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jeudi 2 juin 2011

Contexte

: Indonésie (Bali et Lombok)
Quand : du 2 au 19 juin 2011
Avec qui : Mademoiselle




Etapes :
Bali :
- Ubud
- Candikuning

Lombok :
- Rinjani
- Kuta

Fourmis

Alors bon, on dit, oui Lombok, c’est l’île des piments (lombok = piment en indonésien). Non. Lombok c’est l’île des fourmis. Je veux dire, on a beau essayer de planquer le mieux possible les denrées périssables pour lesquelles on observe un fort tropisme chez ces petites bêtes (dans plusieurs sacs en plastiques bien fermés, pendus dans un endroit inaccessible), ce sera peine perdue, quelques instants plus tard, une armée d’hyménoptères sera à l’assaut (et bouffera tout). Y a rien à faire. Il y arrive un moment où on abandonne tout espoir. Enfin bon, c’est pas la mort non plus. Et en règle générale, niveau bestiole, ça va à peu près. Les moustiques sont plutôt indulgents, les margouillats (ou les geckos, ou les tarentes, faites votre choix) se font discrets, pas de serpents en vue (ou alors écrasés sur la route à Sembalun), bref, ça va. Même si on sent dans certains coins qu’il ne faut pas trop insister et éviter des regarder dans les recoins. A Kuta par exemple, je savais qu’il ne fallait pas regarder le plafond du bungalow, je sentais bien que c’était une mauvaise idée, que j’allais forcément trouver quelque chose qui ne me plairait pas. Eh ben ça a pas raté. Une bonne grosse araignée. Au dessus du lit. Hiiiikkk ! C’est quand même bizarre. Pourquoi les geckos sont-ils répertoriés par la tradition populaire dans la catégorie des bestioles sympathoches (sous-classe : et utiles en plus parce que ça bouffe les moustiques) alors que les araignées sont dans la catégorie sale bête (sous classe : pleine de pattes, berk) ? Toujours est-il que les araignées, passée une certaine taille, moi j’aime pas ça. Mademoiselle n’écoutant que son bon coeur va jouer à la fille trouillarde auprès du gardien qui courageusement armé de son balais essaie de la chasser (l’araignée). Raté. Mais elle est partie, et de toute façon nous informe-t-il, c’est pas des dangereuses. Donc bon, quand elle est revenue (pile au même endroit) deux jours plus tard, on lui a foutu la paix. Même pas peur. En fait, c’est surtout parce qu’il y avait la moustiquaire pour nous éviter un face-à-face durant la nuit.

Bananes

Amis routard, si tu n’aimes pas les fruits, ne va pas en Asie (Confucius).
Où nous sommes allés, l’alimentation se compose principalement de riz, fruits et légumes. Contrairement à l’Argentine, un végétarien y serait très heureux. Des fois ça vire au n’importe quoi comme à Ubud où l’on atterrit dans un resto spécial touristes bobo-écolos-maxhavelaariens-végétariens (voire végétaliens, voire végétaliens qui ne mangent pas les trucs cuits à plus de 40°C) qui servait des trucs très élaborés mais chers et minuscules. A ce compte là vive les bols de riz et la soupe d’épinard. Sur les côtes, on a du bon poisson que tu choisis au hasard parce que bon, les noms ne te disent pas grand chose. Du mahi-mahi ? des variétés de marlin ? du barracuda ? Dans tous les cas c’est bien bon. Donc voilà, en général, une bouffe simple et bonne. Mais il faut bien montrer que tu es un touriste faible et peureux et toujours s'inquiéter de la quantité de piment susceptible d’atterrir dans ton plat.
Et quand on est à cours d’idées, un gars vient nous offrir des fruits étranges et mystérieux. Comme les salaks (genre une figue avec des écailles et à l’intérieur des quartiers de pommes au goût d’ananas). Ou des mangoustans (l’Académie Française parle plutôt de mangoustes), il faut appuyer dessus pour casser la coque et trouver à l’intérieur des trucs qui ressemblent à des larves des hannetons (ou l’idée qu’on s’en fait) et ont un vague goût de lychee.
Sinon, en montagne comme à Sembalun ou Candikuning l’air y est assez frais pour cultiver des fraises dont les gens sont très fiers (y a pas tellement de quoi mais bon).

Scooter

Bon, ça c’était la connerie du voyage, après tout, il en faut bien une.
Les deux roues en Indonésie, c’est indispensable. Tout le monde en a. Il y a en a partout, tout le temps. Il faut bien avouer que c’est très pratique pour se déplacer vu les transports en commun et l’état des routes et de la circulation. Et c’est bien moins cher qu’un voiture.
Et donc, si les autochtones en ont, pourquoi pas les touristes. La location de scooter se fait de la façon la plus simple (et bon marché) qui soit. On ne vérifie pas que vous savez conduire, on ne refile pas de casque (sauf si vous insistez), le concept d’assurance doit être de la science-fiction. Et c’est parti. Du coup, plein de touristes s’en procurent un et vadrouillent avec dans les îles. Objectivement c’est sûrement la meilleur chose à faire.
Sauf que bon, ni moi ni Mademoiselle ne savons conduire ça. Perso, je n’aime pas trop les deux roues, j’ai toujours un peu peur. Mais Mademoiselle, ça l’amuse. Et à force de persuasion, elle a gagné le droit d’en faire à Kuta (Lombok). C’est calme (on n’est pas à Ubud, encore moins à Denpasar), les routes sont peu fréquentées, peu de voitures, on devrait être tranquille même si on conduit à deux à l’heure. Moi je fais un peu la gueule mais je laisse faire. Aucun problème donc pour trouver un véhicule et après quelques tours d’échauffement, c’est parti. Mademoiselle conduit et moi je m'agrippe à ce que je peux derrière (et je serre les dents parce que bon, quelle idée à la con, on va se viander bordel). On longe la côté, c’est ce que tout le monde conseille de faire. Longer la côte et trouver une plage tranquille rien que pour soi.
Côté est. La route est bonne car il y a un Novotel top luxe dans le coin. On se perd un peu avant d’arriver à un petit village de pécheurs et de surfeurs. Au creux d’une petite anse, ça a son petit côté baie d’Halong, avec des collines bien rondes sur les bords. On poursuit à pied le long d’un chemin. Pas longtemps car cela ne semble mener à rien et il fait chaud. On retrouve le bord de mer et à la faveur de la marée basse on longe le rivage. On se pose dans un coin d’une petite plage uniquement fréquentée par les pécheurs du coin ainsi qu’un type étrange qui pète les cailloux avec son petit marteau (il cherche des coquillages ? des fossiles ? de l’or ?).
On reprend la route dans l’autre sens et on attaque le côté ouest. Ca commence mal. La route est pourrie. Mais vraiment. Dès le début, une montée très raide alors que le revêtement de la route est purement théorique, les pluies s’étant bien appliquées à creuser des tranchées partout. En conducteurs inexpérimentés que nous sommes c’est galère. Au point qu’à un moment j’ai l’impression que je vais passer par dessus bord donc Mademoiselle continue avec son engin, moi je la rejoints en haut de la montée. La suite est plus tranquille sans être pour autant très rassurante. Et pourtant nous arrivons jusqu’à Mawi, une plage toute mignonne (et déserte à cette heure ci). Ca c’est du bon coin. On se plonge dans la contemplation de la mer mais on ne se baigne pas. Je ne sais pas. La journée va bientôt se terminer, le trajet ne me met pas à l’aise (on l’aura compris...). Bref, encore une fois on rate l’occasion de se baigner.
Quant au retour, que dire, la route est glissante, on perd la maîtrise du scooter, blim, accident. Ouf, c’est pas nous, c’est quelqu’un d’autre qui roule devant nous (rien de grave).

Mandi

Ah ah ah, ça c’est la bonne gaffe du séjour, après tout, il en faut bien une. Bon un mandi, c’est la salle de bain locale et elle ne correspond pas vraiment aux critères que l’on connaît. Sur son fonctionnement je veux dire. Donc voilà : dans la salle de bain, un bassin avec plein d’eau dedans. Comment faire ? Mademoiselle ne se pose pas plus de questions que ça, et s’en sert plus ou moins comme une baignoire. A mon tour. Hum... c’est quand même de l’eau bien propre, ce serait dommage de la salir comme ça. Je tente un compromis : je m’asperge (dans la mesure où la fraîcheur de l’eau le permet) avec le petit récipient fourni, je fais attention de pas en mettre partout, et quand c’est vraiment galère je fais comme Mademoiselle. Pas super pratique, mais après tout, ça fait plusieurs jours qu’on a pas pris de douche et qu’on crapahute dans la montagne, on va pas faire les délicats.
Renseignement pris après coup, ça ne marche pas comme ça. Il faut choisir l'aspersion, remplir le récipient et se verser le contenu sur le corps, y aller de bon coeur et ne pas avoir peur de balancer de l’eau partout dans la pièce. C’est comme ça. Et surtout de pas faire trempette dans le bassin, c’est la réserve pour tout le monde à la maison.
Ca va que là c’était la montagne et que l’humidité c’était pas ce qui manquait. Et qu’il y avait l’eau presque courante donc bon, on n’a pas trop fait de gâchis (on se rassure comme on peut).
Et puis ça va, la famille qui tenait cette petite chambre d'hôtes était tranquille. Globalement, tout était tranquille à Sembalun. Quoique ça n’avait pas super bien commencé. C’est donc la fin du trek et du Rinjani, on arrive à un village où en règle générale, un type vient chercher les marcheurs pour les ramener à leur point de départ. Comme on fait rien comme tout le monde, nous on préfère rester là. Pas de problème, le centre-village est par là, y a qu’à suivre la route, nous dit notre bon guide Mansour. Le seul soucis, c’est que c’est pas si proche que ça et qu’après trois jours de marche, on n’est pas super motivés pour marcher quelques kilomètres de plus, et qu’en plus le Lonely Planet nous embrouille en nous disant qu’il y a plusieurs village du même nom, que ci, que ça, bref on est perdu et demander aux gentilles dames le long de la routes rend les choses encore plus confuses. Heureusement, un touriste ne passant pas inaperçu, un attrape touriste arrive, et dans un anglais compréhensible nous renseigne précisément, nous trouve deux djeunz à motos pour nous conduire et, magie des téléphones portables, appelle sa femme pour nous cueillir à l’arrivée. Celle-ci nous propose de loger chez eux, son anglais parfait et son sourire jusqu’au oreille nous convainc. Et c’est en effet une sympathique petite maison, avec deux chambres pour les touristes de passage.
Bon, on est quand même sur les rotules et le trajet suivant vers le sud ne sera visiblement pas de tout repos (genre lever à 6 heures du mat et dix bemos à prendre dans la journée). Hum... après réflexion (dix secondes de réflexion), on se dit que rester une journée ici peut être sympathique. On se baladera dans les rizières qui ont l’air bien vertes.

Et en effet, elles sont bien vertes. Et il n’y a pas que du riz mais toutes sortes de légumes et salades. On se promène au milieu de tout ça et c’est la classe. On en profite car on a bien noté que si le matin le soleil est au rendez-vous, très vite les nuages rappliquent et noient tout ce beau paysage dans le brouillard.
En rentrant on tente de faire des courses dans un marché local. Mademoiselle fait la provision de fruits. Et puis on va faire la sieste parce que bon, ça nous a crevé toutes ces histoires de montagne.

Ferry

Entre l’île de Bali et l’île de Lombok il y a, je sais pas moi, disons 50 kilomètres. Y a un ferry qui met quatre heures entre le port de Padang Bai (Bali) et Lembar (Lombok). Correct, le ferry. Un peu saoulant quand une foule vendeurs envahissent le navire avant le départ. Et quand on pense être enfin au calme, la télé prend le relai. Seule solution : se trouver une place dehors sur le pont. Comme autre moyen de transports, on a le bemo qui est le bus local, version minibus de base ou version minibus encore plus de base (plus petit, deux rangées de sièges se faisant face, genre pour les collégiens qui rentrent à la maison (d’ailleurs il faudrait éclaircir ce phénomène : les élèves ont toujours l’air d’aller en cours ou d’en revenir, jamais d’y être)). Le fonctionnement est comme à peu près tous les taxis collectifs du monde : on part quand c’est plein ou quand le chauffeur est d’humeur. Sur ce dernier point à la gare routière de Mataram on a subi un chauffeur (en fait ce n’était même pas le chauffeur mais là n’est pas le problème) aux méthodes marketing les plus absurdes de l’archipel. Pour attirer le client, il klaxonne (ça encore c’est cohérent à défaut d’être agréable), et il fait osciller son véhicule (avancer puis reculer puis avancer, etc...) sur une dizaine de mètres, pile face à une rue perpendiculaire qu’il bloque dès qu’une voiture se pointe. Et quand vraiment le client se fait rare, il fait une boucle, même pas du paté de maison, juste il fait demi-tour, roule sur 50 mètres, refait demi-tour et revient à son point d’origine. Bref c’est difficile à décrire, mais soyez sûrs que c’est du plus haut degré d’absurdité et d'inefficacité. Le tout pendant deux heures. Mais bon, malgré tout j’aime bien, on voit les gens, par exemple des mamies qui vont au marché et que ma barbe fait bien délirer. En fait, le principal problème du bemo n’est pas son confort très relatif, pas non plus sa ponctualité aléatoire ni même sa célérité (son absence de célérité). Le problème, c’est que c’est du transport local, les trajets sont donc en général très courts. Si tu veux aller loin, tu devras faire des sauts de puces et changer de véhicule tous les 20 kilomètres. Au début tu crois que vu qu’il y a des gares routières ça va être plus simple, alors autant le dire tout de suite : ça n’arrange rien, surtout à Denpasar où il y a en plusieurs et rien que pour aller de l’une à l’autre tu perds en temps fou. Si t’es pas pressé, ça va. Mais en fait, en général tu es un peu pressé car les bemos s’arrêtent tôt. A 14h ça commence à être tendu et à 16h, y a plus rien. Dommage... Tout ça pour dire que les trajets sont longs alors que si tu regardes la carte de l’île, les distances sont ridiculement petites. Et c’est là que tu te dis que pour le retour tu prendras la navette à touristes. Car conscients de ce problème, les petits malins du coin (hôtels, office de tourisme et assimilés) affrètent des minibus entre les grands points de rassemblements de touristes. Alors OK, c’est bien plus cher que les bemos (trois fois ? quatre fois ?) mais c’est direct et c’est plus rapide (et reposant). J’ai l’impression que l’immense majorité des touristes ne prend que ça (et ne soupçonne pas l’existence de cette pittoresque alternative). Ou alors ils louent des motos. Dans notre cas, on a alterné. Un coup bemo, un coup truc à touristes. Là où ça devient rigolo, c’est quand a voulu aller de Kuta (Lombok) à Lembar (pour le ferry vers Bali). Le trajet, on le connait pour l’avoir fait à la locale. Lembar - Mataram en bemo (20 000 Rps / pers, je me suis bien fait avoir mais bon, on apprend avec ses erreurs), Mataram - Praya en bemo (10 000 Rps / pers), Praya - Sengkol en bemo (5 000 Rps / pers), Sengkol - Kuta en ojek (15 000 Rps / pers, je sais plus bien...). Galère donc. Mais voyant les prix des “agences” de Kuta (120 000 Rps / pers ça fait un peu mal, enfin, pour le principe, parce que dans l’absolu c’est pas si cher que ça) on se décide pour un retour à la dure. On questionne quand même tout le monde pour avoir des détails du genre y a-t-il des bemos ? d’où partent-ils ? par miracle y aurait-il des directs vers Mataram ? Personne ne sait vraiment mais bon, on ne se décourage pas (c’est l’effet apaisant de trois jours à la plage). Mais la population locale ne saurait tolérer une telle hérésie. Par le bouche à oreille notre cas circule et le matin du départ un type vient nous voir devant notre bungalow, et trop sympa (ou plutôt parce qu’il faut bien remplir son minibus qui hélas pour lui n’était pas plein) nous fait une proposition qu’on ne peut pas refuser. Et vu le prix défiant toute concurrence, on ne refuse donc pas. Ca, c’est négocier sans même avoir à négocier. Bon, un peu plus haut, j’ai parlé de ojek. C’est quoi donc ? C’est quand le réseau de bemo arrive à son terme. Pour prendre le relais il y a des petits jeunes en motos qui t’emmènent jusqu’à ta destination finale. Tu montes derrière, tu cases ton gros sac à dos comme tu peux, tu t’agrippes bien et c’est parti. Heureusement c’est en général dans des zones où le trafic est limité donc ça va, c’est pas trop l’angoisse. A Lombok, on l’a fait trois fois. En allant vers Senaru, parce qu’il était trop tard pour quoi que ce soit d’autre (en montant vers le village, on faisait face au Rinjani éclairé par le soleil couchant et c’était la classe). A Sembalun ensuite, parce qu’on savait pas où on était. Et enfin vers Kuta, parce que c’était ça ou rien.

Poissons

Mince, on n’a même pas fait de snorkelling (comme on dit). Regarder les poissons. Je sais pas, l’humeur, l’organisation et le parcours, ont fait qu’on n’a pas profité des récifs coralliens qui apparemment valent le détours. Après les bords de le Mer Rouge, c’est la deuxième fois que je passe à côté de ce genre de chose. Je suis vraiment un boulet. Globalement, la mer, on n’en a pas profité autant qu’on aurait pu. En tout et pour tout, on s’est baigné deux fois. La première à Padang Bai, la ville où on prend le ferry pour Lombok. En trainant sur le (petit) front de mer, on nous parle d’une plage pas loin et sympa. On a un après-midi de libre, let’s go. Et en effet, quand on connaît pas, difficile de tomber dessus par hasard. Pourtant c’est tout prêt. Une petite crique, quelques touristes qui ont l’air d’y avoir leurs habitudes et une poignée de warung (échoppes locales) pour distribuer les noix de coco en cas de petits creux. Du sable et l’océan. L’eau en tout cas est très bonne. Une petite trentaine de degrés. La baignade y est fort agréable. Sportive parfois quand, une vague un peu plus grosse que les autres pointe son nez et vient se fracasser sur la plage. Là, si tu n’es pas attentif, elle t’envoie tournebouler à 1200 tours/minutes pour finir la tête dans le sable. Sinon, on a plusieurs fois essayer de se baigner vers Kuta. Mais les éléments étaient contre nous. Déjà, on en a parlé, le trajet en scooter ne me mettait pas tellement dans un état propice à détente balnéaire, et en plus la marée était toujours basse quand il ne fallait pas. A Kuta, la plupart des plages sont peu profondes, et si marée basse, pas d’eau pour se baigner plus haut que les genoux. Et si en plus on ne comprend pas grand choses aux marées comme c’est le cas pour nous, on a beau faire des calculs compliqués, on se fait toujours avoir. On passe toute un journée comme ça, à espérer que la mer monte. On se pose sur le sable et on se laisse aller à la réverie. Regarder l’horizon. Ou faire des exercices de karaté. Pas de risque de passer pour des guignols, on est les seuls dans un petit recoin. In extremis, on arrivera quand même à se baigner. Tôt le matin. Plage déserte. On hésite un peu. Et puis on y va et toutes les craintes s’envolent : c’est génial.

Gunnung Rinjani

Gunnung Rinjani En Indonésie , chaque île à son volcan. Bali a son Gunnung Agung, Lombok a son Gunnung Rinjani. Point de rencontre de tous les sportifs motivés par autre chose que le surf, les pentes du Rinjani sont assez fréquentées. Enfin, par rapport aux autres lieux de rassemblements touristiques, ça reste modeste. Donc, le Rinjani, 3726 mètres d’altitude. Et des randonneurs dessus. Le trajet classique, c’est de faire ça en trois jours. Comme c’est un parc national et que l’association de guide locale tient à son business, il est obligatoire de ne pas partir tout seul, donc, un guide (ce qui est bien compréhensible vu que la grande majorité des visiteurs n’est pas spécialisée dans la haute montagne), mais aussi des porteurs (un pour deux personnes grosso modo). Difficile de passer outre ce système à moins de se perdre en négociations. C’est toujours un peu casse pieds ces histoires porteurs. D’accord, ce sont des gens habitués à la montagne (encore que, pas sûr, ils avait l’air de venir de différents endroits de l’île), ils ont la forme, la connaissance du terrain, et c’est un moyen comme un autre de gagner sa vie. N'empêche que c’est un boulot de chien, que les conditions dans lesquelles ils le font ne sont pas glorieuses (en tongs, en trimballant des affaires un bambou sur l’épaule les paquets à chaque extrémités) que c’est sûrement les moins bien payés de tout le système (guide, parc, intermédiaires divers), et qu’ils ne feront sûrement pas de vieux os (malgré une hypothétique promotion en tant que guide). Là où le système est traître, c’est que au début on peut se dire que en effet, c’est un scandale tout ça, mais après quelques heures de montée dans les cailloux, on se trouve bien content de n’avoir à trimballer que ses affaires et pas le matos de cuisine et les tentes. Enfin bref, à peine arrivés au petit village de Senaru, sur les pentes nord du volcan, on nous propose un circuit avec un autre groupe et l’affaire est pliée assez vite. Dès le lendemain matin, on part. Nous montons donc avec trois allemands et un couple de bruxellois (dont un basque). Et un guide donc, dont le nom de famille est Mansour. Eh oui. Le premier jour on monte bien, 2000 mètres de dénivelé positifs. D’abord dans la foret. C’est tranquille, presque un peu décevant (where are the snakes ? where are the tigers ?). Et puis d’un coup la végétation se clairsème et fait place à de la prairie. Et d’ailleurs, que voit-on vers l’ouest, là au dessus des nuages en contrebas ? On voit les volcans de Bali. Et c’est joli. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui va suivre. Si une fois en haut, au bord du cratère au regarde de l’autre côté on verra la caldeira au fond de laquelle se trouve un grand lac, au milieu duquel se trouve un mini cratère de mini volcan. Et là, honnêtement, cela stupéfie la petite foule de marcheurs. Et ça tombe bien, c’est là qu’on va camper. En fait il y a plusieurs groupes. Je me demande combien ça fait en tout. Une cinquantaine de personnes peut-être. Chaque groupe fait son petit tas de tente et les porteurs font cuire le riz et les espèce de galettes de crevettes frites (dont on se lasse très très vite). C’est un peu dommage d’être ainsi les uns sur les autres. C’est dommage aussi que cette promiscuité accentue le côté un peu décharge de l’endroit (vieux morceaux de papier toilettes partout). Un allemand bavard content de pratiquer son français discute encore et encore, épaté de voir en Mademoiselle une révolutionnaire qui va place Tahrir. Et c’est un pote de Dominik Moll (le cinéaste). A la nuit tombée, il fait froid. Au lit. Deuxième jour, on descend vers le lac. Le chemin n’est pas facile. Cailloux, pente raide, ça tue les genoux. Je commence à avoir un peu mal au bide. A la mi-journée, une fois au niveau de l’eau, on fait un crochet vers des sources d’eau chaude. Cadre idyllique ou presque avec petite cascade et tout, l’eau est en effet brulante. Effet relaxant total. Mais une fois sorti du bain, toute énergie a déserté nos pauvres corps. Remède : baignade dans l’eau plus fraîche de la rivière. Et c’est reparti. Sur les bords du lac, des pécheurs. Au milieu, le mini volcan a des hoquets, on entend des bruits bizarres et de la poussière qui s’élève. L’après midi est plus sportive, on remonte de l’autre côté du cratère. La montée sera aussi raide que l’a été la descente du matin. Le soleil en plus. On commence un peu à fatiguer. Comme précédemment, tout le monde campe au même endroit. Ce coup-ci il y a un peu plus de monde car on se rapproche d’un village d’où partent les marcheurs les plus pressés, ceux qui veulent monter au sommet en deux jours plutôt que trois. Oui, le sommet. Il nous attend, il nous faudra nous lever à 2 heures du mat’ et se taper 1000 mètres de dénivelé dans le noir, le long d’un chemin que la rumeur décrit comme exécrable. Ca promet. En attendant, on va faire un tour vers petite une source où les uns se lavent les pieds et les autres remplissent leur gourde.

Rizières

A Bali, y a plein de rizières. Partout. Ca peut même devenir un argument touristique, se balader au milieu de petits carrés tout vert ou pousse du riz. La ville d’Ubud, au peu au centre de Bali est là pour ça. Et même plus que ça, Ubud se place à la pointe du tourisme écolo (rizière) culturo (pestacles) zen. En général, tout le monde adore Ubud. C’est beau, c’est calme, c’est un peu le lieu de villégiature idéal. C’est là qu’on pose nos bagages dès la sortie de l’avion. Et c’est vrai que... Comment dire... déjà, notre hotel est niché au milieu de petites maisons et de courettes, la vue de notre chambre donne sur des rizières (et on est dans le “centre ville”), rizières desquelles s’élèvent, à toutes heures du jour et de la nuit, de joyeux (et assourdissants) bruits de bestioles (grenouilles, grillons, etc...). Si, en plus l’hotel, est plutôt classe et confortable, franchement, on se dit qu’on a bien fait de venir... Pour une première approche de l’île, Ubud, c’est pas mal. On y découvre les scooters fous, les temples partout, les offrandes tous les matins sur le pas de porte, les gens qui balaient devant chez eux (jeunes, vieux, hommes, femmes, tout le monde balaie), la nature dévorante. Ubud c’est aussi de nombreux temples hindouistes plus ou moins impressionnants. Temples dans lesquels prospère l’autre industrie pour touristes : les spectacles. Il s’agit en général de danses et musiques traditionnelles, par exemple, d’un côté tout un tas de musiciens (surtout percussions), de l’autre des danseurs déguisés, le tout contant quelque légende populaire. Pour le profane c’est quand même assez hermétique, heureusement, une notice explicative est là pour nous éclairer. C’est très bizarre cette histoire. D’un côté c’est un système très bien rodé (la liste des spectacles au jour le jour est dispo à l’office du tourisme et un peu partout, il y a un roulement entre les temples, les vendeurs de billets sont bien organisés...), d’un autre côté, il s’agit de danses locales et traditionnelles (à quel point, je ne saurai dire) qui sont quand même difficiles d’accès pour des occidentaux qui ne peuvent que se laisser bercer par la musique et s’étonner des déguisements. Donc c’est quoi tout ça ? un truc formatté pour touristes en mal d’exotisme et de bizarrerie ? ou une manière originale de faire vivre une culture locale tout en gagnant un peu de sous ? ou les deux ? Bref, dans les faits, c’est pas mal. Et puis les musiciens / danseurs ont l’air de s’amuser. A la fin, en sortant, on les voit tous en train de se changer au milieu de masques de dragons et de costumes compliqués. Une bonne ambiance. On en a testé un autre à la toute fin du voyage, un spectacle d’ombres de marionnettes. Inspiré du Ramayana (là aussi, heureusement que c’était écrit à l’entrée parce que j’aurais pas reconnu tout seul). Là aussi sympathique mais un peu obscur pour les non-initiés. Et là aussi, à la fin, les artistes nous montrent les dessous de l’affaire. Ubud, c’est donc aussi la nature. Le Lonely Planet regorge d’idées de ballades. On se laisse tenter, forcément. Bon, on se perd un peu, forcément. Mais c’est pas grave, on louvoit entre les villages, on s’imprègne du lieu. En rentrant on tombe sur un parc à singes. Plein de petits singes que les touristes peuvent taquiner, à moins que ce ne soit l’inverse. Et puis, il y a les rizières. Au milieu de la ville, des rizières. Et là aussi, ça fait des idées de ballades. Le long de chemins étroits entre les parcelles. Etroits mais deux scooters peuvent se croiser sans s'arreter. Du vert. Partout. Quelques canards batifolent. Quelques travailleurs travaillent. On va dire que c’est paisible. Et c’est pour ça que les touristes adorent Ubud, ça les repose après les folles soirées entre surfers à Kuta. Pour nous qui ne fréquentons pas les surfers, on sera peut-être moins enthousiastes, sentant que l’artificialité menace, mais bon, on ne va pas bouder notre plaisir non plus..

Jardin botanique

Après quelques jours à Kuta (Lombok), nous retournons vers Bali et cette fois-ci nous allons vers la montagne. Un coin avec des lacs et tout. Déjà pour y aller depuis Padang Bai, c’est toute une histoire mais bon. D’ailleurs, dans le dernier bemo on croise un balinais qui connaît Saint Nazaire (parce qu’il travaillait dans un bateau qui y avait fait escale). Une fois arrivé, la déception est un poil au rendez-vous : il fait tout gris, on baigne dans les nuages. Et puis comme on ne connaît pas bien le coin on se fait déposer un peu au hasard sur la route et renseignements pris, les hôtels pas chers sont un peu plus loin, il nous faut donc marcher encore un peu à côté des voitures. Bof. On trouve donc un coin où dormir, un petit hôtel tranquille plein de chiens, de chats, des plantes, mais sans touristes. Que faire ? On peut aller voir le temple Pura Ulun Danu Bratan, gros temple hindouiste bâti sur les bords du lac, ou plutôt dans le lac, sur de petits îlots. Sauf que là en ce moment c’est une période de grosses cérémonies religieuses, ça dure un mois, c’est tout les dix ans, et on nous dit qu’au mieux on pourra faire des photos de la foule de loin. Mouais... Avec le recul, je me dis que c’est un peu dommage de ne pas avoir fait un petit effort pour y faire un tour, mais sur le coup, on n’était pas trop d’humeur. Donc direction le parc botanique. Oui, pour une raison mystérieuse, il y a un parc botanique ici. Et il est très chouette. Immense. Désert (en tout cas en semaine). Nickel (et pourtant on ne voit aucun jardinier s’activer à l’entretien). Pour les amateurs végétophiles, ce doit être super. Pour les contemplatifs feignants comme nous c’est très bien aussi. On se promène de ça de là. On croise un immense banian qui s'enchevêtre en tous sens. Quel arbre invraisemblable, franchement... Dans un coin, un parcours d’accrobranche (dommage, on n’a pas trop le temps). Un jeune gars qui nous prend en photo (va savoir). De l’herbe tendre où s’asseoir. Quelques flamboyants mettant un peu de couleur dans ce ciel grisâtre. Et le calme... Bref un endroit idéal pour perdre plusieurs heures à ne rien faire (mais alors rien de rien). Il faut donc bien admettre que sous des dehors plutôt tristounets, Candikuning peut avoir son charme. Une nouvelle preuve le lendemain où malgré la pluie qui menace nous partons à l’assaut d’une montagnette en bordure du lac. Le Lonely planet y décrit une balade qui semble sympathique. Le chemin se fait dans la forêt, une bonne forêt avec les arbres les uns sur les autres, les feuilles assez grosses pour faire un parapluie, bref, une forêt tellement dense qu’on ne voit pas à travers. Déjà qu’on est dans le brouillard, on n’a encore moins de chance d’admirer le paysage (que l’on suppose grandiose et cartepostalesque). Mine de rien le chemin est assez long et pas si facile, l’humidité ambiante rend le terrain glissant et la pente impose parfois d’y aller à quatre pattes. Cela nous prend donc plusieurs heures pour arriver au sommet du Gunug Catur (2096 mètres) où se trouve le Pura Pucak Mangu, petit temple de circonstance. Plusieurs singes traînent dans le coin. Et mangent les offrandes. Ce n’est pas bien clair, sont-ce offrandes pour le temple ou pour les singes, à moins que les deux se confondent. Bref, il y a du riz et les singes se régalent. Les nuages s’écartent juste assez pour qu’on puisse, l’espace d’un instant, voir des bouts de paysages. C’est là qu’on se rend compte que l’île est toute petite. Tout semble à portée de main. Finalement, ce petit tour nous aura pris la journée. On aura croisé personne. Sauf à la toute fin, un petit groupe de français (théorème : si un lieu est mentionné dans le Lonely Planet ou le Guide du Routard, il y a forcément des français). En arrivant en ville on croise une procession religieuse. Quand on dit que la religion est présente partout tout le temps à Bali, c’est pas des blagues. Des gens en tenue de cérémonie, des gongs et des oriflammes. Sur la route. Mais c’est très bien encadré, des gars avec talkie-walkie font la circulation et aucune voiture (ni moto) n’essaie de perturber cette belle organisation. Probablement le phénomène routier le plus rigoureux de notre séjour. De retour à l'hôtel, c’est la grande classe : la première douche chaude depuis deux semaines. Allez, le lendemain avant de prendre le bus, on va refaire un rapide tour au jardin botanique. Ce jour là il fait beau. Grand soleil. Mais c’est la fin du voyage. Pas de balade autour des lacs, pas d’accrobranche, pas de temple les pieds dans l’eau. Dommage.

Voie Lactée

Bon... La montée au sommet du Rinjani, je n’en ai encore rien dit. Lever en pleine nuit. Un vent d’enfer nous a bien empêché de profiter de ces quelques heures de repos. Déjà le thé du petit déj ne passe pas très bien. Et on commence à monter. Mademoiselle n’a pas de lampes et n’a pas vraiment envie de s’emmerder à crapahuter dans ces conditions : elle s’arrète assez vite et retourne finir sa nuit. Je continue. C’est bien raide. Le terrain n’est pas super facile et le groupe a tendance à foncer. Pas cool. Je galère de plus en plus et quand je commence à être trop à la traine, que j’ai mal au bide, en bref, que ça devient pénible et que le sommet est encore loin, je dis stop. Comme il fait encore bien nuit et qu’il ne serait pas trop raisonnable de redescendre tout seul, je me case dans un coin à l’abri du vent (ça caille). Et j’attends. Je me console en regardant les étoiles. Et parfois des gens qui vont vers le sommet. A cette heure-ci, ce sont ceux qui galèrent pas mal. Par exemple une singapourienne qui se fait trainer par son copain grâce à une corde. Et là je suis bien content d’avoir laissé tomber. Ca doit rester un plaisir. Faire un exploit histoire de faire un exploit, ça n’a pas trop de sens. Je reste donc sur mon petit rocher jusqu’à ce que le jour commence à poindre, que les tours de l’île commencent à se dessiner. J’ai dû rester deux heures comme ça, seul et dans le froid, mais putôt serein et malgré tout satisfait : moi au moins je faisais un truc que les autres ne faisaient pas, je rêvassais dans la montagne, sous les étoiles...