jeudi 2 juin 2011

Gunnung Rinjani

Gunnung Rinjani En Indonésie , chaque île à son volcan. Bali a son Gunnung Agung, Lombok a son Gunnung Rinjani. Point de rencontre de tous les sportifs motivés par autre chose que le surf, les pentes du Rinjani sont assez fréquentées. Enfin, par rapport aux autres lieux de rassemblements touristiques, ça reste modeste. Donc, le Rinjani, 3726 mètres d’altitude. Et des randonneurs dessus. Le trajet classique, c’est de faire ça en trois jours. Comme c’est un parc national et que l’association de guide locale tient à son business, il est obligatoire de ne pas partir tout seul, donc, un guide (ce qui est bien compréhensible vu que la grande majorité des visiteurs n’est pas spécialisée dans la haute montagne), mais aussi des porteurs (un pour deux personnes grosso modo). Difficile de passer outre ce système à moins de se perdre en négociations. C’est toujours un peu casse pieds ces histoires porteurs. D’accord, ce sont des gens habitués à la montagne (encore que, pas sûr, ils avait l’air de venir de différents endroits de l’île), ils ont la forme, la connaissance du terrain, et c’est un moyen comme un autre de gagner sa vie. N'empêche que c’est un boulot de chien, que les conditions dans lesquelles ils le font ne sont pas glorieuses (en tongs, en trimballant des affaires un bambou sur l’épaule les paquets à chaque extrémités) que c’est sûrement les moins bien payés de tout le système (guide, parc, intermédiaires divers), et qu’ils ne feront sûrement pas de vieux os (malgré une hypothétique promotion en tant que guide). Là où le système est traître, c’est que au début on peut se dire que en effet, c’est un scandale tout ça, mais après quelques heures de montée dans les cailloux, on se trouve bien content de n’avoir à trimballer que ses affaires et pas le matos de cuisine et les tentes. Enfin bref, à peine arrivés au petit village de Senaru, sur les pentes nord du volcan, on nous propose un circuit avec un autre groupe et l’affaire est pliée assez vite. Dès le lendemain matin, on part. Nous montons donc avec trois allemands et un couple de bruxellois (dont un basque). Et un guide donc, dont le nom de famille est Mansour. Eh oui. Le premier jour on monte bien, 2000 mètres de dénivelé positifs. D’abord dans la foret. C’est tranquille, presque un peu décevant (where are the snakes ? where are the tigers ?). Et puis d’un coup la végétation se clairsème et fait place à de la prairie. Et d’ailleurs, que voit-on vers l’ouest, là au dessus des nuages en contrebas ? On voit les volcans de Bali. Et c’est joli. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui va suivre. Si une fois en haut, au bord du cratère au regarde de l’autre côté on verra la caldeira au fond de laquelle se trouve un grand lac, au milieu duquel se trouve un mini cratère de mini volcan. Et là, honnêtement, cela stupéfie la petite foule de marcheurs. Et ça tombe bien, c’est là qu’on va camper. En fait il y a plusieurs groupes. Je me demande combien ça fait en tout. Une cinquantaine de personnes peut-être. Chaque groupe fait son petit tas de tente et les porteurs font cuire le riz et les espèce de galettes de crevettes frites (dont on se lasse très très vite). C’est un peu dommage d’être ainsi les uns sur les autres. C’est dommage aussi que cette promiscuité accentue le côté un peu décharge de l’endroit (vieux morceaux de papier toilettes partout). Un allemand bavard content de pratiquer son français discute encore et encore, épaté de voir en Mademoiselle une révolutionnaire qui va place Tahrir. Et c’est un pote de Dominik Moll (le cinéaste). A la nuit tombée, il fait froid. Au lit. Deuxième jour, on descend vers le lac. Le chemin n’est pas facile. Cailloux, pente raide, ça tue les genoux. Je commence à avoir un peu mal au bide. A la mi-journée, une fois au niveau de l’eau, on fait un crochet vers des sources d’eau chaude. Cadre idyllique ou presque avec petite cascade et tout, l’eau est en effet brulante. Effet relaxant total. Mais une fois sorti du bain, toute énergie a déserté nos pauvres corps. Remède : baignade dans l’eau plus fraîche de la rivière. Et c’est reparti. Sur les bords du lac, des pécheurs. Au milieu, le mini volcan a des hoquets, on entend des bruits bizarres et de la poussière qui s’élève. L’après midi est plus sportive, on remonte de l’autre côté du cratère. La montée sera aussi raide que l’a été la descente du matin. Le soleil en plus. On commence un peu à fatiguer. Comme précédemment, tout le monde campe au même endroit. Ce coup-ci il y a un peu plus de monde car on se rapproche d’un village d’où partent les marcheurs les plus pressés, ceux qui veulent monter au sommet en deux jours plutôt que trois. Oui, le sommet. Il nous attend, il nous faudra nous lever à 2 heures du mat’ et se taper 1000 mètres de dénivelé dans le noir, le long d’un chemin que la rumeur décrit comme exécrable. Ca promet. En attendant, on va faire un tour vers petite une source où les uns se lavent les pieds et les autres remplissent leur gourde.