jeudi 2 juin 2011

Ferry

Entre l’île de Bali et l’île de Lombok il y a, je sais pas moi, disons 50 kilomètres. Y a un ferry qui met quatre heures entre le port de Padang Bai (Bali) et Lembar (Lombok). Correct, le ferry. Un peu saoulant quand une foule vendeurs envahissent le navire avant le départ. Et quand on pense être enfin au calme, la télé prend le relai. Seule solution : se trouver une place dehors sur le pont. Comme autre moyen de transports, on a le bemo qui est le bus local, version minibus de base ou version minibus encore plus de base (plus petit, deux rangées de sièges se faisant face, genre pour les collégiens qui rentrent à la maison (d’ailleurs il faudrait éclaircir ce phénomène : les élèves ont toujours l’air d’aller en cours ou d’en revenir, jamais d’y être)). Le fonctionnement est comme à peu près tous les taxis collectifs du monde : on part quand c’est plein ou quand le chauffeur est d’humeur. Sur ce dernier point à la gare routière de Mataram on a subi un chauffeur (en fait ce n’était même pas le chauffeur mais là n’est pas le problème) aux méthodes marketing les plus absurdes de l’archipel. Pour attirer le client, il klaxonne (ça encore c’est cohérent à défaut d’être agréable), et il fait osciller son véhicule (avancer puis reculer puis avancer, etc...) sur une dizaine de mètres, pile face à une rue perpendiculaire qu’il bloque dès qu’une voiture se pointe. Et quand vraiment le client se fait rare, il fait une boucle, même pas du paté de maison, juste il fait demi-tour, roule sur 50 mètres, refait demi-tour et revient à son point d’origine. Bref c’est difficile à décrire, mais soyez sûrs que c’est du plus haut degré d’absurdité et d'inefficacité. Le tout pendant deux heures. Mais bon, malgré tout j’aime bien, on voit les gens, par exemple des mamies qui vont au marché et que ma barbe fait bien délirer. En fait, le principal problème du bemo n’est pas son confort très relatif, pas non plus sa ponctualité aléatoire ni même sa célérité (son absence de célérité). Le problème, c’est que c’est du transport local, les trajets sont donc en général très courts. Si tu veux aller loin, tu devras faire des sauts de puces et changer de véhicule tous les 20 kilomètres. Au début tu crois que vu qu’il y a des gares routières ça va être plus simple, alors autant le dire tout de suite : ça n’arrange rien, surtout à Denpasar où il y a en plusieurs et rien que pour aller de l’une à l’autre tu perds en temps fou. Si t’es pas pressé, ça va. Mais en fait, en général tu es un peu pressé car les bemos s’arrêtent tôt. A 14h ça commence à être tendu et à 16h, y a plus rien. Dommage... Tout ça pour dire que les trajets sont longs alors que si tu regardes la carte de l’île, les distances sont ridiculement petites. Et c’est là que tu te dis que pour le retour tu prendras la navette à touristes. Car conscients de ce problème, les petits malins du coin (hôtels, office de tourisme et assimilés) affrètent des minibus entre les grands points de rassemblements de touristes. Alors OK, c’est bien plus cher que les bemos (trois fois ? quatre fois ?) mais c’est direct et c’est plus rapide (et reposant). J’ai l’impression que l’immense majorité des touristes ne prend que ça (et ne soupçonne pas l’existence de cette pittoresque alternative). Ou alors ils louent des motos. Dans notre cas, on a alterné. Un coup bemo, un coup truc à touristes. Là où ça devient rigolo, c’est quand a voulu aller de Kuta (Lombok) à Lembar (pour le ferry vers Bali). Le trajet, on le connait pour l’avoir fait à la locale. Lembar - Mataram en bemo (20 000 Rps / pers, je me suis bien fait avoir mais bon, on apprend avec ses erreurs), Mataram - Praya en bemo (10 000 Rps / pers), Praya - Sengkol en bemo (5 000 Rps / pers), Sengkol - Kuta en ojek (15 000 Rps / pers, je sais plus bien...). Galère donc. Mais voyant les prix des “agences” de Kuta (120 000 Rps / pers ça fait un peu mal, enfin, pour le principe, parce que dans l’absolu c’est pas si cher que ça) on se décide pour un retour à la dure. On questionne quand même tout le monde pour avoir des détails du genre y a-t-il des bemos ? d’où partent-ils ? par miracle y aurait-il des directs vers Mataram ? Personne ne sait vraiment mais bon, on ne se décourage pas (c’est l’effet apaisant de trois jours à la plage). Mais la population locale ne saurait tolérer une telle hérésie. Par le bouche à oreille notre cas circule et le matin du départ un type vient nous voir devant notre bungalow, et trop sympa (ou plutôt parce qu’il faut bien remplir son minibus qui hélas pour lui n’était pas plein) nous fait une proposition qu’on ne peut pas refuser. Et vu le prix défiant toute concurrence, on ne refuse donc pas. Ca, c’est négocier sans même avoir à négocier. Bon, un peu plus haut, j’ai parlé de ojek. C’est quoi donc ? C’est quand le réseau de bemo arrive à son terme. Pour prendre le relais il y a des petits jeunes en motos qui t’emmènent jusqu’à ta destination finale. Tu montes derrière, tu cases ton gros sac à dos comme tu peux, tu t’agrippes bien et c’est parti. Heureusement c’est en général dans des zones où le trafic est limité donc ça va, c’est pas trop l’angoisse. A Lombok, on l’a fait trois fois. En allant vers Senaru, parce qu’il était trop tard pour quoi que ce soit d’autre (en montant vers le village, on faisait face au Rinjani éclairé par le soleil couchant et c’était la classe). A Sembalun ensuite, parce qu’on savait pas où on était. Et enfin vers Kuta, parce que c’était ça ou rien.