Là il faut saluer le génie de Mademoiselle. L’idée de départ était de se faire la West Highland Way soit un chemin de randonnée, fort prisé des marcheurs aussi bien écossais qu’étrangers, allant de Glasgow à Fort William, soit 150 kilomètres à travers la lande et les collines. Jusqu’au Ben Nevis, le plus haut sommet des îles britanniques (1344 mètres, on ne rigole pas). Tout ça c’est très bien, mais je le répète, nous sommes des feignasses et on est en vacances, et surtout on se trimballe des gros sacs avec tente et tout le tintouin. Donc l’idée de Mademoiselle de sous traiter la moitié du trajet à un moyen de transport plus moderne finit par s’imposer. Après tout, ça sert à rien de se crever et parait-il que le début du trajet est moins sympa. Et donc, c’est parti vers Tyndrum (prononcer Tyndrum, incroyable mais vrai, la guichetière de la Queen Street Station a compris tout de suite ce que je lui ai demandé) à mi-chemin de la WHW. En train. Et y a pas à dire, les voyages en train sont beaucoup plus sympathiques que les voyages en bus. Petit train tranquille, une seule voie perdue au milieu de la cambrousse. Mieux vaut ne pas évaluer sa vitesse (mais je l’ai quand même fait : en gros pareil que le Uyuni-Oruro, si, si c’est possible) mais au fond on s’en fout, on n’est vraiment pas pressés et regarder le paysage à travers les vitres, surtout si on va lentement, est une activité qui me sieds tout à fait.
Un paysage que l’on va qualifier tout simplement d’écossais. Certes, ce n’est pas bien original mais qu’on en juge. Un ciel gris couvrant un peu ostensiblement un paysage fait de collines parfois rases et désolées, parfois couvertes de forêts, sur lesquelles de temps à autres quelques moutons épars broutent négligeant un bout de leurs innombrables hectares personnels colorés par toutes les teintes de vert imaginables. Le tout bien sûr parsemé de quelques lacs aux eaux sombres. Ecossais, quoi.
Bref, Tyndrum. Peu d’habitants. Tous, ou presque, vivant de l’activité de la WHW. Car, et c’est à noter, c’est le dernier point de ravitaillement avant le prochain vrai village à une cinquantaine de kilomètres. A peine nous voilà arrivés que le dieu de la pluie nous en veut et commence à faire dégorger les nébulosités locales. Par contre, le dieu du logement nous aide un peu en nous mettant à disposition une mini cabane (au sec donc). Le dieu de la connerie quant à lui contre-attaque méchamment en nous fourrant dans le crâne l’envie d’aller balader dans la montagne malgré la flotte qui tombe. On a beau avoir cirés, ponchos et parapluie, quand le pantalon est trempé et que la pneumonie approche le charme s’envole et on rentre fissa se réchauffer à la cafétéria locale. Il fait chaud, les frites sont grasses, bref, c’est parfait. Et bien entendu, c’est à ce moment là que la pluie cesse. Et voilà, l’après midi se déroule tranquillement, entre lecture sur le perron de la cabane, ravitaillement à l’épicerie, entraînement de karaté sur la pelouse du camping. Tout va, bien. C’est le calme avant…