dimanche 20 mai 2012

Contexte

: Géorgie / Arménie
Quand : du 20 mai au 2 juin 2012
Avec qui : Mademoiselle


Etapes :
Géorgie:
- Tbilisi (თბილისი)
- Kazbegi (ყაზბეგი)
- Borjomi (ბორჯომი)

Arménie:
- Dilidjan (Դիլիջան)
- Stepanavan (Ստեփանավան)

Caucase


Là c’est la carte de la région car je sais pertinemment que ce coin ne vous est pas très familier. Mais pourquoi donc la Géorgie ? Autant évacuer la question tout de suite. Tout le monde la pose. Vraiment. C’est systématique. Visiblement, c’est une sorte de trou noir dans l’imaginaire français. Ca n’évoque rien. En creusant, on repense aux troubles récents en Ossétie (parce que notre président est allé faire le kéké pour l’occasion). Les gens qui ont les idées un peu claires se souviennent de l’Abkhazie. Ceux qui ont un atlas sous la main se rendent compte que la Tchétchénie est juste à côté. D’où la question qui vient du bout des lèvres : mais ça craint pas un peu là-bas ? Bon, comme on parle de monastères perdus dans la montagne plutôt que de mosquées, les gens sont rassurés. Donc oui, pourquoi la Géorgie ? Parce que les photos sur le guide emprunté à la bibliothèque sont plus belles que celles sur le guide de l’Arménie emprunté à la même bibliothèque. 
Ca paraît une bonne raison.

jeudi 2 juin 2011

Contexte

: Indonésie (Bali et Lombok)
Quand : du 2 au 19 juin 2011
Avec qui : Mademoiselle




Etapes :
Bali :
- Ubud
- Candikuning

Lombok :
- Rinjani
- Kuta

Fourmis

Alors bon, on dit, oui Lombok, c’est l’île des piments (lombok = piment en indonésien). Non. Lombok c’est l’île des fourmis. Je veux dire, on a beau essayer de planquer le mieux possible les denrées périssables pour lesquelles on observe un fort tropisme chez ces petites bêtes (dans plusieurs sacs en plastiques bien fermés, pendus dans un endroit inaccessible), ce sera peine perdue, quelques instants plus tard, une armée d’hyménoptères sera à l’assaut (et bouffera tout). Y a rien à faire. Il y arrive un moment où on abandonne tout espoir. Enfin bon, c’est pas la mort non plus. Et en règle générale, niveau bestiole, ça va à peu près. Les moustiques sont plutôt indulgents, les margouillats (ou les geckos, ou les tarentes, faites votre choix) se font discrets, pas de serpents en vue (ou alors écrasés sur la route à Sembalun), bref, ça va. Même si on sent dans certains coins qu’il ne faut pas trop insister et éviter des regarder dans les recoins. A Kuta par exemple, je savais qu’il ne fallait pas regarder le plafond du bungalow, je sentais bien que c’était une mauvaise idée, que j’allais forcément trouver quelque chose qui ne me plairait pas. Eh ben ça a pas raté. Une bonne grosse araignée. Au dessus du lit. Hiiiikkk ! C’est quand même bizarre. Pourquoi les geckos sont-ils répertoriés par la tradition populaire dans la catégorie des bestioles sympathoches (sous-classe : et utiles en plus parce que ça bouffe les moustiques) alors que les araignées sont dans la catégorie sale bête (sous classe : pleine de pattes, berk) ? Toujours est-il que les araignées, passée une certaine taille, moi j’aime pas ça. Mademoiselle n’écoutant que son bon coeur va jouer à la fille trouillarde auprès du gardien qui courageusement armé de son balais essaie de la chasser (l’araignée). Raté. Mais elle est partie, et de toute façon nous informe-t-il, c’est pas des dangereuses. Donc bon, quand elle est revenue (pile au même endroit) deux jours plus tard, on lui a foutu la paix. Même pas peur. En fait, c’est surtout parce qu’il y avait la moustiquaire pour nous éviter un face-à-face durant la nuit.

Bananes

Amis routard, si tu n’aimes pas les fruits, ne va pas en Asie (Confucius).
Où nous sommes allés, l’alimentation se compose principalement de riz, fruits et légumes. Contrairement à l’Argentine, un végétarien y serait très heureux. Des fois ça vire au n’importe quoi comme à Ubud où l’on atterrit dans un resto spécial touristes bobo-écolos-maxhavelaariens-végétariens (voire végétaliens, voire végétaliens qui ne mangent pas les trucs cuits à plus de 40°C) qui servait des trucs très élaborés mais chers et minuscules. A ce compte là vive les bols de riz et la soupe d’épinard. Sur les côtes, on a du bon poisson que tu choisis au hasard parce que bon, les noms ne te disent pas grand chose. Du mahi-mahi ? des variétés de marlin ? du barracuda ? Dans tous les cas c’est bien bon. Donc voilà, en général, une bouffe simple et bonne. Mais il faut bien montrer que tu es un touriste faible et peureux et toujours s'inquiéter de la quantité de piment susceptible d’atterrir dans ton plat.
Et quand on est à cours d’idées, un gars vient nous offrir des fruits étranges et mystérieux. Comme les salaks (genre une figue avec des écailles et à l’intérieur des quartiers de pommes au goût d’ananas). Ou des mangoustans (l’Académie Française parle plutôt de mangoustes), il faut appuyer dessus pour casser la coque et trouver à l’intérieur des trucs qui ressemblent à des larves des hannetons (ou l’idée qu’on s’en fait) et ont un vague goût de lychee.
Sinon, en montagne comme à Sembalun ou Candikuning l’air y est assez frais pour cultiver des fraises dont les gens sont très fiers (y a pas tellement de quoi mais bon).

Scooter

Bon, ça c’était la connerie du voyage, après tout, il en faut bien une.
Les deux roues en Indonésie, c’est indispensable. Tout le monde en a. Il y a en a partout, tout le temps. Il faut bien avouer que c’est très pratique pour se déplacer vu les transports en commun et l’état des routes et de la circulation. Et c’est bien moins cher qu’un voiture.
Et donc, si les autochtones en ont, pourquoi pas les touristes. La location de scooter se fait de la façon la plus simple (et bon marché) qui soit. On ne vérifie pas que vous savez conduire, on ne refile pas de casque (sauf si vous insistez), le concept d’assurance doit être de la science-fiction. Et c’est parti. Du coup, plein de touristes s’en procurent un et vadrouillent avec dans les îles. Objectivement c’est sûrement la meilleur chose à faire.
Sauf que bon, ni moi ni Mademoiselle ne savons conduire ça. Perso, je n’aime pas trop les deux roues, j’ai toujours un peu peur. Mais Mademoiselle, ça l’amuse. Et à force de persuasion, elle a gagné le droit d’en faire à Kuta (Lombok). C’est calme (on n’est pas à Ubud, encore moins à Denpasar), les routes sont peu fréquentées, peu de voitures, on devrait être tranquille même si on conduit à deux à l’heure. Moi je fais un peu la gueule mais je laisse faire. Aucun problème donc pour trouver un véhicule et après quelques tours d’échauffement, c’est parti. Mademoiselle conduit et moi je m'agrippe à ce que je peux derrière (et je serre les dents parce que bon, quelle idée à la con, on va se viander bordel). On longe la côté, c’est ce que tout le monde conseille de faire. Longer la côte et trouver une plage tranquille rien que pour soi.
Côté est. La route est bonne car il y a un Novotel top luxe dans le coin. On se perd un peu avant d’arriver à un petit village de pécheurs et de surfeurs. Au creux d’une petite anse, ça a son petit côté baie d’Halong, avec des collines bien rondes sur les bords. On poursuit à pied le long d’un chemin. Pas longtemps car cela ne semble mener à rien et il fait chaud. On retrouve le bord de mer et à la faveur de la marée basse on longe le rivage. On se pose dans un coin d’une petite plage uniquement fréquentée par les pécheurs du coin ainsi qu’un type étrange qui pète les cailloux avec son petit marteau (il cherche des coquillages ? des fossiles ? de l’or ?).
On reprend la route dans l’autre sens et on attaque le côté ouest. Ca commence mal. La route est pourrie. Mais vraiment. Dès le début, une montée très raide alors que le revêtement de la route est purement théorique, les pluies s’étant bien appliquées à creuser des tranchées partout. En conducteurs inexpérimentés que nous sommes c’est galère. Au point qu’à un moment j’ai l’impression que je vais passer par dessus bord donc Mademoiselle continue avec son engin, moi je la rejoints en haut de la montée. La suite est plus tranquille sans être pour autant très rassurante. Et pourtant nous arrivons jusqu’à Mawi, une plage toute mignonne (et déserte à cette heure ci). Ca c’est du bon coin. On se plonge dans la contemplation de la mer mais on ne se baigne pas. Je ne sais pas. La journée va bientôt se terminer, le trajet ne me met pas à l’aise (on l’aura compris...). Bref, encore une fois on rate l’occasion de se baigner.
Quant au retour, que dire, la route est glissante, on perd la maîtrise du scooter, blim, accident. Ouf, c’est pas nous, c’est quelqu’un d’autre qui roule devant nous (rien de grave).

Mandi

Ah ah ah, ça c’est la bonne gaffe du séjour, après tout, il en faut bien une. Bon un mandi, c’est la salle de bain locale et elle ne correspond pas vraiment aux critères que l’on connaît. Sur son fonctionnement je veux dire. Donc voilà : dans la salle de bain, un bassin avec plein d’eau dedans. Comment faire ? Mademoiselle ne se pose pas plus de questions que ça, et s’en sert plus ou moins comme une baignoire. A mon tour. Hum... c’est quand même de l’eau bien propre, ce serait dommage de la salir comme ça. Je tente un compromis : je m’asperge (dans la mesure où la fraîcheur de l’eau le permet) avec le petit récipient fourni, je fais attention de pas en mettre partout, et quand c’est vraiment galère je fais comme Mademoiselle. Pas super pratique, mais après tout, ça fait plusieurs jours qu’on a pas pris de douche et qu’on crapahute dans la montagne, on va pas faire les délicats.
Renseignement pris après coup, ça ne marche pas comme ça. Il faut choisir l'aspersion, remplir le récipient et se verser le contenu sur le corps, y aller de bon coeur et ne pas avoir peur de balancer de l’eau partout dans la pièce. C’est comme ça. Et surtout de pas faire trempette dans le bassin, c’est la réserve pour tout le monde à la maison.
Ca va que là c’était la montagne et que l’humidité c’était pas ce qui manquait. Et qu’il y avait l’eau presque courante donc bon, on n’a pas trop fait de gâchis (on se rassure comme on peut).
Et puis ça va, la famille qui tenait cette petite chambre d'hôtes était tranquille. Globalement, tout était tranquille à Sembalun. Quoique ça n’avait pas super bien commencé. C’est donc la fin du trek et du Rinjani, on arrive à un village où en règle générale, un type vient chercher les marcheurs pour les ramener à leur point de départ. Comme on fait rien comme tout le monde, nous on préfère rester là. Pas de problème, le centre-village est par là, y a qu’à suivre la route, nous dit notre bon guide Mansour. Le seul soucis, c’est que c’est pas si proche que ça et qu’après trois jours de marche, on n’est pas super motivés pour marcher quelques kilomètres de plus, et qu’en plus le Lonely Planet nous embrouille en nous disant qu’il y a plusieurs village du même nom, que ci, que ça, bref on est perdu et demander aux gentilles dames le long de la routes rend les choses encore plus confuses. Heureusement, un touriste ne passant pas inaperçu, un attrape touriste arrive, et dans un anglais compréhensible nous renseigne précisément, nous trouve deux djeunz à motos pour nous conduire et, magie des téléphones portables, appelle sa femme pour nous cueillir à l’arrivée. Celle-ci nous propose de loger chez eux, son anglais parfait et son sourire jusqu’au oreille nous convainc. Et c’est en effet une sympathique petite maison, avec deux chambres pour les touristes de passage.
Bon, on est quand même sur les rotules et le trajet suivant vers le sud ne sera visiblement pas de tout repos (genre lever à 6 heures du mat et dix bemos à prendre dans la journée). Hum... après réflexion (dix secondes de réflexion), on se dit que rester une journée ici peut être sympathique. On se baladera dans les rizières qui ont l’air bien vertes.

Et en effet, elles sont bien vertes. Et il n’y a pas que du riz mais toutes sortes de légumes et salades. On se promène au milieu de tout ça et c’est la classe. On en profite car on a bien noté que si le matin le soleil est au rendez-vous, très vite les nuages rappliquent et noient tout ce beau paysage dans le brouillard.
En rentrant on tente de faire des courses dans un marché local. Mademoiselle fait la provision de fruits. Et puis on va faire la sieste parce que bon, ça nous a crevé toutes ces histoires de montagne.

Ferry

Entre l’île de Bali et l’île de Lombok il y a, je sais pas moi, disons 50 kilomètres. Y a un ferry qui met quatre heures entre le port de Padang Bai (Bali) et Lembar (Lombok). Correct, le ferry. Un peu saoulant quand une foule vendeurs envahissent le navire avant le départ. Et quand on pense être enfin au calme, la télé prend le relai. Seule solution : se trouver une place dehors sur le pont. Comme autre moyen de transports, on a le bemo qui est le bus local, version minibus de base ou version minibus encore plus de base (plus petit, deux rangées de sièges se faisant face, genre pour les collégiens qui rentrent à la maison (d’ailleurs il faudrait éclaircir ce phénomène : les élèves ont toujours l’air d’aller en cours ou d’en revenir, jamais d’y être)). Le fonctionnement est comme à peu près tous les taxis collectifs du monde : on part quand c’est plein ou quand le chauffeur est d’humeur. Sur ce dernier point à la gare routière de Mataram on a subi un chauffeur (en fait ce n’était même pas le chauffeur mais là n’est pas le problème) aux méthodes marketing les plus absurdes de l’archipel. Pour attirer le client, il klaxonne (ça encore c’est cohérent à défaut d’être agréable), et il fait osciller son véhicule (avancer puis reculer puis avancer, etc...) sur une dizaine de mètres, pile face à une rue perpendiculaire qu’il bloque dès qu’une voiture se pointe. Et quand vraiment le client se fait rare, il fait une boucle, même pas du paté de maison, juste il fait demi-tour, roule sur 50 mètres, refait demi-tour et revient à son point d’origine. Bref c’est difficile à décrire, mais soyez sûrs que c’est du plus haut degré d’absurdité et d'inefficacité. Le tout pendant deux heures. Mais bon, malgré tout j’aime bien, on voit les gens, par exemple des mamies qui vont au marché et que ma barbe fait bien délirer. En fait, le principal problème du bemo n’est pas son confort très relatif, pas non plus sa ponctualité aléatoire ni même sa célérité (son absence de célérité). Le problème, c’est que c’est du transport local, les trajets sont donc en général très courts. Si tu veux aller loin, tu devras faire des sauts de puces et changer de véhicule tous les 20 kilomètres. Au début tu crois que vu qu’il y a des gares routières ça va être plus simple, alors autant le dire tout de suite : ça n’arrange rien, surtout à Denpasar où il y a en plusieurs et rien que pour aller de l’une à l’autre tu perds en temps fou. Si t’es pas pressé, ça va. Mais en fait, en général tu es un peu pressé car les bemos s’arrêtent tôt. A 14h ça commence à être tendu et à 16h, y a plus rien. Dommage... Tout ça pour dire que les trajets sont longs alors que si tu regardes la carte de l’île, les distances sont ridiculement petites. Et c’est là que tu te dis que pour le retour tu prendras la navette à touristes. Car conscients de ce problème, les petits malins du coin (hôtels, office de tourisme et assimilés) affrètent des minibus entre les grands points de rassemblements de touristes. Alors OK, c’est bien plus cher que les bemos (trois fois ? quatre fois ?) mais c’est direct et c’est plus rapide (et reposant). J’ai l’impression que l’immense majorité des touristes ne prend que ça (et ne soupçonne pas l’existence de cette pittoresque alternative). Ou alors ils louent des motos. Dans notre cas, on a alterné. Un coup bemo, un coup truc à touristes. Là où ça devient rigolo, c’est quand a voulu aller de Kuta (Lombok) à Lembar (pour le ferry vers Bali). Le trajet, on le connait pour l’avoir fait à la locale. Lembar - Mataram en bemo (20 000 Rps / pers, je me suis bien fait avoir mais bon, on apprend avec ses erreurs), Mataram - Praya en bemo (10 000 Rps / pers), Praya - Sengkol en bemo (5 000 Rps / pers), Sengkol - Kuta en ojek (15 000 Rps / pers, je sais plus bien...). Galère donc. Mais voyant les prix des “agences” de Kuta (120 000 Rps / pers ça fait un peu mal, enfin, pour le principe, parce que dans l’absolu c’est pas si cher que ça) on se décide pour un retour à la dure. On questionne quand même tout le monde pour avoir des détails du genre y a-t-il des bemos ? d’où partent-ils ? par miracle y aurait-il des directs vers Mataram ? Personne ne sait vraiment mais bon, on ne se décourage pas (c’est l’effet apaisant de trois jours à la plage). Mais la population locale ne saurait tolérer une telle hérésie. Par le bouche à oreille notre cas circule et le matin du départ un type vient nous voir devant notre bungalow, et trop sympa (ou plutôt parce qu’il faut bien remplir son minibus qui hélas pour lui n’était pas plein) nous fait une proposition qu’on ne peut pas refuser. Et vu le prix défiant toute concurrence, on ne refuse donc pas. Ca, c’est négocier sans même avoir à négocier. Bon, un peu plus haut, j’ai parlé de ojek. C’est quoi donc ? C’est quand le réseau de bemo arrive à son terme. Pour prendre le relais il y a des petits jeunes en motos qui t’emmènent jusqu’à ta destination finale. Tu montes derrière, tu cases ton gros sac à dos comme tu peux, tu t’agrippes bien et c’est parti. Heureusement c’est en général dans des zones où le trafic est limité donc ça va, c’est pas trop l’angoisse. A Lombok, on l’a fait trois fois. En allant vers Senaru, parce qu’il était trop tard pour quoi que ce soit d’autre (en montant vers le village, on faisait face au Rinjani éclairé par le soleil couchant et c’était la classe). A Sembalun ensuite, parce qu’on savait pas où on était. Et enfin vers Kuta, parce que c’était ça ou rien.

Poissons

Mince, on n’a même pas fait de snorkelling (comme on dit). Regarder les poissons. Je sais pas, l’humeur, l’organisation et le parcours, ont fait qu’on n’a pas profité des récifs coralliens qui apparemment valent le détours. Après les bords de le Mer Rouge, c’est la deuxième fois que je passe à côté de ce genre de chose. Je suis vraiment un boulet. Globalement, la mer, on n’en a pas profité autant qu’on aurait pu. En tout et pour tout, on s’est baigné deux fois. La première à Padang Bai, la ville où on prend le ferry pour Lombok. En trainant sur le (petit) front de mer, on nous parle d’une plage pas loin et sympa. On a un après-midi de libre, let’s go. Et en effet, quand on connaît pas, difficile de tomber dessus par hasard. Pourtant c’est tout prêt. Une petite crique, quelques touristes qui ont l’air d’y avoir leurs habitudes et une poignée de warung (échoppes locales) pour distribuer les noix de coco en cas de petits creux. Du sable et l’océan. L’eau en tout cas est très bonne. Une petite trentaine de degrés. La baignade y est fort agréable. Sportive parfois quand, une vague un peu plus grosse que les autres pointe son nez et vient se fracasser sur la plage. Là, si tu n’es pas attentif, elle t’envoie tournebouler à 1200 tours/minutes pour finir la tête dans le sable. Sinon, on a plusieurs fois essayer de se baigner vers Kuta. Mais les éléments étaient contre nous. Déjà, on en a parlé, le trajet en scooter ne me mettait pas tellement dans un état propice à détente balnéaire, et en plus la marée était toujours basse quand il ne fallait pas. A Kuta, la plupart des plages sont peu profondes, et si marée basse, pas d’eau pour se baigner plus haut que les genoux. Et si en plus on ne comprend pas grand choses aux marées comme c’est le cas pour nous, on a beau faire des calculs compliqués, on se fait toujours avoir. On passe toute un journée comme ça, à espérer que la mer monte. On se pose sur le sable et on se laisse aller à la réverie. Regarder l’horizon. Ou faire des exercices de karaté. Pas de risque de passer pour des guignols, on est les seuls dans un petit recoin. In extremis, on arrivera quand même à se baigner. Tôt le matin. Plage déserte. On hésite un peu. Et puis on y va et toutes les craintes s’envolent : c’est génial.

Gunnung Rinjani

Gunnung Rinjani En Indonésie , chaque île à son volcan. Bali a son Gunnung Agung, Lombok a son Gunnung Rinjani. Point de rencontre de tous les sportifs motivés par autre chose que le surf, les pentes du Rinjani sont assez fréquentées. Enfin, par rapport aux autres lieux de rassemblements touristiques, ça reste modeste. Donc, le Rinjani, 3726 mètres d’altitude. Et des randonneurs dessus. Le trajet classique, c’est de faire ça en trois jours. Comme c’est un parc national et que l’association de guide locale tient à son business, il est obligatoire de ne pas partir tout seul, donc, un guide (ce qui est bien compréhensible vu que la grande majorité des visiteurs n’est pas spécialisée dans la haute montagne), mais aussi des porteurs (un pour deux personnes grosso modo). Difficile de passer outre ce système à moins de se perdre en négociations. C’est toujours un peu casse pieds ces histoires porteurs. D’accord, ce sont des gens habitués à la montagne (encore que, pas sûr, ils avait l’air de venir de différents endroits de l’île), ils ont la forme, la connaissance du terrain, et c’est un moyen comme un autre de gagner sa vie. N'empêche que c’est un boulot de chien, que les conditions dans lesquelles ils le font ne sont pas glorieuses (en tongs, en trimballant des affaires un bambou sur l’épaule les paquets à chaque extrémités) que c’est sûrement les moins bien payés de tout le système (guide, parc, intermédiaires divers), et qu’ils ne feront sûrement pas de vieux os (malgré une hypothétique promotion en tant que guide). Là où le système est traître, c’est que au début on peut se dire que en effet, c’est un scandale tout ça, mais après quelques heures de montée dans les cailloux, on se trouve bien content de n’avoir à trimballer que ses affaires et pas le matos de cuisine et les tentes. Enfin bref, à peine arrivés au petit village de Senaru, sur les pentes nord du volcan, on nous propose un circuit avec un autre groupe et l’affaire est pliée assez vite. Dès le lendemain matin, on part. Nous montons donc avec trois allemands et un couple de bruxellois (dont un basque). Et un guide donc, dont le nom de famille est Mansour. Eh oui. Le premier jour on monte bien, 2000 mètres de dénivelé positifs. D’abord dans la foret. C’est tranquille, presque un peu décevant (where are the snakes ? where are the tigers ?). Et puis d’un coup la végétation se clairsème et fait place à de la prairie. Et d’ailleurs, que voit-on vers l’ouest, là au dessus des nuages en contrebas ? On voit les volcans de Bali. Et c’est joli. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui va suivre. Si une fois en haut, au bord du cratère au regarde de l’autre côté on verra la caldeira au fond de laquelle se trouve un grand lac, au milieu duquel se trouve un mini cratère de mini volcan. Et là, honnêtement, cela stupéfie la petite foule de marcheurs. Et ça tombe bien, c’est là qu’on va camper. En fait il y a plusieurs groupes. Je me demande combien ça fait en tout. Une cinquantaine de personnes peut-être. Chaque groupe fait son petit tas de tente et les porteurs font cuire le riz et les espèce de galettes de crevettes frites (dont on se lasse très très vite). C’est un peu dommage d’être ainsi les uns sur les autres. C’est dommage aussi que cette promiscuité accentue le côté un peu décharge de l’endroit (vieux morceaux de papier toilettes partout). Un allemand bavard content de pratiquer son français discute encore et encore, épaté de voir en Mademoiselle une révolutionnaire qui va place Tahrir. Et c’est un pote de Dominik Moll (le cinéaste). A la nuit tombée, il fait froid. Au lit. Deuxième jour, on descend vers le lac. Le chemin n’est pas facile. Cailloux, pente raide, ça tue les genoux. Je commence à avoir un peu mal au bide. A la mi-journée, une fois au niveau de l’eau, on fait un crochet vers des sources d’eau chaude. Cadre idyllique ou presque avec petite cascade et tout, l’eau est en effet brulante. Effet relaxant total. Mais une fois sorti du bain, toute énergie a déserté nos pauvres corps. Remède : baignade dans l’eau plus fraîche de la rivière. Et c’est reparti. Sur les bords du lac, des pécheurs. Au milieu, le mini volcan a des hoquets, on entend des bruits bizarres et de la poussière qui s’élève. L’après midi est plus sportive, on remonte de l’autre côté du cratère. La montée sera aussi raide que l’a été la descente du matin. Le soleil en plus. On commence un peu à fatiguer. Comme précédemment, tout le monde campe au même endroit. Ce coup-ci il y a un peu plus de monde car on se rapproche d’un village d’où partent les marcheurs les plus pressés, ceux qui veulent monter au sommet en deux jours plutôt que trois. Oui, le sommet. Il nous attend, il nous faudra nous lever à 2 heures du mat’ et se taper 1000 mètres de dénivelé dans le noir, le long d’un chemin que la rumeur décrit comme exécrable. Ca promet. En attendant, on va faire un tour vers petite une source où les uns se lavent les pieds et les autres remplissent leur gourde.

Rizières

A Bali, y a plein de rizières. Partout. Ca peut même devenir un argument touristique, se balader au milieu de petits carrés tout vert ou pousse du riz. La ville d’Ubud, au peu au centre de Bali est là pour ça. Et même plus que ça, Ubud se place à la pointe du tourisme écolo (rizière) culturo (pestacles) zen. En général, tout le monde adore Ubud. C’est beau, c’est calme, c’est un peu le lieu de villégiature idéal. C’est là qu’on pose nos bagages dès la sortie de l’avion. Et c’est vrai que... Comment dire... déjà, notre hotel est niché au milieu de petites maisons et de courettes, la vue de notre chambre donne sur des rizières (et on est dans le “centre ville”), rizières desquelles s’élèvent, à toutes heures du jour et de la nuit, de joyeux (et assourdissants) bruits de bestioles (grenouilles, grillons, etc...). Si, en plus l’hotel, est plutôt classe et confortable, franchement, on se dit qu’on a bien fait de venir... Pour une première approche de l’île, Ubud, c’est pas mal. On y découvre les scooters fous, les temples partout, les offrandes tous les matins sur le pas de porte, les gens qui balaient devant chez eux (jeunes, vieux, hommes, femmes, tout le monde balaie), la nature dévorante. Ubud c’est aussi de nombreux temples hindouistes plus ou moins impressionnants. Temples dans lesquels prospère l’autre industrie pour touristes : les spectacles. Il s’agit en général de danses et musiques traditionnelles, par exemple, d’un côté tout un tas de musiciens (surtout percussions), de l’autre des danseurs déguisés, le tout contant quelque légende populaire. Pour le profane c’est quand même assez hermétique, heureusement, une notice explicative est là pour nous éclairer. C’est très bizarre cette histoire. D’un côté c’est un système très bien rodé (la liste des spectacles au jour le jour est dispo à l’office du tourisme et un peu partout, il y a un roulement entre les temples, les vendeurs de billets sont bien organisés...), d’un autre côté, il s’agit de danses locales et traditionnelles (à quel point, je ne saurai dire) qui sont quand même difficiles d’accès pour des occidentaux qui ne peuvent que se laisser bercer par la musique et s’étonner des déguisements. Donc c’est quoi tout ça ? un truc formatté pour touristes en mal d’exotisme et de bizarrerie ? ou une manière originale de faire vivre une culture locale tout en gagnant un peu de sous ? ou les deux ? Bref, dans les faits, c’est pas mal. Et puis les musiciens / danseurs ont l’air de s’amuser. A la fin, en sortant, on les voit tous en train de se changer au milieu de masques de dragons et de costumes compliqués. Une bonne ambiance. On en a testé un autre à la toute fin du voyage, un spectacle d’ombres de marionnettes. Inspiré du Ramayana (là aussi, heureusement que c’était écrit à l’entrée parce que j’aurais pas reconnu tout seul). Là aussi sympathique mais un peu obscur pour les non-initiés. Et là aussi, à la fin, les artistes nous montrent les dessous de l’affaire. Ubud, c’est donc aussi la nature. Le Lonely Planet regorge d’idées de ballades. On se laisse tenter, forcément. Bon, on se perd un peu, forcément. Mais c’est pas grave, on louvoit entre les villages, on s’imprègne du lieu. En rentrant on tombe sur un parc à singes. Plein de petits singes que les touristes peuvent taquiner, à moins que ce ne soit l’inverse. Et puis, il y a les rizières. Au milieu de la ville, des rizières. Et là aussi, ça fait des idées de ballades. Le long de chemins étroits entre les parcelles. Etroits mais deux scooters peuvent se croiser sans s'arreter. Du vert. Partout. Quelques canards batifolent. Quelques travailleurs travaillent. On va dire que c’est paisible. Et c’est pour ça que les touristes adorent Ubud, ça les repose après les folles soirées entre surfers à Kuta. Pour nous qui ne fréquentons pas les surfers, on sera peut-être moins enthousiastes, sentant que l’artificialité menace, mais bon, on ne va pas bouder notre plaisir non plus..

Jardin botanique

Après quelques jours à Kuta (Lombok), nous retournons vers Bali et cette fois-ci nous allons vers la montagne. Un coin avec des lacs et tout. Déjà pour y aller depuis Padang Bai, c’est toute une histoire mais bon. D’ailleurs, dans le dernier bemo on croise un balinais qui connaît Saint Nazaire (parce qu’il travaillait dans un bateau qui y avait fait escale). Une fois arrivé, la déception est un poil au rendez-vous : il fait tout gris, on baigne dans les nuages. Et puis comme on ne connaît pas bien le coin on se fait déposer un peu au hasard sur la route et renseignements pris, les hôtels pas chers sont un peu plus loin, il nous faut donc marcher encore un peu à côté des voitures. Bof. On trouve donc un coin où dormir, un petit hôtel tranquille plein de chiens, de chats, des plantes, mais sans touristes. Que faire ? On peut aller voir le temple Pura Ulun Danu Bratan, gros temple hindouiste bâti sur les bords du lac, ou plutôt dans le lac, sur de petits îlots. Sauf que là en ce moment c’est une période de grosses cérémonies religieuses, ça dure un mois, c’est tout les dix ans, et on nous dit qu’au mieux on pourra faire des photos de la foule de loin. Mouais... Avec le recul, je me dis que c’est un peu dommage de ne pas avoir fait un petit effort pour y faire un tour, mais sur le coup, on n’était pas trop d’humeur. Donc direction le parc botanique. Oui, pour une raison mystérieuse, il y a un parc botanique ici. Et il est très chouette. Immense. Désert (en tout cas en semaine). Nickel (et pourtant on ne voit aucun jardinier s’activer à l’entretien). Pour les amateurs végétophiles, ce doit être super. Pour les contemplatifs feignants comme nous c’est très bien aussi. On se promène de ça de là. On croise un immense banian qui s'enchevêtre en tous sens. Quel arbre invraisemblable, franchement... Dans un coin, un parcours d’accrobranche (dommage, on n’a pas trop le temps). Un jeune gars qui nous prend en photo (va savoir). De l’herbe tendre où s’asseoir. Quelques flamboyants mettant un peu de couleur dans ce ciel grisâtre. Et le calme... Bref un endroit idéal pour perdre plusieurs heures à ne rien faire (mais alors rien de rien). Il faut donc bien admettre que sous des dehors plutôt tristounets, Candikuning peut avoir son charme. Une nouvelle preuve le lendemain où malgré la pluie qui menace nous partons à l’assaut d’une montagnette en bordure du lac. Le Lonely planet y décrit une balade qui semble sympathique. Le chemin se fait dans la forêt, une bonne forêt avec les arbres les uns sur les autres, les feuilles assez grosses pour faire un parapluie, bref, une forêt tellement dense qu’on ne voit pas à travers. Déjà qu’on est dans le brouillard, on n’a encore moins de chance d’admirer le paysage (que l’on suppose grandiose et cartepostalesque). Mine de rien le chemin est assez long et pas si facile, l’humidité ambiante rend le terrain glissant et la pente impose parfois d’y aller à quatre pattes. Cela nous prend donc plusieurs heures pour arriver au sommet du Gunug Catur (2096 mètres) où se trouve le Pura Pucak Mangu, petit temple de circonstance. Plusieurs singes traînent dans le coin. Et mangent les offrandes. Ce n’est pas bien clair, sont-ce offrandes pour le temple ou pour les singes, à moins que les deux se confondent. Bref, il y a du riz et les singes se régalent. Les nuages s’écartent juste assez pour qu’on puisse, l’espace d’un instant, voir des bouts de paysages. C’est là qu’on se rend compte que l’île est toute petite. Tout semble à portée de main. Finalement, ce petit tour nous aura pris la journée. On aura croisé personne. Sauf à la toute fin, un petit groupe de français (théorème : si un lieu est mentionné dans le Lonely Planet ou le Guide du Routard, il y a forcément des français). En arrivant en ville on croise une procession religieuse. Quand on dit que la religion est présente partout tout le temps à Bali, c’est pas des blagues. Des gens en tenue de cérémonie, des gongs et des oriflammes. Sur la route. Mais c’est très bien encadré, des gars avec talkie-walkie font la circulation et aucune voiture (ni moto) n’essaie de perturber cette belle organisation. Probablement le phénomène routier le plus rigoureux de notre séjour. De retour à l'hôtel, c’est la grande classe : la première douche chaude depuis deux semaines. Allez, le lendemain avant de prendre le bus, on va refaire un rapide tour au jardin botanique. Ce jour là il fait beau. Grand soleil. Mais c’est la fin du voyage. Pas de balade autour des lacs, pas d’accrobranche, pas de temple les pieds dans l’eau. Dommage.

Voie Lactée

Bon... La montée au sommet du Rinjani, je n’en ai encore rien dit. Lever en pleine nuit. Un vent d’enfer nous a bien empêché de profiter de ces quelques heures de repos. Déjà le thé du petit déj ne passe pas très bien. Et on commence à monter. Mademoiselle n’a pas de lampes et n’a pas vraiment envie de s’emmerder à crapahuter dans ces conditions : elle s’arrète assez vite et retourne finir sa nuit. Je continue. C’est bien raide. Le terrain n’est pas super facile et le groupe a tendance à foncer. Pas cool. Je galère de plus en plus et quand je commence à être trop à la traine, que j’ai mal au bide, en bref, que ça devient pénible et que le sommet est encore loin, je dis stop. Comme il fait encore bien nuit et qu’il ne serait pas trop raisonnable de redescendre tout seul, je me case dans un coin à l’abri du vent (ça caille). Et j’attends. Je me console en regardant les étoiles. Et parfois des gens qui vont vers le sommet. A cette heure-ci, ce sont ceux qui galèrent pas mal. Par exemple une singapourienne qui se fait trainer par son copain grâce à une corde. Et là je suis bien content d’avoir laissé tomber. Ca doit rester un plaisir. Faire un exploit histoire de faire un exploit, ça n’a pas trop de sens. Je reste donc sur mon petit rocher jusqu’à ce que le jour commence à poindre, que les tours de l’île commencent à se dessiner. J’ai dû rester deux heures comme ça, seul et dans le froid, mais putôt serein et malgré tout satisfait : moi au moins je faisais un truc que les autres ne faisaient pas, je rêvassais dans la montagne, sous les étoiles...

lundi 20 décembre 2010

Contexte

: Ethiopie
Quand : du 19 décembre 2010 au 1 janvier 2011
Avec qui : Mademoiselle

Etapes :
- Istanbul
- Bursa
- Leuven

Ethiopie !

Plan A
On va en Ethiopie !
Alors on arrive à Addis Abeba mais on enchaîne direct par un vol intérieur qui nous emmènera au nord, à Axoum. Là on visitera les nombreux sites archéologues. Ensuite, on descendra vers Debark, point de départ des excursions dans le massif du Simien, ses grosses montagnes, ses animaux, ses points de vue de ouf, ses guides en kalachnikov. Après, forcément, visite de la ville de Gondar (classé à l’Unesco). Puis de Bahir Dar, avec au choix, un tour vers le chutes du Nil Bleu ou un tour sur le lac Tana (avec plein d’îles et des monastères hors d’âge). Et enfin, retour à Addis Abeba. Ca à l’air de rien comme ça mais vues les conditions de transport dans le pays, deux semaines ne sont pas trop.
Et au retour, puisqu’on a pris des billets Turkish Airlines, on passera une petite journée à Istanbul, comme ça, juste pour faire les snobs et prendre le petit déj face au Bosphore.
Eh ouais.

Paris

A l’épreuve des faits...
Bon. C'est l'hiver, il fait froid, mais en plus, il y a de la neige. Et bien évidemment, c'est la panique. Y compris à Roissy qui préfère fermer l'aéroport et attendre gentiment que tout ce bordel blanc veuille bien fondre. Néanmoins, le samedi soir, la veille du départ donc, nous regardons attentivement les prévisions des vols. Prévisions qui semblent dire que tout va bien.
Cela dit, ce n'est pas l'avis de Turkish Airlines qui nous envoie moult SMS pour nous informer que le vol du lendemain va être annulé. Suit un numéro de hotline stambouliote que nous nous empressons d'appeler. Sans trop de soucis, les billets sont décalés de 24 heures. Ce qui nous laisse le dimanche tranquille pour gérer Ethiopian Airlines et son vol vers Axoum. Et ça aussi ça roule.

Addis Abeba

Plan B
Bien. Donc a priori, on prend le plan A que l'on décale (et raccourci) d'un jour.

A l’épreuve des faits...
Allez, c'est lundi, c'est Roissy. Roissy, ce jour là, c'est un peu la légation anglaise à Pékin pendant la guerre des boxers. La foule erre hagarde dans les couloirs et la tension est palpable. Certains sont là depuis deux jours et seraient prêts à bouffer le premier vigile qui les contrarie. Et les files d'attente invraisemblablement longues.
Et alors, celui d'Istanbul ? Pas encore parti (d'Istanbul s'entend), aéroport fermé. Ah, c'est pas gagné... Bon, voilà quoi, on fait la queue gentiment, pendant quelques heures, jusqu'à ce que, enfin, le vol soit annoncé. Mouais, ce retard nous fait perdre la correspondance. Qu’à cela ne tienne, nos bons amis de Turkish nous changent de nouveau les billets. Mais nous prévient que c’est un peu la dernière limite parce qu’après les vols vers Addis Abeba sont pleins. Et le vol vers Axoum ? Bon ben puisqu’on est à l’aéroport, autant aller directement au comptoir adéquat. On traverse donc Roissy (c’est long) pour se rendre compte que ledit comptoir est fermé aujourd’hui (c’est rageant). Il n’y a du monde que lorsqu’il ya un vol, or ce n’est pas tous les jours. On est bien avancé... Comme on aime téléphoner aux compagnies aériennes, on recommence. Le préposé au bout du fil est moins flexible que celui de la veille, ne veut rien nous changer mais assure que si on se pointe à Addis Abeba, on pourra prendre le vol du lendemain. Bon...
Allez, les lapins de Roissy ont finis de déblayer la piste avec leurs petites pattes, on va pouvoir décoller. Et hop, Istanbul, nous voici !

Axoum

Plan C
On prend le plan B. Mais la première nuit va être à Istanbul. Le séjour en Ethiopie va donc être amputé de deux jours par rapport aux prévisions initiales. Ca commence à faire un peu short pour ce qu’on avait prévu. Peut-être faudra-t-il prévoir un avion de Gondar ou Bahir Dar vers Addis Abeba pour le retour...

A l’épreuve des faits...
Istanbul. Aéroport Atatürk (évidemment). Il est tard. Et il nous faut passer la nuit ici. Autant aller dans le centre ville. On passe au stand Turkish Airlines pour demander un truc, j’ai déjà oublié quoi, et, sans vraiment nous demander notre avis on nous dit que puisqu’on a loupé la correspondance, eh ben on va nous payer l'hôtel et qu’on a juste le temps de prendre un thé au Starbucks d’à côté qu’on nous y emmènera dans 5 minutes. Bon, à Paris, on nous avait dit qu’il ne fallait pas compter sur ce genre de choses. Nous accueillons donc cette nouvelle avec satisfaction. Une demi-heure plus tard, nous voilà dans un hôtel 4 étoiles à Sultanhamet (rue Piyer Loti !), plein centre donc, la classe. Il est tard, on dort.

Axoum - Endasilasie

Mardi matin : Mademoiselle a une tête de déterrée. Mais que s’est-il passé ? Malade. Certes, elle est partie malade tendance rhume. Mais là c’est malade tendance gastro. Bref, ça va pas. Elle ne se sent pas d'enchaîner direct avec l’Ethiopie, un avion, puis un autre avion, etc., etc...
Bien...

Plan D1 : on va en Ethiopie mais on fait pas les idiots, on élève significativement le niveau de confort du voyage et on espère que Mademoiselle ira mieux rapidement. Ce dernier point constitue un pari risqué. On y croit moyen.
Plan D2 : on attend gentiment à Istanbul que Mademoiselle se rétablisse et on part en Ethiopie en fin de semaine, le gars de Turkish avait dit qu’il y aurait des places vendredi. Mais ça ferait qu’une semaine sur place et mettrait par terre notre beau programme. Est-ce que ça vaut le coup ?

Plan E
Là, on arrive à un stade où on se dit en substance, vu que le sort s’acharne, on va arrêter les conneries, oublier l’Ethiopie, rester à Istanbul, y aller tranquille, se reposer, et si éventuellement, plus personne n’est malade, on se baladera en Turquie.
Rétrospectivement, je crois qu’on a été tous les deux soulagés de faire ce choix.

A l’épreuve des faits...
Il faut donc trouver un nouvel hôtel, je m’en charge et plonge dans la ville tumultueuse. Tiens ? des chats ? des mosquées ? des kébabs ? des pharmacies dans tous les coins ? la mer partout ? Pas de doutes, c’est bien Istanbul... Heureusement, le quartier est relativement bien fourni en hôtels à touristes. Et plus on se rapproche de Sainte Sophie, plus la densité augmente. Bon, je trouve un truc, assez douillet, spacieux et calme pour que Mademoiselle puisse se reposer paisiblement. Visiblement, Noël c’est pas la haute saison, y a de la place et on récupère une chambre de trois lits. Allez hop, on met Mademoiselle au lit. Dodo.
Dans l’après midi, on tente de s'occuper des choses sérieuses. Modifier les billets d’avion pour Addis Abeba. Une carte de téléphone, et à l’assaut. C’est de nouveau Mademoiselle qui s’y colle. Après de longues minutes de négociation, un système informatique qui renâcle, des informations plus ou moins contradictoires en fonction des interlocuteurs, on en arrive à la conclusion qu’on ne peut que annuler les billets, y compris le retour vers Paris, et donc il faudra en acheter de nouveaux, et qu’on ne sera pas spécialement remboursés. Bon. On n’a pas vraiment le choix. On annule tout. Dans la foulée, pareil pour Ethiopian Airlines. Là on appelle en France et se sera vite plié. Pas de problème, ce sera remboursé. Cool.
Résumons : Nous sommes à Istanbul. Sans billet retour. Personne n’est au courant. Et nous n’avons rien de prévu au programme. Il fait beau. Nous glandons dans un jardin sur le chemin du Bosphore.
Malgré les soucis de santé de Mademoiselle, la déception de vacances qui tombent à l’eau, il y a comme un sentiment de... comment dire... liberté serait exagéré (et hors de propos), disons de sérénité. Voilà. Sérénité. La paix règne. Enfin, ça c’est de mon point de vue, Mademoiselle est un peu dans l’espace et ne songe qu’à poursuivre sa cure de sommeil.

Debark

Le lendemain, après une nuit de 12 heures, et après un petit dej au dernier étage de l’hôtel (dans le coin, tous les hôtels ont une salle au dernier étage, ce sera celui qui aura la belle vue sur le Bosphore et la ville, mais bon,avec l’humidité du grand large, au petit matin, l’Asie au loin est noyé dans une brume blanchâtre, bof...), j'emmène Mademoiselle visiter Topkapı (à 100 mètres de l’hôtel). Sur le palais de Topkapı, sa collec d’émeraudes, sa belle vue sur le détroit, ses petits pavillons, son architecture aérée et ses jardins, tout a déjà été dit. On ne va pas en rajouter une couche. A part que pendant cette période de l’année, c’est apparemment le moment des sorties scolaires : partout des écoliers avec leurs profs. Ca piaille dans tous les coins. Et qu’on se le dise, les gamins et gamines turcs en goguette ont des appareils photos plus perfectionnés que le notre (qui n’est d’ailleurs pas le notre, bref...). Comme d’hab, on met trois fois plus de temps que tout le monde pour visiter le site. Le temps d’essayer tous les bancs au soleil.
En sortant on fait un rapide crochet par les citernes à deux pas. L’éclairage est toujours aussi impressionnant. J’avais oublié qu’il avait d’énormes poissons qui batifolaient dans le peu d’eau qu’il y a encore.
Le soleil commence a déjà fait ses adieux. Ca tombe bien, ça va être l’heure de la sieste de Mademoiselle. On ressortira plus tard pour dîner. C’est pas mal comme rythme.
Ainsi va la vie.

Simien Mountains - 1er jour

Comment rentrer à Paris ? (plan F) Et si... et si on rentrait en train ? Pas par l’Orient Express bien sûr mais par le train normal. Classe non ? Genre on se prend quelques jours, on jette un œil à Budapest, Vienne, Munich. En voilà une idée intéressante. Allez, direction la gare, mais en faisant des détours. Mademoiselle a un peu plus la forme et se sens de marcher plus de 10 minutes d’affilé. On passe par la corniche, encombrée de voitures et jalonnée par des pécheurs. Topkapı en contre-plongée.
Arrivés à la gare, difficile d’avoir des renseignements très clairs sur le sujet. Alors, oui, on peut aller jusqu’en France mais la dame des renseignements a un anglais limité et une patience encore plus (et on ne parle pas de son humeur massacrante). Pas de direct pour Budapest. Il faut passer par Belgrade (plan F1) ou Bucarest (plan F2). Train de nuit, départ 22h. Arrivée le lendemain, tard. Après, mystère. Malgré tout, le trajet complet semble revenir assez cher. On laisse tomber. Dommage. Et on retourne au jardin Gülhane Parkı (ces i sans point...) pour prendre le soleil et observer le petit monde stambouliote qui passe par là. Les djeunz en pause déjeuner (une fac dans le coin ?), la mamie qui vend des fleurs aux amoureux qui essaient pourtant de se faire discrets. Quelques perruches perruchent. Et un corbeau se baigne bruyamment dans une flaque.
En rentrant, on se dit que quand même, Sainte Sophie. Allez hop, avant que ça ferme (oui, le temps passe vite quand on ne fait rien). Un guide à l’entrée tape la discute 2 minutes. Étonné du beau temps ici et du mauvais temps parisien que nous lui décrivons rapidement.
Je dois avouer que cette visite m’a plus intéressé que la précédente faite cinq ans auparavant. Dans mon souvenir, c’était sombre et un peu délabré. Va savoir. Peut-être une question d’éclairage. Là c’est à la tombée du jour, lumière rasante à travers les vitraux, plus les lustres. Ca brille de partout. Et puis un chat se balade au milieu de tout ça, faisant la joie des visiteurs qui le prennent en photos sous toutes les coutures. Pas trop de monde, ce qui rend le bâtiment encore plus immense. Mademoiselle se plaît à remarquer les croix mélangées aux calligraphies arabes. Et les rares bouts de mosaïques qui ont survécu tout ce temps. Et qui sont toujours impressionnants.

Simien Mountains - 2e jour

On continue notre exploration d’Istanbul en slow motion... Au fur et à mesure que la santé de Mademoiselle s’améliore, on pousse un peu plus loin. Allons voir la Süleymaniye Camii, la mosquée de Soliman (le magnifique). On se perd gentiment entre les ruelles bordéliques qui bordent le bazar (si on achetait une tenaille ? on se plaint toujours de pas en avoir). Lorsqu’on arrive, c’est le début de la prière et la foule se presse à l’entrée. Pas de soucis, on va patienter un peu plus loin. A côté, y a la fac. Dommage, on ne peut apparemment pas entrer alors qu’il semble y avoir des jardins. Devant l’entrée principale, on trouvera un banc au soleil grâce auquel nous patientons paisiblement. Lorsque nous revenons à la mosquée, la foule en est encore à sortir. Encore et encore. Ca n’en finit pas. Mais d’où ils viennent tous ces gens ? C’est p’têt parce qu’on est vendredi. Ah oui, tiens, on est vendredi. Bon... Cela dit, rien qu’à voir le temps qu’il faut pour faire sortir les gens venus prier, on peut se rendre compte de la grandeur du bâtiment.
Je pense que je n’apprécie pas les mosquées ottomanes à leur juste valeur. Ca ressemble quand même pas mal à des églises. Niveau architecture. Une grosse bâtisse avec des coupoles. Surtout celle-ci qui parait-il à des dimensions équivalente à Sainte Sophie. Alors, c’est beau, impressionnant, ce qu’on veut mais... mais quand même, ça vaut pas la mosquée de Damas.

On redescend vers la mer. Et on traverse la Corne d’Or. Ca grimpe ! Pause devant la tour de Galata. Et on attaque Istiklal Caddesi. Au début un space invader est là pour me dire bonjour. Bonjour ! Un peu plus haut, il y a Saint-Antoine de Padoue, une des rares églises catholiques (j’ai l’impression qu’il y a plus d’églises arméniennes mais je me trompe peut-être). C’est la veille de Noël et le curé peut être confiant pour ce soir, tous les touristes du coin seront là pour la messe de minuit. Enfin bref, Istiklal Caddesi n’a pas usurpé sa réputation de rue la plus populeuse d’Istanbul. Heureusement, c’est piétonnier. Et le petit tram hors d’âge continue à faire ses aller-retours jusqu’à Taksim.

Maintenant que Mademoiselle semble d’attaque, peut-être est-il temps de songer à la suite. Bon, on fait quoi ? Y a pas mal de contraintes. Pas trop de trajet. Un coin sympa. Calme. Un peu à l’écart de l’agitation de la Sublime Porte. Ephèse (
plan G1) ? Un peu trop loin. Cappadoce (plan G2) ? Trop froid.
Heureusement, j’avais pris un guide de Turquie. Un Petit Futé qui en fin de compte ne l’est pas vraiment (futé). Il nous fera régulièrement le coup du resto à l’adresse inexistante ou de l’hôtel mal indiqué. Et je ne parle pas des plans. C’est important une bonne carte (bordel !). Bref... Dans le guide donc, les endroits sympathiques pas loin ne sont pas nombreux. Il y a bien Şile (
plan G3), sur la Mer Noire qui semble un bon coin de villégiature mais pour y aller, mystère, si y a des hôtels, mystère encore. Sinon, en allant vers le sud, il y a Bursa et Iznik (entre Iznik et Izmit, on se perd un peu, surtout sans carte). Bon, qu’on se le dise, les agence de voyage (mettre le maximum de guillemets) qui pullulent dans Istanbul ne sont pas d’un grand secours. C’est juste des vendeurs de tickets de bus aussi nuls en géographie turque que nous.
Bon, allez, ce sera Bursa (
plan G4).

Simien Mountains - 3e jour

Le temps se gâte.
Sacs au dos. Tram. Métro. Et nous voilà à la gare de bus. Comme d’hab dans ce genre d’endroit, en 3 minutes on trouve une compagnie qui nous emmènera à bon port. Bus classe. Avec mini téloche perso incrustée dans le siège de devant. Je ne peux m'empêcher de regarder en douce ce qui passionne mon voisin de devant. Alors, ce doit être un exemple type de blockbuster turc avec héros beau gosse, héroïne court vêtue et aventures invraisemblables, starring l’île déserte pleine monstres (les scénaristes ont trop regardé Lost), les pirates blacks, la fin du monde imminente, etc... A noter, le crabe géant est sûrement le monstre le plus ridicule que j’ai jamais vu dans un film.
Passons...
Istanbul, c’est grand. Sachant que la gare routière est plutôt à l’ouest et que nous allons plein est, je vous laisse imaginer le temps que ça prend pour sortir de la ville. Surtout que nous nous arrêtons de temps en temps dans des endroits improbables pour récupérer d’autres passagers. Mais la vraie surprise, c’est quand nous arrivons sur un quai pour prendre un ferry. Hum... Moui... Ca parait logique quand on regarde la côte, ça nous évite un sacré détour.
Va pour la traversée sur la Mer de Marmara, le vent du large et les mouettes.
Dans la série “les étrangers parlent aux étrangers”, nous discutons avec un jeune turkmène qui fait des études (d’anglais !) à Istanbul, la Turquie étant visiblement un des rares pays à daigner adresser la parole au Turkménistan. On se renseigne donc sur ce pays mystérieux. Vu de France, on pourrait résumer ça en “c’est désertique et y a un dictateur pas piqué des hannetons”. Il ne contredira pas. Cela étant, la manne pétrolière assure à la population un minimum vital, avec énergie et essence gratuite, plus d’autres trucs que j’ai oublié. On discute du changement d’alphabet, le turkmène ayant été écrit au cours de l’Histoire en caractères arabes puis cyrilliques puis latins. On s’y perd pas un peu ? Si si. La conclusion sera que tout cela est affaire plus de politique que de linguistique.
Le ferry arrive de l’autre côté. On reprend le bus et on arrive à Bursa. Enfin, la gare routière. On trouve un bus qui nous emmène au centre ville mais là va se poser un problème simple : mais où s’arrêter (rappel : pas de plan de la ville, pas vraiment de points de repères). Les autres passagers du bus ne semblent pas bien comprendre ce que l’on recherche. Au jugé, on descend sur une rue bien passante. C’est la rue Atatürk (donc au centre), ça va on a bien géré. La suite est plus délicate car c’est le week-end et l’office du tourisme est fermé, les hôtels du guide sont introuvables ou glauques, la nuit tombe, les sacs sont lourds. On finit pas trouver un hôtel 3 étoiles cher et pas spécialement attirant mais central.
Pour finir la journée on va traîner dans les petites rues piétonnières du centre. Il y a un marché. Et des jolis caravansérails cachés un peu partout. On croise deux jeunes turcs qui veulent discuter et bosser leur anglais. Ca fait un peu attrape-touristes de se faire aborder comme ça donc on est un peu réticents. Mais la discussion s’engage quand même. Le sujet étant : pourquoi l’Europe rejette la Turquie. Mademoiselle n’est pas très contente de mes réponses (“les gens se fichent de la Turquie, ils aiment bien pour passer leur vacances mais c’est tout”). C’est sûr que ça ne va pas apaiser leur ressentiment. Passons...
On se penche sur la question du retour, et dans un cybercafé, on prend un billet d’avion pour Bruxelles pour le jeudi suivant et un billet de train vers Paris le samedi (avenant au
plan E).

Retour à Debark

C’est à mon tour d’avoir l’estomac un peu patraque. L’Iskender Kebap de la veille y surement pour quelque chose. C’est la spécialité de Bursa, qui rajoute du gras au gras à coup de beurre fondu sur la viande. Beuh...
Bref...
Après tout on est là pour quoi ? hum ? Pour la NATURE. Car Bursa c’est aussi l’Ulu dağ, la montagne qui domine la ville. Manque de bol, le téléphérique est en panne aujourd’hui. Mais on peut y aller en bus. Première tentative, on nous indique un bus qui va en fait au téléphérique. Raté. Retour au centre ville et deuxième tentative via dolmuş. Ca marche ! On s’enfonce dans la montagne, ça monte, ça monte, y a des arbres et tout. Certes, mais à force de monter on commence à voir de la neige. Un peu, puis de plus en plus. Et finalement, on arrive à une station de ski. Oui, une vraie station de ski. Avec hôtels chers, loueurs de matos avec la musique à fond (“Alors on danse” remixé, Dieu se fout de nous, c’est pas possible, on entend cette chanson uniquement dans les montagnes à l’étranger). C’est n’importe quoi, à Bursa, il faisait pas loin de 20°C. Et là on caille et il y a un mètre de neige.
Difficile dans ces conditions de se balader. Les sentiers de randos sont des pistes de ski. Pour ne pas avoir fait le trajet pour rien on tente un sentier en bordure des pistes, croisant de temps en temps des gens qui s’amusent avec des luges ou des connards en motoneige qui foncent dans le tas. Le tour sera rapide et quand le temps se dégrade vraiment, on trouve un coin où prendre une soupe chaude et ensuite on redescend vite fait à la ville.

On visite un peu le quartier d’où on a pris le dolmuş vers la montagne. il y a des tombeaux de sultans célèbres Osman (1258–1326) et son fiston Orhan Gazi (1281-1360). Osman était donc le fondateur de l’empire ottoman. Eh oui, “Ottoman” vient de son nom, Osman. Et dans les alentours, des restes de fortifications byzantines, plein de petites mosquées et madrasas cachées dans les ruelles. Et des cimetières remplis de cyprès.

Questions métaphysiques sur la suite des évènements. Que faire après ce petit fiasco ? on reste dans le coin (Iznik, plan G4 bis) ou on remonte vers la Mer Noire (Şile, plan G3 bis)? Sachant que la météo sera un peu pourrie. Là encore on fait quelques essais chez les dealers de billets de bus mais ils n’ont pas trop d’idées et surtout ne parlent pas anglais. Il y a bien un petit jeune que l’on soupçonne de faire du Google Translate en cachette, mais cela ne suffit pas (personne ne parle anglais dans cette ville à part le vendeur de clopes (et de tickets de bus) de la place Tophane). On demandera à l’Office du tourisme qui, espérons-nous, sera ouvert demain lundi.
Et puis on change d’hôtel pour quelque chose de plus populaire mais correct quand même.
Et on va manger dans un petit resto italien (en terrasse, il y a des couvertures).

Gondar

Un rapide tour à l’office du tourisme histoire d’être conforté dans l’idée qu’aller à Iznik n’est pas trop mauvaise et pour s’enquérir des modalités de transport.
Un bus pour rejoindre la gare des bus et un minibus plus tard, nous voilà à Iznik.
Iznik, ou Nicée pour les européens. Une petite ville au bord d’un lac, riche d’une histoire mouvementée. Siège de deux conciles, refuge des byzantins après la prise de Constantinople par les croisés, et désormais fameuse pour ses céramiques. Autant dire qu’à chaque coin de rue, il y a des vestiges divers et variés. De l’antiquité grecque à l’empire ottoman. Tout un éventail.
On se trouve un petit hôtel sympatoche tenu par un turc bavard non moins sympatoche qui parle trois mots de français (“Cool Raoul, pas de panique Dominique, it’s tea time now”). Contrairement à Bursa, le touriste étranger ici n’est pas rare (même si en décembre, ils se comptent sur les doigts de la main) et le proprio est bien rodé. Il fourni la carte de la ville, indique les coins à visiter, la gare des bus, les horaires pour repartir à Istanbul. Tout. Et même, sans qu’on lui demande quoi que ce soit il exauce notre souhait : oui, il y a des balades à faire et vous pouvez aller par là ou par là.
Et donc, nous partons de ce pas pour un petit tour dans les collines environnantes. Le chemin est censé nous amener sur un petit promontoire depuis lequel on a une vue imprenable sur le lac. Mais vue la météo, il y a peu de chance que nous puissions distinguer entre le gris du ciel et le gris du lac. Nous traversons les murailles de la ville (plutôt bien conservées), longeons des cimetières, et montons à l’assaut des collines parsemées de figuiers. Ca fait du bien un peu de nature. Même s’il commence à pleuvoir.
A un moment, on aperçoit un contrebas un assemblage de pierres qui pourraient faire penser à des ruines (renseignements pris une fois de retour, c’était effectivement un tombeau, IIe siècle avant JC., comme ça au détour d’un chemin de campagne).
Sur le chemin du retour nous croisons un homme qui s'occupe de ses oliviers. Il est accompagné d’un chiot qui bien évidemment vient nous dire bonjour. Il persistera à vouloir nous suivre. Son maître ne s’inquiétant pas plus que ça. Comment chasser cette pauvre bête alors qu’il pleut, alors qu’elle nioufnioufe dès qu’on essaie (vainement) de lui faire les gros yeux ? On peut pas être méchant avec ça. Il nous suivra donc jusqu’à la ville où il s’empressera d’aller dire bonjour à quelqu’un d’autre. Et nous le perdons de vue.
Le soir, on jouera au backgammon au dernier étage de l’hôtel, aménagé en salon, un peu comme à Istanbul, le Bosphore en moins.
Un mystère plane sur ce village : régulièrement, on entend les premières notes de la Lettre à Elise. D’où ça sort ? Pas des minarets qui font des appels à la prière classiques. C’est la sonnerie de la récré du lycée ? C’est la sirène des flics ?

Gondar - Bahir Dar

Après un approvisionnement en beureks divers (oh, le vendeur de beureks a de la boza !) et un tour dans ce qui reste de théâtre antique, direction les collines pour une autre balade. Il ne pleut pas, c’est déjà ça. Nous marchons tranquillement entre les champs d’oliviers. Un peu monotone. Nous croisons des grenadiers qui en cette saison ont une sale tête. Arrivé à un petit village endormi, on ne sait pas trop quoi faire, certes, nous sommes au grand air mais le paysage n’est pas passionnant (oui, je sais, on n’est jamais content). On trouve néanmoins un petit chemin qui nous permettra de faire une boucle. Nous ne croisons personne à part de temps en temps des camions qui vont s’approvisionner à la carrière voisine. Et un pépé qui s'occupe de ses oliviers. Tout sourire.

Le soir on va dîner dans une petite cafétéria qui a le bon goût de présenter les plats à disposition et donc de faciliter le choix. Je remarque un truc quand même, c’est que les turcs, en tout cas dans ce genre d’établissement mangent vite. Pendant l’appel à la prière, le son de la télé est coupé et pendant cinq minutes nous sommes privés du feuilleton local. Le serveur est bien bavard lui aussi. Mais il ne parle pas un mot d’anglais. Malgré tout c’est un bon acteur et on comprend ce qu’il veut dire. Que Istanbul c’est une trop grosse ville. Qu’il y a beaucoup de choses à visiter ici. Par contre, quand Mademoiselle essaie de lui dire qu’elle est égyptienne c’est le fiasco complet. Un petit détail linguistique pour mieux appréhender le problème. En turc, Egypte et maïs se disent de la même façon. Mısır. La seule nuance étant dans la majuscule. Bref, le type n’a rien compris et a dû se poser de sacrées questions sur notre compte.
Allez, un dernier tour à la Sainte Sophie locale.
Et dodo.
Avec un peu de soleil, Iznik serait un lieu de villégiature idéal.

Bahir - Dar

Départ. Minibus vers Yalova. C’est de là qu’on prend le ferry. Mais on va être plus malin ce coup-ci et prendre un ferry qui mène directement au centre d’Istanbul. Plus besoin de se perdre dans les banlieues et les gares routières.
Traversée sans histoires. La mer est presque noire.
Istanbul : trouver où dormir. On ne se prend pas le chou et on marche jusqu’au quartier à touristes et on opte pour une auberge de jeunesse de base. On partage la chambre avec deux singapouriens qui passent leur soirée sur leur ordis à jouer à je sais pas quoi.
C’est le dernier soir en Turquie et c’est l’heure des achats souvenirs. Mademoiselle arrive à me traîner dans un magasin de fringues. Elle y fait plein d’achats. Puis dans un magasin de lampes. Ces petites lampes de couleurs. Puis, un tour au bazar égyptien (ou du maïs ?) pour les sucreries. Trop touristique (et les vendeurs pas aimables qui vont avec). Malgré les couleurs et les odeurs, c’est pas agréable.
Un dernier plat à base de grillades et d’aubergines dans un petit resto où un chat se ballade gentiment entre les tables.
Mademoiselle liquide le peu de monnaie qui nous reste pour acheter des grenades (les fruits). C’est bon, on a tout ? Alors on va se coucher, demain l’avion est à 7h50.

Road to Addis Abeba

Réveil aux aurores, navette jusqu’à l’aéroport, avion, et hop, nous voilà à Bruxelles.
Y a de la neige partout !
Décidément, ce sont des vacances placées sous le signe de la neige.
Oui, mais pourquoi Bruxelles ? Parce que Mademoiselle a eut l’idée lumineuse, une fois l’Ethiopie tombée à l’eau, d’apeller Osmon, un pote de fac à elle qui habite Leuven (ou Louvain) et lui demander ce qu’il faisait de beau pour le réveillon du nouvel an. Et lui, en bon égyptien sociable et tout, de nous inviter dans la joie et la bonne humeur. Et en plus les billets pour Bruxelles étaient bien moins chers que ceux pour Paris.
On squatte donc chez Osmon (hum... d’ailleurs, ça vous rappelle rien ça ? Bursa, le sultan, tout ça ?) et Leen, sa femme, une bonne belge qui met des “alleï” partout, y compris en parlant arabe (car elle est prof d’arabe).
On se pose un peu et dans l’après midi, expédition à Bruxelles. Alors là, un peu d’attention, je vous prie. On a pris des billets de trains pour Paris, mais vu que ce ne sera pas un train direct et/ou parce qu’on les a pris de l’étranger, eh ben on doit récupérer les billets dans une officine spéciale de Bruxelles qui, c’est inexplicable, n’est pas dans une gare mais dans une galerie commerciale paumée. Ah bah c’est pratique ça. Nous partons donc tout les quatre à l’aventure à la capitale. Osmon essaie de faire le pro avec son smartphone GPS, mais il rame et on voit pas grand chose. Heureusement, il y a des plans en ville et avec Mademoiselle, nous prenons les choses en main. Après moults détours, nous trouvons. Le gars nous explique qu’en fait on aurait pu récupérer les billets dans une gare mais que ce n’est pas une option mise en avant, pour diverses raisons inter-compagnies ferroviaires qui nous échappent. La Lose.
Après tous ces détours, on se pose dans un bar prendre un verre. Et comme il commence à se faire tard, on part à la recherche d’un resto. Ca tombe bien, Leen connait un sympathique resto égyptien un peu plus loin. Ah ben non en fait, ce n’est plus un resto égyptien mais c’est un resto indien désormais. C’est tout récent comme changement, pour preuve, il y a encore une peinture de sphinx dans la salle.
Au moment d’aller se coucher, Osmon et Leen ont pensé à tout : on a même droit à Ruddy, le renne en peluche de leur gamine (qui n’est pas là en ce moment, c’est compliqué, bref).

Addis Abeba

Pendant qu’Osmon et Leen vont faire diverses courses pré-réveillon, nous traînons dans le centre ville. On visite Leuven sous la neige. Des vieux bâtiments. Universités, églises... Et les anecdotes sur les étudiants bourrés (la Belgique c’est quand même le pays de la bière).
Déjeuner dans une petite brasserie.
Retour au bercail et préparation de la bouffe pour le soir. Au menu, fajitas. Pas de bol, je suis chargé de décortiquer les crevettes.
Lentement mais sûrement, le soir approche et les quelques invités arrivent. Des amis d’Osmon. Des amis de boulot. Des ingénieurs ! Bon ils sont sympas quand même.
Une soirée tranquilloute, où l’on mange, l’on boit et l’on discute.
Voilà, c’est la nouvelle année.
Puisse-t-elle être plus paisible que la fin de la précédente.
(espoir vite déçu).

Addis Abeba - Paris

Réveil un peu tardif. Vaiselle et rangements divers. Et hop, le train direction Bruxelles - Midi puis re-train vers Lille. Puis vers Paris. Là un défaut d’affichage me met le dernier coup de flip de ces vacances (“mais le panneau y dit que le train va à Calais !”).
Bref...
Retour à Paris.
C’est l’hiver.
Il fait 11°C dans l’appart.

Bonus


Une photo d’Ethiopie, prise par Mademoiselle deux mois plus tard.
Ce qu’on voit depuis la zone de transit de l’aéroport d’Addis Abeba.
Notons l’avion d’Ethiopian Airlines et un bout d’alphabet amharique.

samedi 31 juillet 2010

Contexte

: Bulgarie
Quand : du 31 juillet au 6 aout 2010
Avec qui : Mademoiselle

Etapes :
- Sofia
- Rhodopes

Le bus ou le tram ?

C'est les vacances, on prend tout à la légère. Dès la sortie de l'aéroport, on la joue décontracté et sûr de soi. Direction l'arrêt de bus. Les taxis c'est pour les touristes voyons. Cela étant, une fois sur la route, on peut légitimement se poser la question : il va où ce bus ? Les anglais d’à côté ont l’air encore plus à la ramasse que nous. La bulgare de derrière prend pitié et s'occupe de tout ce petit monde. On la suit. On descend du bus et elle nous ballade dans la rue jusqu’à un arrêt de tram (le n°20). Des petits trams tout déglingués mais sympathiques où le chauffeur doit descendre de temps en temps pour régler les aiguillages. Bref. De là, nous repartons vers le centre ville et notre hôtel. Enfin, hôtel, c’est un bien grand mot hein, c’est plutôt le genre auberge de jeunesse classique pour jeunes routards internationaux. De loin, c’est pas très engageant. La porte et les escaliers de l’immeuble ont une bonne tête de squat est-allemand sur le déclin. Le portier une bonne tête de slave taciturne (tendance égorgeur des Balkans) qui s’exprime par grognements. Mais ne pas s’y fier, tout suit les standards de ce genre de lieu : petites chambres genre expo Ikea, hall sombre et bordelique avec des brochures pour des excursions cheap price et des ordis sur lesquels un américain barbu skype pour organiser son séjour à Tirana. La routine quoi.

Cathédrale ou bureau de change ?

L’expérience écossaise où nous avions dû partir à la chasse aux bureaux de change (arrivée samedi soir = bureaux fermés, dimanche = bureaux fermés, lundi train tôt pour la cambrousse = bureaux pas encore ouvert, et dans la cambrousse pas de bureaux du tout = fuck, on n’a pas un thune) nous a fait mûrir. Profitons donc de ce samedi finissant pour trouver des лева. Ah oui mais là il y a la cathédrale Александър Невски en l’honneur des 200 000 russes morts au combat contre l'occupant ottoman. Mademoiselle en a vu les dômes en or depuis l’avion. Allons la voir avant que ça ferme !
Grande cathédrale donc, sur une place dégagée, légèrement en hauteur. A un petit côté Panthéon. De l’extérieur, c’est un empilement de coupoles diverses qui pourrait donner l’impression d’un labyrinthe. Mais non, l’intérieur semble simple, question gestion de l’espace s’entend, parce que niveau déco, comme tout lieu de culte orthodoxe qui se respecte, tout est couvert de peintures, chandeliers et dorures diverses. Ne parlons pas de l’iconostase. Seul le pope n’est pas doré à l’or fin. Il a juste de vieilles Adidas. Hélas, les peintures sont un peu sombres. Trop d’encens brûlé pendant 200 ans ? A l’intérieur, les bigots (plutôt des bigotes en fait) se recueillent. On brûle son cierge acheté à l’entrée. On se signe un nombre incalculable de fois. Et avant de partir un laisse un baiser ou une caresse à l’icône (c’est pas très hygiénique, comment faire en cas d’épidémie de grippe A ?).
Après ça, nous errons tranquillement dans le quartier.
Dans un sympathique marché couvert, nous faisons quelques courses de base (pain, feta, pommes, noix de cajou) qui se révéleront très utiles pour la suite des opérations.
Et puis dans une rue calme on trouve un resto avec petite terrasse. Face au menu en bulgare nous n’en menons pas large et après une tentative de déchiffrage à coup Lonely Planet et Assimil, on renonce et on utilise la méthode inverse. Comment on dit aubergine ? патладжан ? vous avez des патладжан ? да ? Oui ? Alors c’est parti. Bon, au final, ce ne sera pas une expérience gastronomique fantastique.
Voilà, il est 22h. Il serait peut-être temps de songer à changer des sous quand même. Tiens, un bureau de change est ouvert. C’est pas un peu louche ça ? Bon, on est coincé, on y va. Bon, c’était un vrai bureau de change et pas un guet-apens pour touristes naïfs. Cool.

Рила ou Родопи ?

On a beau être sur place, on n’a toujours pas bien déterminé ce qu’on allait faire. Deux possibilités. Le massif du Рила, son monastère classé à l’Unesco et ses montagnes sauvages. Le plan : bus à 10h20 à la gare routière de l’ouest (galère pour y aller). Ce n’est pas clair si le bus est direct ou pas. Si on peut on va dormir dans le monastère. Le lendemain balades dans le coin. Puis on traverse la montagne (nuit en refuge) sur deux jours et on récupère avec un peu de chance un bus pour София.
Ou le Родопи. Le plan : bus (à la gare centrale) jusqu’à Чепеларе (ou Смолиан), puis impro pendant deux jours dans les montagnes environnantes (on a trouvé un plan des randos sur le web) et on retrouve Эорница à Проглед (ah ben oui, faut se mettre au cyrillique).
Oui car en fait tout dépend de Эорница. Эорница est une amie bulgare de Mademoiselle qui par le plus grand des hasards prenait justement ses vacances au même moment et venait balader à Рила et le Родопи. Ce serait bête de se rater.
Bon, c’est pas facile de la contacter, la montagne, le roaming, tout ça. On opte donc pour la solution où on la verra le plus, l’option Родопи. Go ! Un peu à l’aveuglette mais Go ! quand même.

Ville ou refuge ?

Чепеларе n'est pas de prime abord un bled très riant. Pour tout dire, à peine arrivé on songe déjà à en repartir. Comment ? Rien de plus facile ! A pied, vers un refuge à quelques heures de marche, un peu plus haut dans la montagne. Le tout étant de :
- s’assurer que le refuge est ouvert et accessible
- faire un minimum de provisions car il commence à se faire faim et puis on se sait jamais, la montagne tout ça... (ah, et on a pas tellement d’eau non plus)
- trouver le chemin car la carte qu’on a est fort succincte, ne montre pas les dénivelés, l’échelle est un peu juste, etc...
Tout ceci n’entame pas notre enthousiasme (inconscience ?). On demande dans un hôtel au hasard quelques infos sur la faisabilité du truc. On trouve une épicerie ouverte où acheter du saucisson bulgare et une bouteille d’eau. L'épicière est de très bonne volonté et tient à répondre à toutes nos questions, le seul soucis étant qu’elle ne parle que bulgare. Heureusement, un client providentiel et à peu près anglophone nous informe que tout sera simple. Et nous trouvons le chemin : c’est indiqué : хижа Иэгрев ! C’est parti, gros à sacs sur le dos, nous partons à l’assaut des sommets (relatifs quand même, le refuge doit être à 1900 m et la montagne n’a rien d’hostile, couverte de forêts de pins paisibles).
Première constatation : les bulgares doivent aimer la balade, et plus encore glander en balade, de fait, nous trouvons régulièrement des bancs sur le chemin où, nous aussi, y a pas de raisons, nous nous posons pour déjeuner tranquillement. Tout va bien, la vie est belle. C’est après que ça se gâte. Nous montons, nous montons, et le balisage fait des siennes. Et les nuages noirs commencent à laisser tomber des espèces de petites gouttes d’eaux vers le sol. Damn it ! Si la pluie se calme assez vite, le chemin ne me rassure pas. Je commence un peu à stresser. En fait, j’ai pas tellement peur qu’on se perde, qu’on tombe sur un ours affamé ou quoi, j’ai juste peur que ça devienne “chiant”. Bon, comme le dieu des voyageurs est un chic type, on tombe sur un autre chemin qui va au refuge. Cool. Et voilà, cahin, caha, nous continuons à monter, croisons quelques paysans en charrette (pas de vraies charrettes comme dans l’imagination populaire, plutôt un châssis de remorque aménagé, mais toujours tiré par un cheval avec un pompon de laine rouge entre les deux yeux).
Bon, bref, voilà le refuge, plutôt grand, sûrement construit à la glorieuse époque du communisme, seulement squatté par un groupe de lycéens en goguette sous l’oeil attentif des accompagnateurs. Une chambre rien que pour nous. Pas besoin de sac de couchage, les draps et les couvertures sont fournies. Un gros poil à bois pour l’hiver trône dans un coin. On ne dira pas que c’est la grande classe (surtout après avoir fait un tour aux sanitaires) mais c’est très bien.

Globull ou Vivacom ?

Dans la quête sans cesse renouvelée d’avoir Эорница au téléphone, nous essayons de nouveau. Pas de bol, y a pas de réseaux. Enfin, pas pour tout le monde, les lycéens eux en ont, et, pas chiens, nous proposent d’utiliser leurs portables. Enfin, ça c’est quand le seul anglophone de la bande a fait son apparition et a expliqué le problème. Impressionnant le petit gars. Un anglais nickel, il nous énumère les diplômes qu’il a eu et son envie d’aller à Londres. Il a l’air sûr de lui et ses camarades sont béats d’admiration quand nous discutons en anglais. Nous le sollicitons sans cesse pour les ballades à faire le lendemain, le menu du refuge, et il répond avec le sourire. Il ira loin celui-là.
“Alors on danse” ? En tout cas, c’est ce que dit la télé que regardent les gardiens du refuge. Oui, c’est au fin fond de la Bulgarie que nous prenons connaissance des chansons françaises à la mode, à la mode y compris à l’étranger.

30 kilomètres à pied, ça use ou ça use pas ?

Ca use ! La veille, le jeune anglophone nous avait conseillé d’aller vers le nord jusqu’au refuge de Чудните Мостове. Bon, il avait précisé “pour y dormir”. Mais ce n’est pas bien rentré dans nos crânes et nous nous sommes motivés (je me suis laissé motiver) pour faire l’aller-retour dans la journée, ce qui n’est pas rien. Bon, c’est facile, il faut suivre le balisage rouge. Il faut le dire, le balisage dans ce coin est plutôt bien fait. Le seul reproche qu’on pourrait à la rigueur lui faire serait de ne jamais préciser les distances ni les temps de parcours. Et aussi que ne sont indiquées quasiment que les refuges. Et tant pis si c’est dans 40 kilomètres.
C’est ainsi que nous partons le coeur léger à travers les forêts. De temps en temps, au loin, des bûcherons. Parfois, des bancs et tables (tout neuf, cofinancé par l’Union Européenne), judicieusement placés quand le paysage est agréable. De ça de là, des fontaines aménagées pour récupérer l’eau d’un ruisseau, avec une tasse posée là au cas où. Le chemin est sympathique, bien abrité du soleil qui tape fort. A flanc de montagne, peu de dénivelé. Mais l’heure avance. De toute façon à 14h, quoi qu’il arrive, on fait demi-tour. Tu parles ! C’est toujours délicat d’être un peu dans le flou. On sait qu’on est presque arrivé, mais on ignore combien il reste exactement (c’est ça d’avoir une carte pourrie). Et puis, c’est quoi ce Чудните Мостове ? Beautiful Bridges nous a-t-on dit. Tout ça pour aller voir quoi ? des restes de ponts romains paumés dans la montagne ? Tout ça pour dire que je commence à grommeler et à froncer des sourcils.
Quelle ne fut donc pas notre surprise lorsqu’enfin nous arrivons. Pas de ponts romains. Un pont naturel. La rivière locale a creusé la roche au point de trouer la montagne qu’elle avait devant elle.
Une grande grotte à double entrée. En tout cas, quand on s’y attend pas l’effet est saisissant et on aimerait (si on avait plus de temps et moins de fatigue) y crapahuter. On se contente de se poser et de profiter du cadre. C’est frais et c’est à l’ombre. Et c’est visiblement un coin un petit peu touristique vu le nombre de promeneurs (alors que jusqu’ici on n’avait croisé personne).
Au retour, je ne suis quand même pas tranquille. Il se fait tard, et le chemin du retour sera long. On se presse, on se presse ! Bon, quand au bout d’un moment on arrive à un endroit où je sais que le chemin sera plat jusqu’à la fin, je me détends. Le timing devrait être bon. Même si Mademoiselle s’arrête de temps en temps ramasser des fraises des bois. Le retour se fait d’une traite ou presque. Les bûcherons travaillent toujours. A un moment, incroyable mais vrai, on croise d’autres randonneurs. Un peu plus loin, des biches.
Et voilà, malgré les dix heures de marche, nous arrivons avant la nuit !
Ce soir, nous sommes les seuls résidents du refuge. Seul un petit chat pour nous tenir compagnie quand on mange. Petit chat qui comme tous les petits chats du monde saute partout, s'agrippe à la nappe, monte sur les chaises et miaule pour qu’on s'intéresse un peu à lui. Et comme tous les petits chats du monde, son maître le prend par la peau du cou et l’envoie dehors.
Allez, quatre soupes, un peu de saucisses grillées et au lit.

Quatre ou cinq étoiles ?

Le lendemain, on enchaîne. On reprend le désormais célèbre balisage rouge mais vers le sud ce coup-ci. Toujours sous la forêt, toujours à flan de montagne, nous avançons. On ne va pas épiloguer. Aujourd’hui c’est Mademoiselle qui craint un peu la route alors que moi je suis motivé pour marcher jusqu’à épuisement total (ou presque). C’est vrai que là on a toutes nos affaires sur le dos et que la marche va durer.
A la mi-journée, on se rapproche de la civilisation et des routes à peu près carrossables. Des bûcherons sont à l’ouvrage (oui, encore, mais il y a de quoi faire). Mais les bûcherons de la région sont de petits rigolos et parsèment les pistes forestières de faux panneaux de signalisation indiquant la direction d’Istanbul, la présence de contrôles radars ou des limitations de vitesse à 110 km/h sur des chemins qui ne permettent pas d’aller à plus de 20 sans risquer de mettre en danger l’intégrité physique du véhicule. Et c’est ainsi que nous arrivons à Пампорово. Пампорово est sûrement (avec Montecarlo et le sixième arrondissement de Paris) une des zones possédant la plus grande concentration d’hôtels de luxe au mètre carré. Partout des Resorts plus étoilés les uns que les autres. Mais le plus souvent vides. Et parfois à la limite de l’abandon. En effet, en hiver Пампорово est la station de ski à la mode. Pour gens riches (comprendre : des mafieux en goguette). On nous expliquera par la suite que tout ça c’est de l’arnaque car même en hiver il n’y a pas assez de pistes de ski (et la neige c’est limite) par rapport à la capacité hôtelière de la ville. Que en fait, les gens riches (comprendre : les mafieux) qui ont plein de sous et qui ont envie d’investir n’ont hélas aucune imagination et font construire des trucs de luxe pour une clientèle hypothétique, trucs de luxe qui dans quelques années seront en ruines ou presque. Пампорово ressemble donc à un mini Disney Land, tout aussi toc et moche.
Là, le balisage nous abandonne lâchement. Et nous sommes obligé de rejoindre Проглед par la route. Ca va qu’il n’y a que quelques kilomètres. On fatigue. Dure journée mine de rien.

Frenchy or not frenchy ?

Qu'on se le dise, les français sont partout. Si, partout. Voilà, là on est à Проглед, modeste village de quelques poignées d’habitants, on se repose un petit peu avant d’entamer la montée vers le village proprement dit. Là, un djeunz, vient nous voir, et se met à nous parler bulgare, genre, salut ça va, dites donc les gars, si vous attendez le bus c’est peine perdue, il passe pas ici. Certes, certes, but we don’t speak bulgarian. Oh, des français ! (dans le texte) nous répond-il (ça fait toujours plaisir de voir que notre accent anglais ne résiste pas 5 secondes à une oreille attentive). C’est donc un français, vivant à Пловдив, la grande ville un peu plus au nord et en vacances ici. Dans ce petit village inconnu de tous, il y aura au moins trois français. Partout je vous dis...

Féta ou féta ?

Nous retrouvons donc Эорница qui vient d’arriver avec son mari (que l’on nommera Митко), sa fille, son beau-frère et le fils de celui-ci. Ils ont loué une pension et, la vie est belle, une chambre est dispo pour nous. Avec super vue sur la vallée, lit douillet et tout et tout. La méga classe. Non seulement ça mais en plus nos hôtes s'occupent de nous, s’activent en cuisine pendant qu’on regarde le coucher de soleil sur le balcon. La salade de tomate sera d’ailleurs faite avec les tomates et les concombres du jardin, ramenés spécialement de leur jardin de la banlieue de Варна (sur la Mer Noire, faut-il le rappeler ?). Et dans la salade, évidemment, de la féta. Et dans l’omelette aussi. Et les pates. Et la pastèque. Partout quoi. D’ailleurs, pour le dessert Mademoiselle avait pensé à ramener des macarons de Paris mais le voyage en avion ne leur a pas plut. Du tout. Alors il nous faut bien l’avouer : on les a mangé les jours précédents (ils étaient bons). Voilà voilà, nous discutons de tout et de rien, les gamins regardent les mystérieuses cités d’or dans leur coin (ça a vieilli dis donc) et la télé diffuse des clips. La paix règne.
En allant nous coucher, le village est plongé dans le noir. Seul un lampadaire un peu plus loin tente d'éclairer une bâtisse isolée. Mais la lumière ne porte pas très loin et très vite les ténèbres reprennent le pouvoir. C’est de la peinture flamande. Et c’est très beau.

En haut ou en bas ?

Après le petit déj (à base de féta), nous embarquons tous dans les voitures des uns et des autres, direction le coeur de la montagne pour aller visiter la région et ses splendeurs naturelles.
Certes, ça commence moyen car la route tourne pas mal et Mademoiselle finit dans la position prostrée caractéristique des gens malade en bagnole.
Nous arrivons à Триград et ses gorges étroites au fond desquelles coule une petite rivière et, tant bien que mal, essaient de rouler les voitures des touristes. Outre que le paysage est fort plaisant, le principal attrait du coin est, à la sortie du cañon, une grotte qui comme la moitié des grottes à touristes de la planète porte le modeste patronyme de Gorge du Diable. Histoire de faire encore plus pittoresque, un bulgare se prenant pour un écossais joue de la soit-disant cornemuse locale.
La grotte donc. La visite est assez rapide mais fait son petit effet. Une immense salle (escaliers glissants !) dans laquelle coule un rivière que l’on ne voit quasiment pas. On se contente de l’entendre. Pas mal de bruit mine de rien. En fait, il y a une mini cascade à l’autre bout. C’est par là que l’on remonte et on a une vue impressionnante d’un bout de ciel bleu, entouré de verdure, image diffractée par l’eau qui y dégringole. Et tout le reste est noir. Les ténèbres. Ca fait un peu film d’aventure hollywoodien. Malick aurait adoré le coin.

Cursives ou capitales ?

Le cyrillique est un alphabet formidable. Non seulement il est bicaméral (ça, encore, ça passe), mais en plus la graphie manuscrite cursive fait parfois n’importe quoi. Un bon exemple vaut mieux qu’un long discours : la lettre Т devient en cursif m. Et le Д devient g (alors que c’est le son du ‘d’). Эорница et son mari rigolent bien en voyant nos têtes dépitées face au menu du petit resto à Ягодина. Ягодина c’est l’autre grotte du coin. Moins spectaculaire que la gorge du diable mais avec plus de stalactites (et -mites). Ca caille grave à l’intérieur. Et un courant d’air sibérien sort de la grotte. Malgré les températures extérieures estivales, les touristes attendant la visite ont tous la grosse veste (et sont heureux de l’avoir).
Mademoiselle prend plaisir à musarder et trainer à l’arrière (d’autant que les explications sont en bulgare). Bon, moi ça me stresse un peu, j’avoue, toujours se retourner, elle est où bordel ? Ah, y a une ombre qui bouge là bas. De temps en temps le guide remonte jusqu’à nous, faisant comprendre qu’il faut pas s’égarer. Surtout que c’est la dernière visite de la journée, après, plus de lumière et la grille menant à l’extérieur est fermée.
Le dernier truc de la journée sera la mini halte à Широка Лъка. Petit village à l’ambiance tranquille et sympatoche. L’église est fermée. Mais les petits ponts sur la rivière sont toujours là. Ainsi que le vendeur de pommes.