il y a bien un village dans un peu plus loin mais il reste à distance et n'interfère pas dans le paysage. Pas de grosse route, la voie menant au château est tellement pentues que pas grand monde ne s'y risque et je pense que les autocars de tourisme ne peuvent arriver jusque là. Et comme la mer n'est pas loin, le climat est clément. Ne restent donc que le silence et les collines couvertes de pins, d'oliviers ou d'orangers. En contrebas, un ruisseau à l'onde pure. La classe quoi.
Dans ces conditions, il est difficile de résister à l'envie de faire une balade. Le lendemain, malgré le timing serré, on se lève tôt et nous errons entre les vallées minuscules (mais encaissées), les forêts, quelques champs, les troupeaux de moutons au loin, la citadelle en ligne de mire. On improvise et pourtant on arrive à faire une boucle. On ne croise personne. Il fait beau. Génial.

12 avril 1271

C'est au tour du Krak des Chevaliers de changer de mains, cette fois par Baybars, sultan mamelouk qui avait de la suite dans les idées. Malgré son nom ridicule, ce château est le site le plus fameux du pays. Au passage, krak dérive du syriaque et signifie forteresse. Oui, en arabe ça ressemble aussi. قلعة. Par rapport à la citadelle d'Alep, ou le château de Saladin, le Krak possède un avantage indéniable : sa troisième dimension. Quand les autres sont à moitié en ruine, celui-ci est comme neuf ou presque. Il ne reste pas que les murailles mais aussi les plafonds. Et les étages au dessus des plafonds. Nous sommes donc face à un immense labyrinthe en 3D, bien plus grand à l'intérieur qu'il ne semble vu de l'extérieur. Plusieurs lignes de remparts imprenables (avec douves). Des tours par paquets de douze. Un nombre invraisemblable de salles toutes plus vastes et massives les unes que les autres. Tout ça relié par des couloirs dans tous les sens. Le tout sur deux, trois, quatre, voire cinq étages. Et au milieu, pour casser un peu le côté monolithique de la construction, quelques pièces avec ogives et arcades donnant sur la cour intérieure. A moins d'y passer la journée et d'opérer de manière très rigoureuse, il est humainement impossible de passer par toutes les pièces de l'édifice. Bref, un casse-tête architectural et un château pour fous. La prochaine fois qu'on y va, il faudra penser à prendre une lampe de poche afin d'explorer quelques escaliers qui descendaient vers des abîmes mystérieux...

21 décembre, tous les ans

Dans l’hémisphère nord, c’est le début de l’hiver. Il fait froid et les touristes se font rares. Au Krak, comme pour Saladin, nous trouvons un hôtel avec vue sur le château. Comme pour Saladin, l'hôtel est en rénovation et est vide. Comme pour Saladin, la nuit ça caille et on doit aller récupérer des couvertures supplémentaires.

20 mars 2003

Enième guerre en Irak. Et qui dit guerre dit réfugiés. Y a ceux qui veulent aller en Suède, ça c'est Emad qui s'en occupe. Et y a les autres qui, faute d'autres solutions, restent en Syrie. Par exemple, le serveur du mat3m proche du château de Saladin. On est les seuls clients dont il en profite pour discuter (entre autre de la guerre et de l'éternelle question avec laquelle on gonfle tout le monde : la répartition chiites / sunnites dans les pays de la région). Enfin, discuter avec Mademoiselle, parce que moi je comprends pas grand chose. Disons que je me concentre sur la bouffe. Et c'est vrai que dans ce pays on mange bien. Je vais être tatillon et dire que la Turquie est quand même la plus forte. Mais la Syrie se débrouille bien. Même si, à force, les purées d'aubergine et les grillades c'est un peu répétitif. A Alep, on avait fait un resto sympa où on allait directement à la cuisine choisir ce qu'on voulait.

16 novembre 1945

Création de l'Unesco. En Syrie, sont classés à l'Unesco : Bosra, les châteaux du Krak et de Saladin, Palmyre, et les vielles villes de Damas et Alep dont on n'a pas parlé jusqu'ici.
La vieille ville de Damas est très sympa. On pourrait y errer pendant des heures. Et c'est un peu ce qu'on a fait même si au final on n'a pas visité grand chose. Juste la mosquée. Mais c'est un quartier essentiellement piéton et c'est agréable d'y marcher. On y trouve des restes d'à peu près toutes les époques depuis les romains et de toutes les tendances (avec un quartier chrétien en prime). Le souk, avec ses rues couvertes, est sympa même s'il est un peu trop propre et trop ordonné. N'empêche que les vrais gens semblent faire leurs achats ici donc on peut pas vraiment accuser le coin d'être un attrape touriste (enfin... pas uniquement). Sinon, en fouinant, ou si on est avec quelqu'un qui connait, on peut trouver, au détour d'une ruelle qui ne paie pas de mine des maisons très belles. Depuis la rue on ne voit rien de spécial, un bête mur, mais une fois à l'intérieur, on trouve un patio, décorations ottomanes, une fontaine qui glougloute, et avec un peu de chance des arbres fruitiers. Un havre de paix. Emad nous a trouvé un chouette resto dans l'une de ces maisons. Et, comment dire... c'est le bonheur...
La vielle ville d'Alep, c'est un peu pareil. On y a moins traîné. Juste le temps d'aller faire un tour à la citadelle qui surplombe la ville. Etrange site. Au milieu de la ville un haut promontoire surplombe les alentours. Autour, on peut supposer qu'il y avait des douves, ou en tout cas un glacis qui ne donne pas beaucoup de chances aux assaillants. On y accède par un pont qui franchi une imposante entrée fortifiée. L'intérieur, là encore est un dédale de ruines où l'on aime à se perdre. Un mini théâtre, des thermes, des fortifications bien évidement... Contrairement aux autres sites archéologiques qu'on a fait, là, il y a du monde. Beaucoup de syriens en fait. Peut être est-ce une sortie traditionnelle des familles d'Alep. En rentrant à l'hôtel, on a quand même pris le temps de traîner un peu dans les petites rues (où l'on a croisé des moutons) et dans le souk (où l'on a acheté des amandes). Perso, le souk, je préfère celui de Damas. Et, euh... en fait je préfère celui d'Istanbul.

10 juillet 2000

Bachar el-Assad renonce définitivement à ses ambitions d’ophtalmologue pour devenir président de la Syrie. Ainsi donc la Syrie est une bonne dictature à l’ancienne avec des vrais morceaux de militaires dedans. La meilleure façon de s’en convaincre est tout simplement de se balader dans les rues. Partout, des posters du big boss. Dans les magasins, les voitures, sur les façades d’immeubles, de ça de là, des portraits divers. Il y a plusieurs versions. Celle protectrice avec un beau sourire et un regard bienveillant. Celle familiale avec papa Hafez et/ou les amis de la famille (Hezbollah ou Iran). Celle martiale avec treillis et ray ban de tueur à gage. Y a le choix et y en a partout. A croire que le peuple l’aime. D’ailleurs il parait que les syriens n’osent pas dire du mal de leur cher leader. Ils disent « monsieur le président ».
Allez, pour la route, une petite blague que tout le monde connaît mais que personne ne raconte. Alors c’est les services secrets syriens qui veulent espionner Israël (qui d’autre ?). Il choisissent un gamin qu’ils vont entraîner, des années durant, à être un vrai israélien, à tout connaître du judaïsme, à pouvoir se fondre parfaitement dans la population du voisin honni. Une fois la gamin devenu adulte et jugeant que l’entraînement a été satisfaisant, il est envoyé en Israël où il décide, afin d’être en contact direct avec a population, d’être chauffeur de taxi. Une heure après, il est arrêté par la police israélienne. Il avait mis dans son taxi un portrait de Bachar el-Assad.
Je vous jure qu’après quelques jours passés en Syrie cette blague est très drôle.

14 février 2010

De retour à Paris. Il fait froid. Les corbeaux ne s’envolent pas et leurs stridulations retentissent comme les cris d'âmes rejetées du monde d'en-bas par on ne sait quel accroc dans la trame des choses. (oui, je lisais Méridien de sang dans l'avion...)

samedi 4 juillet 2009

Contexte

: Ecosse
Quand : du 04 au 14 juillet 2009
Avec qui : Mademoiselle

Etapes :
- Glasgow
- Fort Williams



Glesca Day

A peine débarqué au centre ville de Glasgow (prononcez "glesca"), voilà-t-y pas qu'une foule défile gaiement portant oriflammes et faisant sonner allègrement leurs instruments de musique. Mademoiselle s'enquiert donc de tout ce bazar auprès d'une bande de punks, souriants, oui, car à Glesca, tout le monde sourit, on se demande bien pourquoi d'ailleurs, pauvres petits sudistes que nous sommes, si sensibles à la météo. C'est vrai que quand on débarque de l'avion, avec une météo grise, une première vision de la ville qui donne un peu l'impression d'une zone post industrielle. Le fait qu'une autoroute passe à deux pas du centre ville n'arrange pas les choses. Pourtant, en y regardant de plus près, la ville devient plus sympathique. Difficile de dire à quoi ça tient. Peut-être ça justement, des gens souriants. Bref, nos punks nous parlent de trucs oranges et que, en gros, c'est naze. Bon... Comme par hasard, la solution viendra quelques heures plus tard lors de la lecture vespérale du Lonely Planet à propos d'un truc qu'il vaut mieux éviter pour cause de castagnes potentielles : les défilés orangistes. Ah oui, donc des orangistes comme en Irlande du nord Je ne savais pas qu'il y en avait ici aussi ? Bref, on comprend mieux nos amis punks. Et ça nous rappelle qu’il faut toujours se méfier des gens qui défilent dans la rue avec des drapeaux.
A part ça et comme de coutume, la visite de la ville commence par un quadrillage systématique des jardins publics alentour. Ca tombe bien car nous logeons dans une résidence étudiante près de la fac qui se trouve aux abords d'un sympathique jardin, sans compter le jardin botanique un peu plus loin où, l'été aidant, des pièces de théâtres sont jouées dans l'herbe (humide). Tout va bien donc, sauf le resto indien où même si le serveur assure que ce sera tout gentil, ça arrache quand même.
Voilà. Et comme au fond nous sommes des feignasses et qu'on est en vacances, et bien, nous décidons de rester le lendemain sur place alors que nous avions prévu d'enchaîner direct.

Nap Day

Le lendemain donc, visite du Kelvingrove Museum, curieux musée où l’on trouve de tout plus ou moins dans le désordre. Un ours empaillé, une momie égyptienne (ça crispe Mademoiselle), des cailloux viking, du mobilier art déco, des tableaux impressionnistes locaux, bref, de tout. Pas sûr que l’on y apprenne grand-chose mais parfois, quand il s’agit de thèmes locaux, c’est tout de suite plus intéressant. Et comme souvent dans les musées britanniques, plein de trucs ludiques pour les gamins. On y reste un bon moment, puis, toute cette culture nous ayant épuisés, on part faire la sieste dans le parc juste à côté. Il fait beau, l’herbe est tendre. C’est dimanche, les familles viennent pique-niquer, faire du vélo, du freesbee, ou tout simplement, comme nous, faire une bonne sieste dans la verdure.
On feuillète le Lonely Planet pour une remise à niveau de l’histoire locale. Un gars au boulot m’apprendra par la suite que pendant longtemps, les liens entre la France et l’Ecosse étaient tellement forts que la double nationalité était automatique pour qui en faisait la demande. Tout ça pour emmerder les anglais.
Et puis nous partons en balade le long de la Clyde, le fleuve qui traverse la ville. Parait-il que c’est une zone en voie de réhabilitation après un long moment d’oubli. Bon, il a encore des progrès à faire. Il y a encore les traces de l’industrie ancienne, les voies express, ce n’est pas très vivant ni très convivial, bref, pas enthousiasmant, mais comme il fit beau, ça ira bien. De là on arrive au centre ville et on traîne vaguement à la recherche d’un théâtre de marionnettes qui au final sera fermé (et peut être même à l’abandon). Il se fait tard, même plus le temps pour aller à la galerie d’art moderne. Ce sera donc une pizza dans une rue piétonne, et on rentre vers notre résidence étudiante où il est maintenant temps de faire nos sacs, car demain, nous allons vers le nord, nous allons marcher.

Training Day

Là il faut saluer le génie de Mademoiselle. L’idée de départ était de se faire la West Highland Way soit un chemin de randonnée, fort prisé des marcheurs aussi bien écossais qu’étrangers, allant de Glasgow à Fort William, soit 150 kilomètres à travers la lande et les collines. Jusqu’au Ben Nevis, le plus haut sommet des îles britanniques (1344 mètres, on ne rigole pas). Tout ça c’est très bien, mais je le répète, nous sommes des feignasses et on est en vacances, et surtout on se trimballe des gros sacs avec tente et tout le tintouin. Donc l’idée de Mademoiselle de sous traiter la moitié du trajet à un moyen de transport plus moderne finit par s’imposer. Après tout, ça sert à rien de se crever et parait-il que le début du trajet est moins sympa. Et donc, c’est parti vers Tyndrum (prononcer Tyndrum, incroyable mais vrai, la guichetière de la Queen Street Station a compris tout de suite ce que je lui ai demandé) à mi-chemin de la WHW. En train. Et y a pas à dire, les voyages en train sont beaucoup plus sympathiques que les voyages en bus. Petit train tranquille, une seule voie perdue au milieu de la cambrousse. Mieux vaut ne pas évaluer sa vitesse (mais je l’ai quand même fait : en gros pareil que le Uyuni-Oruro, si, si c’est possible) mais au fond on s’en fout, on n’est vraiment pas pressés et regarder le paysage à travers les vitres, surtout si on va lentement, est une activité qui me sieds tout à fait.
Un paysage que l’on va qualifier tout simplement d’écossais. Certes, ce n’est pas bien original mais qu’on en juge. Un ciel gris couvrant un peu ostensiblement un paysage fait de collines parfois rases et désolées, parfois couvertes de forêts, sur lesquelles de temps à autres quelques moutons épars broutent négligeant un bout de leurs innombrables hectares personnels colorés par toutes les teintes de vert imaginables. Le tout bien sûr parsemé de quelques lacs aux eaux sombres. Ecossais, quoi.
Bref, Tyndrum. Peu d’habitants. Tous, ou presque, vivant de l’activité de la WHW. Car, et c’est à noter, c’est le dernier point de ravitaillement avant le prochain vrai village à une cinquantaine de kilomètres. A peine nous voilà arrivés que le dieu de la pluie nous en veut et commence à faire dégorger les nébulosités locales. Par contre, le dieu du logement nous aide un peu en nous mettant à disposition une mini cabane (au sec donc). Le dieu de la connerie quant à lui contre-attaque méchamment en nous fourrant dans le crâne l’envie d’aller balader dans la montagne malgré la flotte qui tombe. On a beau avoir cirés, ponchos et parapluie, quand le pantalon est trempé et que la pneumonie approche le charme s’envole et on rentre fissa se réchauffer à la cafétéria locale. Il fait chaud, les frites sont grasses, bref, c’est parfait. Et bien entendu, c’est à ce moment là que la pluie cesse. Et voilà, l’après midi se déroule tranquillement, entre lecture sur le perron de la cabane, ravitaillement à l’épicerie, entraînement de karaté sur la pelouse du camping. Tout va, bien. C’est le calme avant…

Into-the-Wild Day

Non, pas la tempête. Juste le début de la rando. Le début n'est pas si génial que ça, puisque, plus ou moins, on longe la route. De loin, certes, mais quand même. Bof... Disons que c'est la mise en jambe. Ambiance bucolique néanmoins. Des fermes, des vaches chevelues au point d'avoir les yeux cachés sous de grosses mèches blondes, des ponts en pierre. Et au loin, le train qui fait des tours et des détours entre les plis des collines environnantes. Au bout d'une dizaine de kilomètres, petite pause déjeuner au bord de l'eau et premier débriefing de la situation. Etant à l'origine de cette idée saugrenue d'aller arpenter la campagne écossaise sans avoir beaucoup impliqué Mademoiselle (qui d'ailleurs ne voulait pas être impliquée) dans la préparation de ce voyage (de toute façon décidé une semaine à l'avance), je lui demande régulièrement (à peu près toutes les 4 minutes) si tout va bien et si ça lui va de crapahuter ainsi. J'en profite aussi pour valoriser au maximum les points positifs ("un mouton !", "une forêt !", "du soleil !", etc...). Je me DOIS d'être enthousiaste. Mais bon, c'est une jeune fille endurante et stoïque donc tout ça lui va. Ouf.
Vu qu'il est encore tôt, on décide de poursuivre quelques menus kilomètres. Et, enfin, on quitte la route. Petite grimpette sur une colline, avec au sommet la vue sur un loch et sur des vallées qui scintillent grâce aux rayons de soleil sur l'herbe mouillée par la bruine. Et ainsi jusqu'à Inveroran, un endroit que la carte avait un peu ambitieusement nommé un village. Car en y regardant bien, à part un hôtel et une ou deux petites baraques, il n'y a rien. Le terrain de camping est un peu plus loin, au bord d'un petit cours d'eau. Enfin, camping, c'est aller un peu vite en besogne. Il s'agit plutôt d'un terrain où il est permit de camper. Car le camping sauvage s'il semble toléré est plutôt découragé par les guides. De toute façon, la plupart des terrains sont clôturés (because moutons) ou trempés & marécageux (because Ecosse). Bref. On fait comme tout le monde et on campe là.
La première journée, si elle est sympathique n'est pas totalement convaincante. Le chemin n'est pas si enchanteur, les sacs sont lourds et la météo menace constamment. Ca nous décourage pas pour autant car, par une habile astuce marketing, cette West Highland Way est connue pour être de mieux en mieux au fur et à mesure qu'on avance, le meilleur étant pour la fin.
Avant de se coucher, dernière petite promenade dans les environs où nous croisons un cerf qui se ballade tranquillement. On tente aussi de remplir une gourde directement dans la rivière. Oui, c'est ce qu'on appelle l'eau courante ici.

Beautiful Day

C'est reparti. Un écossais en kilt qui comme nous marche sur ce sentier est fort content et nous affirme qu'aujourd'hui, c'est un beautiful day. Parce qu'il y a un bout de ciel bleu au loin. Encouragés par cette humeur, nous marchons d’un bon pas. Le sentier est pour le coup bien loin des voitures et nous longeons une ancienne route militaire plus ou moins pavée. Là, on constate que le chemin est très fréquenté par toutes sortes de marcheurs. La plupart avec de gros sacs à dos. Tous dans le même sens. Nord-Sud. Et donc, fatalement, on finit par croiser régulièrement les mêmes personnes. Deux djeunz frenchies par exemples qui étaient déjà à Tyndrum. Ils marchent vite. Donc ils nous dépassent. Mais ils font beaucoup de pauses (ils ont des sacs fort volumineux). Donc on les rattrape. Et ainsi de suite toute la journée.
Il n’est pas aisé de raconter une journée de marche. Y a qu’à voir les textes du Népal et de la Bolivie pour s’en convaincre, les journées de pure rando sont toujours traitées en vitesse. Tout simplement parce que quand on marche, on marche et qu’il ne se passe pas grand-chose d’autre. A part peut-être dans la tête, mais, après coup, il n’en reste rien. C’est d’ailleurs étonnant de constater à quel point il ne reste rien. Si, à un moment, après je ne sais quel cheminement tortueux, je me suis imaginé en tennisman dans une conférence de presse d’après match à Roland Garros, après avoir battu Kuerten alors qu’il participait à son dernier tournoi à Paris. Tâche difficile car je devais exprimer mon admiration sincère pour le joueur, mais aussi limite m’excuser de l’avoir battu devant un public parisien auprès duquel il était très populaire. Et bien sûr dire que j’étais quand même content d’accéder au tour suivant. Bref, pas facile facile. A part ça, les pensées s’évaporent aussi vite qu’elles apparaissent. Parfois, une chanson ou une mélodie tourne en boucle. Cela peut devenir très crispant car j’ai l’impression qu’il est plus difficile de s’en débarrasser qu’en temps normal. Ce doit être l’effort qui fait ça. Et puis aussi, régulièrement, il y a des problématiques linguistiques qui surgissent. Va savoir pourquoi. Comme ça. Par exemple, ce jour là, le Guadalquivir. Fleuve espagnol qui ne sonne pas du tout castillan. Dérive-t-il de l'arabe ? de oued el-kebir (la grande vallée) ?
Le day n’est finalement pas si beautiful que ça et le temps se couvre. Un peu de bruine de temps à autre. C’est assez marrant en fait le coup de la pluie car on la voit venir et même on peut prévoir son arrivée à la seconde près. Sans rire. Les nuages sont tellement bas qu’on peut voir ceux qui donnent de la pluie. Et on voit le front de bruine qui s’approche, petit à petit…
Comme la veille, le camping n’est qu’un terrain derrière un hôtel. Pas comme la veille, ce coup-ci, un mini pub est à portée de main pour les marcheurs fatigués. L’endroit idéal pour se manger une bonne soupe chaude alors que la pluie tombe à l’extérieur. On y croise beaucoup de monde. Les vieux écossais qui grimpent à toute vitesse sur les sommets du coin. Les jeunes qui se baladent gentiment. Et les marcheurs internationaux qui arrivent exténués & trempés.
Bien évidemment, toute la clientèle féminine qui passe par là va directement au toilettes. Car, oui, c'est un souci qui faut rappeler. Marcher le long de la WHW dans ces conditions implique l’absence de vrais campings donc de vraies facilities. On pourrait aller pisser derrière un arbre me diriez-vous. Oui mais non car des arbres, dans le coin, il n’y en a pas des masses. Derrière une colline ? C’est tout marécageux et bourré de moustiques. Bref, rien, pour se cacher. Pour ne rien arranger, ce sont des sentiers forts fréquentés. Difficile donc d'être tranquille 5 minutes. Ainsi, les filles sont malheureuses. Et vont aux toilettes avant de commander leur pinte de bière. Les mecs font l’inverse.

Gorgeous Day

La journée démarre fort avec une bonne pluie arrivant de face alors que nous sommes sur un sentier à flanc de colline. Youpi. Malgré tout nous restons vaillants. Une sorte d’habitude s’est installée. Mi-résignés, mi-endurcis. Et puis, l’espoir fait vivre n’est-ce pas ? Et l’espoir a bien raison car finalement, ça se calme assez vite. Le sourire revient. Et au passage, je me dis que l’Ecosse c’est bien, c’est isolé de tout, la preuve, on voit même pas de traces d’avion dans le ciel. Cinq secondes de réflexion me font prendre conscience de l’absurdité de cette remarque car comme chacun sait, les avions volent au-dessus des nuages.
Allez, hop, on grimpe la colline. Les frenchies ont triché je ne sais comment car ils passent devant nous aujourd'hui sans leurs sacs. Petit à petit le temps se découvre et forcément le paysage devient de plus en plus beau. Dommage qu’il y ait tant de monde. On est passé à proximité de la route et nous retrouvons tous les marcheurs du dimanche. Heureusement, comme nous y allons tranquille, le gros des troupes est devant nous. On recroise le vieil écossais en kilt de la veille, qui nous dit qu’aujourd’hui, franchement les gars, c’est un gorgeous day. Plein de soleil en effet désormais. L’occasion de se faire plein de petites pauses. Après tout c’est pas trop la peine de se presser, le camping n’est plus très loin. Oui, vous avez bien entendu : un camping. Un vrai camping. Avec une douche. Et ça, ça sera pas du luxe.

Le soir, repas au pub du coin. Pour fêter le retour à de la nourriture correcte, je me lance dans les expérimentations locales et choisit, un peu au hasard, quelque chose qui, sur le papier, a l'air à la fois exotique, compliqué, un en mot, terriblement "écossais". Bon en fait, c'est un genre de boeuf bourguignon. Sans surprise. Mais c'est délicieux.
Ce soir là, on fait face à un autre mythe classique écossais, les moustiques, appelés affectueusement midges.
Minuscules. Silencieux. Innombrables. Au point que l'industrie touristique locale vend des filet genre apiculteur pour se couvrir la tête. Ambiance... Bref, ce sont des putains de sales bêtes. Comme on l'a déjà dit (cf. Sénégal), Mademoiselle est, pour une raison mystérieuse, un anti-moustique naturel. Elle attire tout et détourne les prédateurs des autres proies potentielles (moi en l'occurrence). C'est très pratique.
A ce propos, la question linguistique du jour sera : midges (qui, je le rappelle, sont de putains de sales bêtes) a-t-il un rapport avec midget (nain, mais apparemment (cf. le film In Bruges), ce n'est pas très politically correct et il vaut mieux dire dwarf (ce qui à mon sens n'est pas tellement mieux, ça me fait trop penser au seigneur des anneaux, mais bon, je dis ça mais je dis rien)) ? Etant donnée la taille desdites sales bêtes, ça parait crédible. Ou alors l'inverse ?

No-word-can-describe Day

C'est la dernière étape et manque de bol, c'est la plus longue. Mais c'est la plus jolie aussi. Surtout qu'il fait un temps superbe. Le vieil écossais en kilt n'est pas là pour nous éclairer sur le bon terme à employer. Amazing day ? Fucking great day ? Le cadre est magnifique, le sentier se faufilant au creux d’une vallée paisible uniquement peuplée de quelques moutons. On essaie de ne pas traîner vue qu’il y a de la route à faire. Mais bon, après la pause déjeuner, c’est difficile de résister à une sieste face à la montagne. C'est royal.
On avance, et peu à peu on sort de la rudesse alpestre pour trouver un peu plus de vert. Mais curieusement, certaines parties boisées sont coupées. D’une part, c’est surprenant vu le peu d’arbres dans le coin et les panneaux touristiques indiquant à quel point par le passé le coin était vert. Y a comme une contradiction là quelque part. D’autre part, le terrain où a eu lieu les coupes est complètement laissé à l’abandon. Ce qui donne quelques hectares d’amoncellements de bois mort formant une sorte de friche grisâtre et stérile. Ca casse un peu l’ambiance. A propos de paysage, la question linguistique du jour : le mot anglais land (pays) dérive-t-il du français lande (on n'y croit pas des masses) ? ou l'inverse (plus crédible, cf. l'allemand et en fait toutes les langues germaniques) ? sachant qu'en français, en plus d'être un type de végétation, les Landes est aussi le nom d'une région. Qui comme par hasard était sous influence anglaise au moyen-âge. Ca sent le vieux complot anglo-saxon tout ça…
Et puis c’est l’arrivée sur le Glen Nevis (glen = vallée, nevis = paradis), le terminus de notre mini périple. A quelques encablures de Fort William, au pied du Ben Nevis. Au calme. Un grand camping nous attend. Mine de rien, on commence à être un peu crevé. Ca fait 65 kilomètres qu’on marche. Certes, en quatre jours c’est peu. 15 + 15 + 15 + 20. Mais avec les gros sacs à dos, et pour des gens aussi peu entraînés que nous, finalement c’est pas mal.
On nous avait dit que la dernière partie de la WHW était la plus belle ? Et ben c’est vrai.

Green Day

Une grasse mat’ et quelques hésitations plus tard, on décide, histoire de changer un peu, d’aller marcher dans la nature. On nous indique qu’il y a une balade sympa en remontant la vallée. Sauf que pour y aller, il faut faire un peu de route. Auto stop donc. Comme souvent, ce sont les locaux qui sont le plus prompts à prendre des autostoppeurs. Le gars profite du beau temps pour aller crapahuter sur un sommet près du Ben Nevis. Il discute et indique les bons chemins à prendre pour une balade réussie. Sympa le gars. J'ai un peu honte de puer comme ça (cinq jours de marche avec le même tee-shirt, hum... surtout, ne pas lever les bras) dans la voiture d'un gars si serviable.
Nous nous dirigeons donc vers des gorges de la Nevis, la rivière du coin. Bon, soyons honnêtes, gorge est peut être un peu exagéré pour le coup mais la balade est sympathique quand même. A ce propos, en anglais, les gorges d'une rivière se dit aussi gorge. Dans quelle mesure cela peut-il avoir un rapport avec gorgeous (magnifique) ? est-ce que pour aller de l'un à l'autre, on doit passer par le gorge français décrivant l'anatomie féminine (forcément magnifique) ? Bref, après quelques minutes à crapahuter sur les rochers, nous arrivons dans une large et agréable vallée. Tout y transpire la tranquillité et la quiétude. Les prés sont verts. Un peu plus loin, une cascade dégringole à flanc de montagne. Un petit pont fait de câbles où les aventuriers en herbe peuvent tester leur courage et leur sens de l’équilibre. Pour le coup, avec le beau soleil qu’on a, on se croirait dans les Alpes. Face à cette sérénité alpestre, une seule solution : une sieste dans l’herbe. Activité appréciable car difficile hors des jardins public de Glasgow (rappel : Highlands = marécages + moustiques).
Nous continuons ensuite la balade le long de la vallée, toujours plus paisible et ensoleillée. Près d’un petit ruisseau, quelqu’un a posé sa tente. Au moins, il ne doit pas être dérangé le soir venu. Nous marchons, encore et encore. Un peu plus Mademoiselle ne se serait pas arrêtée mais j’ai réussi à la convaincre de faire demi-tour avant épuisement. Retour donc, les randonneurs laissant la place aux gens qui montent faire leur pique-nique en famille et aux amoureux en quête de soirée romantique.
Le soir, au camping, une française vient taper la discute quelques minutes (elle a reconnu en nous des français à cause de la tente Décathlon) et allège son sac (alourdissant le notre) en nous refilant un bouquin qu’elle vient de finir. C’est une vraie sportive, elle. En gros elle a fait tout le chemin Glasgow – Fort William pendant que nous en faisions la moitié. Et ce matin, elle est montée au sommet du Ben Nevis. Elle ne tient pas en place.
Pour terminer la journée, un peu de haggis à la baraque à frites du coin. Peut-être suis-je peu regardant sur la gastronomie mais après quelques jours de pain de mie / gruyère, je le trouve pas mal, ce haggis.

Travel Day

Comme le temps n’est pas top, on a décidé de repartir vers Glasgow. On laisse les motivé(e)s poursuivre leurs exploits sportifs (la rando peut par exemple continuer sur une centaine de kilomètres le long du canal calédonien jusqu'à Inverness) et on va prendre le train à Fort William. Bien évidemment et en guise d’au revoir, sur les quelques kilomètres qui séparent le camping de la gare, on se paye la pluie. On prend le même petit train qu’à l’aller. Tranquille. Même les contrôleurs sont tranquilles car ils savent qu’ils n’auront pas de fraudeurs, la preuve, les gens sans billets leur indiquent obligeamment leur point de départ, sans tricher. De temps en temps on s’arrête dans une gare perdue au milieu de nulle part où pourtant certains descendent. On se dit que le village est sûrement juste un peu plus bas et qu’on ne le voit pas d’ici. Mais on fond, on ne sait pas. Peut-être la gare est-elle vraiment perdue au milieu de nulle part. Et cahin-caha, nous arrivons à la grande ville. A peine descendu du train, on change de l’argent ! Oui car, depuis le début on vit sur des réserves de livres sterling qu’on avait pris en France. Et depuis, impossible de faire du change. Ben oui, on arrive un samedi, on y pense pas, le dimanche tout est fermé, le lundi on part trop tôt, et hors de Glasgow il n’y en a pas des masses de possibilités de change ou alors avec des taux pas possibles. Or pour ça, Mademoiselle a la parade car elle a appris que les bureaux de poste font du change sans commissions. Oui, enfin, ceux qui font du change. C'est-à-dire aucun sauf ceux de Glasgow. Bref, on va renflouer les caisses à l’office du tourisme et on en profite pour chercher un toit pas cher moins loin que la dernière fois (y en a marre de marcher avec des sacs). C’est possible, les Beaux Arts locaux louent eux aussi leurs chambres pendant l’été. C’est parti. Là aussi petites chambrettes tranquilles. Des affiches partout sur l’art de comment éviter la grippe A et bien se laver les mains tout le temps. Mais contrairement à l’autre résidence étudiante de la dernière fois, là, il y a personne ou presque. Seul un australien erre dans les couloirs. Sinon, l’étage est à nous.

The Day of the Hunter

Une fois de plus Glasgow rime avec culture (prononcez Glasgure, ça rimera mieux) et nous nous dirigeons dès l’aube vers le Hunterian Museum. Niché au cœur de la fac (style gothico harrypotteresque) elle-même au milieu de jardins sympathiques. Aux alentours, ce doit être les quartiers chicos. Il y a des nounous qui baladent des gamins. Oui, mais en laisse. Trois ou quatre dans chaque main. Le musée donc. Sorte de musée des science / cabinet de curiosités où sont entassées quelques éléments de la monstrueuse collection de monsieur William Hunter. Morceaux de dinosaures, de tranches de cervelles dans du formol, de trucs et de machins divers. Et comme d’hab’, du ludique avec des mini expériences de physique à faire soit même.
Après ça, on va voir son voisin, la Hunterian Gallery. Artistique cette fois-ci. Avec des vrais morceaux d’impressionnistes anglais dedans. Mais est surtout intéressant car il y a une expo de dessins/gravures/eaux fortes de Munch. Non seulement c’est vraiment bien, mais une fois n’est pas coutume, il y a des explications claires sur les techniques de dessins (j’ai déjà tout oublié). Bref, des couples tristes, des rivages battus par les vents, des allégories morbides, etc… Tiens, je me reverrais bien le film de ce vieux fou de Peter Watkins.
Après ça et entre deux averses, glandouille dans un resto qui ce jour de la semaine fait exclusivement végétarien. Puis on traîne en ville où on est surpris par la pluie. Hop dans un magasin de fringues où Mademoiselle tente, et dans une certaine mesure parvient, à me faire acheter des trucs. Heureusement les magasins ferment à 18h30. Ouf…
Et on tue la soirée à discuter avec l’australien qui partage notre fantomatique résidence étudiante. Un retraité à la recherche de ses racines écossaises qui n’ont pas l’air simples à gérer. Végétarien parfois un peu extrême (genre passer deux semaine sans rien manger, juste boire de l’eau). S’étonne de la qualité des journaux anglais par rapport à l’Australie (le Guardian !). Et mange les framboises qu’il nous reste. Calme, posé, articule parfaitement, c’est un plaisir de parler anglais avec lui. Cela dit, ce type est suspect, il avait un doute sur notre nationalité alors qu'en général (et les anglophone en particulier) répètent notre accent français en trois secondes. Tiens, il fait nuit. Je crois que depuis le début du voyage je n’avais pas vu la nuit. Coucher tôt, et la latitude élevée fait qu’en ce mois de juillet la nuit dure peu et est discrète.

dimanche 1 mars 2009

Contexte

: Espagne
Quand : du 26 au 31 mars 2009
Avec qui : Mademoiselle

Etapes :
- Madrid
- Ségovie
- la Sierra Guadarrama

Ana habite en plein centre de Madrid

Ana habite en plein centre de Madrid. C’est récent. L’appart porte encore les stigmates de travaux récents (peinture pas finie, un centimètre de poussière sur la plante verte du salon…). Ca ne l’empêche pas d’inviter des amis de boulot à manger. Et de nous inviter aussi par la même occasion puisque nous sommes là aujourd’hui. Quand y en a pour cinq, y en a pour sept. Avec Fabrice, ils forment un couple parfait : elle sert le vin, il découpe le jamón. Un travail pour lequel, pauvre petit français inexpérimenté qu’il est, il faut de la patience. Surtout qu’il doit se sentir un peu seul face à ses invités espagnols qui parlent politique. Oui, car de ce que j’ai compris, Ana et ses amis travaillent au gouvernement. C’est pas toujours facile de suivre quand ils discutent comme par exemple lorsqu'on nous explique pourquoi le PSOE ne gagnera pas à Valence de sitôt. La gauche espagnole n’aime pas les Fallas, et ça, nous explique-t-on, ça lui fait perdre beaucoup de points. OK, certes, pourquoi pas, nous ça nous parle pas trop. De toute façon, on ne traîne pas trop car on commence à fatiguer. Parce que bon on s’est quand même tapé le boulevard Raspail à cinq heures du mat’ à pieds pour chopper le premier orlybus. Pourtant, nous avions mis à profit notre début d’après midi pour faire la sieste au Retiro, le grand parc de Madrid. Vautrés dans l’herbe, mi-ombre, mi-soleil. Après ça, et comme il faut bien se cultiver de temps en temps, nous sommes allés au Prado juste à côté dire bonjour à Goya et ses amis.Il faut aimer la peinture religieuse. Y a que ça ou presque. Des Saint Jérôme, des Annonciations, des Christ sanguinolents… Heureusement que des fois ça délire bien avec Bosch (ici on dit Bosco). Son jardin des délices est décidément inépuisable. C’est l’occasion de voir aussi tous ces tableaux avec lesquels les profs d’espagnol aiment ennuyer leurs élèves. Les Ménines, je le voyais pas aussi grand. Et les Greco ont une légère teinte verdâtre. Mais sont mieux en vrai que sur les vieux bouquins du collège.

La proprio de la pension Aragón

La proprio de la pension Aragón n’est pas forcément d’un abord très convivial. Petite, allure stricte, avec une voix de petite fille, rigide sur certains points (la douche : pas plus de six minutes). Mais au fond elle m’est sympathique. Bref, c'est là que nous logeons le deuxième soir. Nous sommes à Ségovie. Segovia, bande d’incultes, est une petite ville sise au nord-ouest de Madrid et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour cause d’aqueduc romain en parfait état, de cathédrale baroque, d’alcazar orgueilleux, et de vieille ville moyenâgeuse aux rues tortueuses pleines de vieux bâtiments. Au fond, nous ne sommes pas là par hasard. Ce matin là, à Madrid, nous avons arpenté tous les offices du tourisme qui croisaient notre chemin afin de déterminer où il serait judicieux de poursuivre notre court séjour. Nos recherches nous ont même conduit jusqu’à une quelconque émanation du ministère de l’environnement où nous discutons balades avec un gars dont on n’est pas sûr que ce bien le rôle de renseigner les touristes mais qui l’a fait avec plein de bonne volonté. En fait, le souci c’est que les communautés autonomes espagnoles sont un peu hermétiques. L’office du tourisme madrilène ne sait pas trop ce qui se passe à Ségovie (en Castilla-y-León). Et inversement. Bref, suivant le bon vieux principe du « on y va et verra bien sur place » nous prenons le train. Jusqu’à Ségovie donc. Et la pension Aragón. D’ailleurs, on ne se mouche pas du coude, cette pension est en plein centre. La chambre est grande. Pour parfumer la pièce, des moitiés de citrons sont sur la table de nuit. Le balcon donne directement sur la place principale. Oui mais justement, le balcon, faut faire gaffe, ne pas y étendre ses chaussettes sales car (l’Unesco, tout ça) nous sommes au milieu de monuments historiques de la hispanidad. Et y faut pas déconner avec ça. La police rôde et veille à ce que le paysage ne soit pas dégradé par un touriste inconscient. Et c’est vrai que le côté historique de la pension est nettement perceptible : le plancher n’est pas plat. Ce vieux bâtiment est tordu de partout et ça peut faire bizarre quand on se lève le matin cette impression que le sol se dérobe sous nos pieds. Le problème avec les villes historiques comme celle-là c’est justement qu’elles attirent du monde. Et cette semaine là, va savoir pourquoi, les rues sont envahies par de collégiens français. Plein. Partout. L’horreur. Heureusement, il n’y a pas qu’eux dans les rues. Le soir venu, les segovianos profitent des rues piétonnes pour balader, et surveiller leurs gamins qui courent dans tous les sens, après un ballon ou une petite voiture. C’est toujours bien les quartiers piétons.

La nana de l’office du tourisme de Rascafría

La nana de l’office du tourisme de Rascafría trouve que nous n'avons pas l'accent français. Je ne sais pas quel degré de crédibilité il faut accorder à cette assertion. Elle vient d'Orléans mais ça ne l’empêche pas de continuer à nous parler en espagnol. Comme tous ses confrères et consœurs, elle ne connaît que son coin et n’a pas de cartes de la région. On commence à les connaître les offices du tourisme. Si on commence à demander un renseignement sur quelque chose distant de plus de 50 mètres, c’est pas la peine d’espérer une réponse. C’est d’ailleurs sûrement pour ça qu’il y en a plein dans le coin. Mais ça ne les empêche pas d’être accueillant et richement pourvu en prospectus divers (je tiens d’ailleurs à m’excuser auprès de la forêt amazonienne pour tous les papiers inutiles qu’on y a pris). Ca nous aura au moins permis ce jour là de faire une petite balade en forêt. A quelques kilomètres de Ségovie, le plateau castillan, sec et ras, fait place à la montagne, ses forêts de chênes et de pins, ses petits ruisseaux. Nous voilà donc en pleine nature. On se perd très vite certes, mais bon, c’est sympathique quand même. Et puis, nous sommes là pour ça. Prendre l’air. Nous n’avons pas fui Madrid aussi vite pour rien. Ainsi, nous continuons paisiblement notre route (on a loué une voiture à Ségovie). Nous traversons la montagne. Au col, un sérieux brouillard fait son apparition. La neige est là. Par terre et dans les airs. Le temps se gâte. C’est pas grave, on a le temps. Et ainsi jusqu’à Rascafría, village coincé entre deux montagnes et un monastère. Nous nous y installons, et, entre deux périodes neigeuses (grêleuse serait plus juste), nous explorons le village et nous trouvons, enfin, ce qui nous est en général indispensable : une carte du coin avec les balades ! Une vraie carte, avec échelle satisfaisante, les GR, les lignes de niveaux, et tout et tout. Joie et bonheur. Les chaussures de randos vont chauffer. La sierra Guadarrama n’a qu’à bien se tenir.

Chez Conchí

Chez Conchí (je suppose qu’il s’agit du diminutif de Conchita) les serveuses s’amusent bien avec nous, pauvres touristes qui ne saisissons pas toutes les subtilités du menu. Surtout que Mademoiselle s’est mise en tête de bosser son espagnol et demande des explications sur TOUS les plats. Par exemple, on bute sur morcillas. Qu’à cela ne tienne, on va téléphoner à la frangine de la patronne qui maîtrise bien l’anglais. Donc, morcillas = black pudding. Super, ça nous avance bien ça. Bon, comme je suis un aventurier, je commande ma tortilla d’épinards et morcillas. C’est bon. Avec une petite sauce au fromage. Il faut bien ça après la balade d’aujourd’hui dans la sierra. Une bonne grosse montée vers un col, mais au final relativement facile car le plus souvent, nous marchons le long d’un chemin forestier. Aucun risque de se perdre. Heureusement parce que le balisage n’est présent que là où il est inutile. On grimpe donc. On ne croise personne. Pique-nique face à la vallée. Les forêts de sapins succèdent aux forêts de chênes. La neige se fait de plus en plus présente. Jusqu’à ce qu’il n’y plus rien que du blanc. Sur le chemin qui disparaît peu à peu, des traces de pas, mais dans un seul sens, venant du col. Mystérieux. A ce point, l’avancée se fait plus difficile. D’autant que plus l’heure avance, plus le ciel s’assombrit de nuages menaçants. Difficile de dire s’ils viennent vers nous mais ceux-ci ne nous disent rien qui vaillent. Si c’est pour se payer de la grêle comme la veille, mieux vaut redescendre. Nous ne nous attardons pas à admirer le paysage. Pendant le retour, effectivement, la neige fait son apparition. Légère. Discrète. Silencieuse. De petits points blancs qui se promènent dans l’air. Comme si une usine de polystyrène avait explosé non loin de là. Et malgré tout, du soleil.

Les randonneurs du lundi

Les randonneurs du lundi que l’on croise au col de Navafría sont bien équipés, eux. Ils savent que si on continue à monter comme nous le faisons, il va vite faire froid. Oui car comme il a été dit, nous sommes au col de Navafría. Avec fría dedans. Fría. Du latin frigidus. Froid. Qu’il n’y ait pas d’ambiguïtés sur les termes. Ils nous encouragent quand même à prendre le même chemin qu’eux jusqu’à un sommet. C’est parti. Sous les arbres dans un premier temps. Petit à petit, l’altitude augmente, et la neige est de plus en plus épaisse. La forêt laisse place à un désert glacé balayé par les vents dont ne profitent que quelques rares oiseaux de proies planant vers on ne sait où. Les sapins encore présents transformés en statues de glace. Comme la veille et l’avant veille, à la mi-journée, les nuages apparaissent. Vu la situation, il vaut peut-être mieux ne pas s’attarder. Nous faisons une croix sur le sommet pourtant tout proche et amorçons la descente par le chemin de la frontière. En fait nous sommes pile poil entre les provinces de Madrid et de Castille, jalonnée de bornes, de petits forts en ruines. Les randonneurs espagnols nous indiquent le chemin. Il n’y a qu’à suivre les piquets. Le long de la ligne de crêtes. S’il n’y avait le froid et l’horizon bouché par les nuages, la vue serait fantastique. Nous regagnons donc fissa la voiture et reprenons la route. Quelques biches aperçues au détour d’un virage. Nous rentrons tranquillement vers Ségovie. En attendant le soir, nous faisons un tour dans la cathédrale, imposant édifice, garni de chapelles aux décors plus ou moins délirants avec leurs dorures finement ciselées et leurs christs agonisants. Pour se reposer de ces ornementations un peu lourdes, on trouve quand même un sympathique cloître, et dans le musée, quelques tapisseries flamandes qui paraissent comme neuves malgré leur demi-millénaire d’existence. Il est quand même à noter que le respect dû au sacré n’est plus ce qu’il était. On a pu observer un peu plus tard, en flânant dans la ville, une petite fille et sa mère, raquette à la main, faire une paume contre le mur d’une église. Elles s’amusaient bien. Après ça, on a rendez-vous au ciné pour un festival court métrages. Comme dans toute sélection, y en a des biens et des moins biens. Et des où ça parle beaucoup et très vite et donc auxquels on ne comprend rien. Dans l’ensemble, c’était bien. Mais là où ça s’est gâté, c’est qu’en sortant, on n’a pas trouvé de restos ouverts ! Et la réputation qu’on les espagnols de manger tard ? Peut-être que le lundi c’est relâche. Bref, je me suis contenté de noix de cajou et d’une pomme dans la chambre de la pension. Bouh…

Le pilote

Le pilote du vol Air Europa UX 1002 doit s’ennuyer ferme dans sa cabine car il aime bien discuter et nous informer des détails du vol. Que cela se sache, venant de Madrid, la piste 06 d’Orly (ouest) est très bien et favorise une descente rapide. Merci. Fin du voyage et d’une longue journée. Journée qui commence avec un bon petit dej histoire de ne pas tourner de l’œil. Et puis bon, on décide prendre notre temps et si nous nous dirigeons vers l’imposant alcazar de la vieille ville, ce n’est pas pour le visiter mais pour y faire une petite sieste, sur les remparts, face au soleil. Alcazar, envahi comme il se doit de scolaires français et espagnols. Ca fait un peu chier mais il va falloir partir. Comme on n’est pas certains des trains à prendre, on se pointe à la gare pas trop tard. Tout va bien, un train passe bientôt et la vendeuse de billets est pleine de bonne volonté pour nous trouver des billets à pas cher malgré les bugs de l’informatique dédiée à cette tache. Qu’à cela ne tienne, on aura des billets enfants. Non mais. Et hop, retour à Madrid. Comme nous avons quelques heures à tuer avant l’avion, on va traîner en ville. C’est là qu’un petit malin essaie de faire les poches de mon sac à dos en même temps que je marche. Certes, il a du potentiel, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de sa présence, mais il manque un peu de jugeotte, ce n’était pas l’endroit à fouiller en priorité, au mieux, il aurait récupéré des chaussettes sales. Bref, agaçant mais inoffensif. Pour se remettre de ces émotions, on va faire un tour au Retiro. Et on traînasse face à la verdure. Avant de repartir, on se ravitaille dans un petit resto à touristes pas cher et basique mais qui propose des quantités plutôt impressionnantes. Impossible de finir. Pendant ce temps là, le patron et les serveuses regardent la télé et dissertent à propos d’émissions de télé-réalités et de je ne sais quelle telenovela. Et voilà… Dernier truc, en faisant la queue à Orly pour la douane (oui, je sais, Madrid, l’Europe, tout ça, on devrait pas passer de douane, mais il y avait le sommet de l’OTAN quelques jours plus tard, donc sécurité renforcée), donc, en faisant la queue, je remarque que ma carte d’identité expire dans deux heures.

lundi 1 décembre 2008

Contexte

: Egypte
Quand : du 23 novembre au 5 décembre 2008
Avec qui : Mademoiselle

Etapes :
- Le Caire
- Sainte Catherine
- Nouweiba

1- voiture - pyramides - mollets

A peine arrivé, un cliché cairote se vérifie. A savoir, les égyptiens conduisent n’importe comment. Oui, bon, c’est un jugement expéditif. Mais quand même, on n’est pas sorti du parking de l’aéroport qu’une voiture passe devant nous de manière imprévue. Ah, c’est pas un sens unique ici ? se demande Mademoiselle qui était venue me chercher. Si. Bon. C’est vrai que si on prend les choses d’un côté très superficiel, le Caire ne présente aucune surprise. Tout correspond aux clichés de base. Exemple en discutant en France du sujet, les gens parlent toujours des mêmes stéréotypes. Les égyptiens conduisent comme des tarés. Oui, on l’a vu. Il fait toujours beau. Oui, certes, tout le séjour s’est déroulé sous un soleil radieux alors que le ciel parisien ressemblait à un Turner dégoulinant. Le Caire est surpeuplé. Oui, sûrement, en tous cas Mademoiselle elle-même le répète souvent en voyant de nouveaux quartiers ou des routes autrefois vides et aujourd’hui pleines à craquer : c’était pas comme ça il y a dix ans . Il y a des pyramides. Oui, mais là, grosse découverte pour moi, des pyramides il y en a plein. Mais alors, plein. Une centaine répertoriée. Merde, moi qui pensais qu’il n’y en avait que trois. Heureusement, endossant courageusement ma panoplie de touriste inculte, j’ai pu aller vérifier la chose dès le premier jour en allant à Dahchour. Moins connue que ses copines de Guizeh pourtant toutes proches, la pyramide de Dahchour n’en est pas moins impressionnante avec sa bonne centaine de mètres de hauteur. Moins que Khéops, certes, mais un poil plus vieux. Alors, hein, respect. Et puis, ce qui est appréciable, c’est qu’il n’y a pas un chat. Aucun soucis pour se garer et pour ainsi dire le site est à nous. Et si on monte jusqu’à l’entrée du monstre, on voit au loin, effectivement, plusieurs pointes qui se dressent çà et là. Pas toujours d’une belle forme rectiligne, mais des pyramides quand même. Donc oui, il y a bien des pyramides en Egypte. Bon, puisqu’on y est, on pourrait peut-être entrer à l'intérieur ? Avis de la poignée de touristes qui viennent d’en sortir, écarlates et à bout de souffle : Ca pue, c’est crevant, mais ça vaut le coup . Rien que cette contradiction nous rend curieux. On décide donc d’y aller. Problème, on a oublié de prendre des billets à l’entrée, mais en discutant deux secondes avec le gardien et moyennant un petit bakchich, on peut pénétrer dans la pyramide. On descend donc le long d’un couloir étroit qui nous oblige à être à moitié accroupis. L’intérieur vérifie ma foi bien les dires des visiteurs précédents. Juste quelques salles à encorbellement sans décorations et une odeur d’ammoniaque nageant dans une atmosphère lourde et poisseuse. Claustrophobes, s’abstenir. Aussitôt descendus, aussitôt remontés. Expérience intéressante mais qui détruit les mollets. On aura mal toute la semaine mais ça ne nous empêchera pas de marcher beaucoup les jours qui suivent. Et mine de rien on a eu un agenda chargé. C’est qu’au Caire il y a de quoi s’occuper.

2- informaticiens - plongeurs - mariés

En gros les journées au Caire suivaient le même schéma : visites le jour, socialisation le soir. Oui car les égyptiens sont affreusement sociaux. Et Mademoiselle en profite pour faire le tour de tous ces anciens potes de fac. Encore des ingénieurs. Je n’ai pas de problèmes de communication avec eux puisqu’ils parlent tous plusieurs langues, et curieusement, souvent français, ce qui, avouons-le, m’arrange plutôt bien. En vrac, j’aurai croisé pas mal de monde. Sherif, qui croule sous le taf que lui donnent ses commanditaires français. Nazli, qui est selon Mademoiselle la version féminine de moi-même. Shaymaa, toujours un sourire jusqu’aux oreilles, toujours à se chamailler avec Mahmoud. Et Mahmoud donc, qui parle beaucoup beaucoup et ne rate aucune occasion de chambrer et dire des bêtises. Un point pour lui. Autre point à ajouter à son crédit, il nous a fait rentrer dans son club. Ca c’est un concept que j’ignorais. La jeunesse dorée du Caire se doit de fréquenter un club sportif. Y faire du sport semble facultatif, l’essentiel étant d’y traîner entre amis de temps en temps. Pour moi, je sais pas pourquoi, ça fait un peu Blake et Mortimer. Bon, Mahmoud n’y va pas pour draguer (ou pas seulement) mais il fait du vrai sport et nous propose de nous y faire rentrer quand après quelques jours de dur labeur touristique au Caire, nous fatiguons un peu et voulons nous reposer. Après quelques négociations (comme d’hab) avec un responsable quelconque pour cause que c’est pas un jour où les non-membres peuvent s’incruster, on arrive à rentrer. Et on profite de la piscine de l’Héliopolis Sporting Club (HSC pour les intimes). L’eau est chaude. Il n’y a quasiment personne. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Tranquille. A peine est-on distrait par quelques motivés qui s’élancent du plongeoir à sept mètres (à l’équilibre, carpé). Ah, dans la catégories amis, j’ai failli oublier les plus importants. Hanaa & Karim. Hanaa. De son aveu, il faut prononcer ‘hana-hu’. En appuyant bien sur les ‘h’ (amis non-arabophones qui ne connaissez pas le concept de hamza, réjouissez-vous). Malgré cela, c’est une fille bien. Elle aime bien le Génie des Alpages. On ne peut donc que bien s’entendre. Son mari, Karim est plus posé et plus taciturne mais possède un bon potentiel pour raconter n’importe quoi. C’est avec ces deux là que nous sommes partis au Sinaï. Ils ont une voiture et nous emmènent. En parlant de voitures, liquidons le sujet une bonne fois pour toute. La conduite en Egypte. Un œil non averti pourrait penser que conduire au Caire est une activité qui ne peut mener qu’à un état avancé de psychose paranoïaque. C’est un peu exagéré.

3 - automobiles - bédouins - militaires

En fait deux philosophies s’affrontent. Celle, disons comme en France où le principe consiste à être persuadé que si tout le monde respecte les règles, tout ira pour le mieux. Et celle, disons comme au Caire, où le principe consiste à être persuadé que si tout le monde fait de son mieux pour sauver sa peau, tout ira pour le mieux. L’une adopte une approche théorique, l’autre pragmatique. Au fond, la conduite égyptienne pousse à faire confiance aux autres. En un sens c’est plus responsabilisant. Et au final, sans que je ne me l’explique vraiment, je n’ai pas eu peur quand j’étais en voiture. Certes, Mademoiselle ou Madame ne conduisent pas aussi nerveusement que les autres automobilistes sur place, mais quand même, par rapport aux critères occidentaux, c’est un peu sportif. Mais il n’y a pas que ça, pour complexifier la conduite il y a aussi les u-turns. Oui, ça c’est un truc que je ne connaissais pas. Typique. Supposons deux grosses avenues qui se croisent. Plutôt que de faire un carrefour avec des feux tricolores que personne ne respectera sauf s’il y a une armée de gendarmes pour organiser la circulation, l’urbaniste cairote à choisi une option inhabituelle mais qui au fond peut se justifier : le u-turn, soit la possibilité de faire demi-tour. Le principe de base est que dans ce genre de topologie complexe, on ne peut que faire demi-tour ou tourner à droite. Reprenons nos deux avenues, la plus importante aura la priorité, ainsi, pour aller tout droit au croisement, les gens pourront aller tout droit sans s’arrêter. Jusqu’ici tout va bien. Par contre pour l’autre avenue qui n’est pas prioritaire, pour aller tout droit au croisement il vous faudra tourner à droite (dans l’avenue prioritaire), faire demi-tour et tourner à droite de nouveau (faites un dessin, ce sera plus clair). Sachant pour cette opération, il faudra à deux reprises croiser le flux de la grosse avenue, soit un gros bordel qui n’aide pas à se rabattre sur les files désirées. Et voilà. Ca peut paraître idiot mais ça fonctionne. Il y en a plein. Même parfois sur les routes désertes du Sinaï. Au niveau des check point. Les check points, c’est des guérites pleines de militaires qui barrent la route et font semblant de regarder les cartes grises des égyptiens et les passeports des autres. Certains militaires assument mieux leur inutilité et servent uniquement pour la déco, exemple quand on arrive sur les rives de la mer Rouge, il y a pour nous accueillir devant notre camping, un gros char de l’armée garni des deux soldats qui s’ennuient comme des rats morts à regarder une route quasi déserte. Rapport avec les incidents de ces derniers jours ?

Reuters, le 13 novembre :

The violence, the most serious in months between Bedouin tribesmen and police, started on Monday after police fired on a Bedouin-owned vehicle that ignored orders to stop, killing one man and wounding another.
In the protests that followed, Bedouin retaliated for Monday's shooting by briefly kidnapping 25 policemen and storming a police post near Egypt's border with Israel, and police shot dead three Bedouins in a protest on Tuesday.


Karim semble détenir quelques éléments explicatifs supplémentaires de ce phénomène et nous informe que le proprio est un fils de chef bédouin. Et qu’en plus il a épousé une israélienne. Y en a vraiment qui cherchent la merde.

4 - moustiques - poissons – moines

En tous cas une chose est sûre, nos soldats ne défendent pas grand chose, et surtout pas des moustiques. On est resté là deux nuits, et les deux nuits, on s’est fait bouffer je vous raconte pas. A part ça, ce coin est sympa. Ni camping, ni hôtel, plutôt un assemblage de bungalows ou paillotes en bois, avec vue sur la mer et l’Arabie Saoudite qui étend de l’autre côté du golfe d’Aqaba son immensité pierreuse. De fait, la côte est remplie de camps de ce genre. A part quand la route ou une falaise l’empêche, le moindre mètre carré de plage est colonisé par un camp. Tous sur le même modèle. Je ne m’y attendais pas et je dois dire que ça fait perdre un peu de son aura au concept de Mer Rouge. Heureusement, là c’est la semaine précédant l’Aïd. Donc y a personne. Dans quelques jours se sera le gros rush mais en attendant on a la plage pour nous tous seuls. Et comme le voyage tire à sa fin, on en profite pour se reposer en ne faisant strictement rien. Mais alors rien de rien. Manger de la tahina face à la mer. Rêvasser face à la mer. Se baigner un peu. Se balader le long de la plage. Je ne mets même pas à profit cette occasion en or pour regarder les poissons. A ce sujet, on ne dit pas regarder bêtement les poissons, on dit snorkeling, c’est vachement plus tendance. Idem pour Sainte Catherine où nous étions quelques jours avants et où nous n’avons pas fait, notez bien, de marche à pied, mais plutôt du trekking, ou à la limite du hikking. Toujours avec 2 ‘k’. On ne dira jamais assez à quel point la langue anglaise a permis d’embellir les voyages. Bref, sur ce point, il faut bien dire qu’on a optimisé un max notre présence là-bas. A peine arrivés, on profite des quelques heures de soleil qu’il reste et on se met en marche un peu au hasard pour se retrouver au final au sommet d’un petit col surplombant une vallée étroite peu à peu nimbée de cet éclairage si particulier du crépuscule qui donne l’impression que les roches changent de teinte. Nous sommes à peine rentrés que s’engagent de grosses discussions avec un guide pour déterminer la balade du lendemain, et c’est ainsi, et malgré les protestations de Hanaa, que le lever est fixé à 5 heures du mat’. A cette heure-ci pas grand monde n’est debout à part une poignée de moines (en stage au monastère ?) qui plasmodient je ne sais quoi dans leur coin. Une bien belle marche durant cette journée. De petites vallées désertiques en petites vallées encore plus désertiques, nous cheminons tranquillement entre les montagnes et le moins que l’on puisse dire, c’est que le paysage est magnifique. Bien sûr, il faut aimer la caillasse. Mais de temps en temps, à la faveur d’une source ou d’un ruissellement, quelques arbres fruitiers apparaissent, bichonnés par les habitants du coin. A un moment nous montons Mademoiselle et moi (les deux autres ont la flemme et prennent le thé avec le guide en bas) sur un sommet où a été construit un palais au XIXe. Construit en partie seulement car son commanditaire est mort avant la fin des travaux. La vue y est imprenable et en forçant un peu on peut distinguer la mer au loin. Le retour se fait le long d’une vallée très encaissée qui permet de voir à quel point la géologie du coin peut parfois faire penser à de grossiers empilements de pâte à modeler.

5 - foi - schismes - escaliers

Et ça continue le jour suivant, pour Mademoiselle et moi seulement, Hanaa et Karim ayant préférés dormir et reposer leurs mollets. On se fait le Gebel Moussa, ou Mont Moïse, là où le brave prophète s’est fait dicté par Dieu les Dix Commandements (15 selon Mel Brooks mais passons…). Fort potentiel spirituel donc. Œcuménique en plus. Et, pour ne rien gâcher, un côté nature-sauvage-et-grandiose-qui-te-fait-prendre-conscience-de-la-vanité-de-l’existence. Tout pour plaire. Bon, bref, l’idée c’est de faire monter un maximum de touristes à des heures indues pour pouvoir admirer le lever de soleil sur les montagnes. Au sommet, le spectacle doit être admirable, je n’en doute pas, mais quand on voit le chemin, on se dit que les tours-opérateur sont un peu sadiques avec leurs clients. Se lever en pleine nuit pour arpenter deux ou trois heures durant un vague escalier taillé au milieu de la caillasse, franchement, il faut avoir la foi. Heureusement, une fois de plus, le fait d’être avec des gens qui connaissent arrange bien des choses : on ne monte pas par l’escalier de brutasses, mais on fait le tour, c’est plus long, certes, mais le paysage vaut le coup quand le soleil au moment de se lever rase les sommets environnants. Pour ne rien gâcher, il n’y a personne. A part peut-être de temps en temps le bruit de quelques paysans travaillant leurs vergers jalousement gardés par d’interminables murs en pierres sèches. Etant un peu pressé par le temps, nous ne montons pas jusqu’au sommet qui pourtant n’est pas loin et nous entamons le retour, par les escaliers ce coup-ci, déserts à cette heure. Et nous pouvons admirer le décor, plongeant vers le monastère de Sainte Catherine. Alors, là j’ai pas tout suivi. Tout ce qui tourne autour de Sainte Catherine semble rattaché à l’église orthodoxe (d’où les panneaux en grec à l’entrée) tout en étant indépendant. N’a donc pas vraiment de rapports avec la branche copte égyptienne (orthodoxes orientaux, pour ceux qui n’aurait pas suivis les conclusions du concile de Chalcédoine en 451). Bref, on s’y perd. Toujours est-il que ce monastère est très vieux, très fameux et que de nombreux autocars de touristes passent par là. Nous n’y rentrerons pas. Beaucoup trop de monde. Et d’après les souvenirs de Mademoiselle, il n’y a pas grand chose à voir à l’intérieur. En tout cas c’est encore un exemple frappant du tourisme en Egypte : certains lieux sont des passages obligés des circuits et sont donc surpeuplés, alors que cinq cents mètres plus loin, il n’y a plus personne. C’est très visible au Caire. Lorsque nous nous sommes baladés dans le quartier fatimide, on était bien tranquille. La mosquée Ibn Touloun par exemple était déserte.

6 - mosquées - patates - popularité

C’est bien dommage car elle est bien cette mosquée Ibn Touloun. Très bien retapée en tout cas. Peut-être trop d’ailleurs, il faudrait l’avis d’un spécialiste. Cela étant, c’est un petit havre de paix. Isolée du reste du monde par deux rangées de hauts murs, la rumeur du Caire se fait plus discrète. La balade entre les arcades est d’autant plus agréable. La mosquée de Sultan Hassan, quant à elle est légèrement plus fréquentée. Moi cette mosquée elle m’impressionne. Imposante. Et surtout elle est juste à côté d’un autre bâtiment lui aussi assez massif (d’ailleurs, les fenêtres de ce dernier ressemblent à des croix chrétiennes, c’est suspect ça). A l’intérieur, c’est plutôt un enchevêtrement de salles diverses et richement décorées. Et pourtant, malgré la beauté du lieu, les visiteurs ne se bousculent pas. La preuve, on a pu déguster tranquillement nos patates douces dans un jardin attenant. Très pratique ça les patates douces pour les pique-niques. Juste cuites au micro-ondes (« so it’s nuclear » aurait dit Karim) et mangées froides. Mademoiselle en aura préparé en gros paquet pour le Sinaï (trop : on n’a pas pu tout manger avant que ça pourrisse). Bref, toujours sur les mosquée, ne parlons pas de la mosquée bleue (à cause de carreaux de faïence qui subsistent). Vide. Le gardien et nous. Il nous fait monter en haut du minaret, nous montre toutes les recoins du bâtiment, en rajoute avec fierté (« la mosquée bleue ! comme à Istanbul ! » euh, faut pas exagérer là quand même…). VIP. Cela dit, la fin de la journée sera beaucoup plus traditionnelle touristiquement parlant puisqu’on finit par le Khan Al-Khalili, LE souk à touriste, plein de pyramides en plastique cheap price et de rabatteurs pour les divers restos du coin. N’empêche, il semble qu’en fouinant dans le quartier il y ait plein de chouettes bâtiments à visiter. Ce sera pour une prochaine fois. Pareil côté pyramides. Saqqarah par exemple. Aux abords immédiats de la pyramide de Djoser il y a du monde. Cinq cents mètres plus loin, il n’y a plus personne. Certes, l’assemblage de ruines diverses n’est pas aussi attirant, moins spectaculaire. Les quelques militaires dispersés ça et là ne rendent pas le tout très convivial. Cependant s’y balader est sympathique même s’il est difficile de faire le tri entre tout ce qui se présente à nous. Les explications ne se bousculent pas. Même chose pour les quelques tombes visitables. Il faut que le visiteur soit curieux pour trouver le mastaba de Ti (Ve dynastie). Qui pourtant vaut le coup, tout en sculptures et bas-reliefs. Dans un état parfait, ou presque. Quelques restes de peintures ici et là. Et puis, lorsqu’on émerge on voit en contrebas les cultures de la vallée du Nil avec son vert orgueilleux.