samedi 31 juillet 2010

30 kilomètres à pied, ça use ou ça use pas ?

Ca use ! La veille, le jeune anglophone nous avait conseillé d’aller vers le nord jusqu’au refuge de Чудните Мостове. Bon, il avait précisé “pour y dormir”. Mais ce n’est pas bien rentré dans nos crânes et nous nous sommes motivés (je me suis laissé motiver) pour faire l’aller-retour dans la journée, ce qui n’est pas rien. Bon, c’est facile, il faut suivre le balisage rouge. Il faut le dire, le balisage dans ce coin est plutôt bien fait. Le seul reproche qu’on pourrait à la rigueur lui faire serait de ne jamais préciser les distances ni les temps de parcours. Et aussi que ne sont indiquées quasiment que les refuges. Et tant pis si c’est dans 40 kilomètres.
C’est ainsi que nous partons le coeur léger à travers les forêts. De temps en temps, au loin, des bûcherons. Parfois, des bancs et tables (tout neuf, cofinancé par l’Union Européenne), judicieusement placés quand le paysage est agréable. De ça de là, des fontaines aménagées pour récupérer l’eau d’un ruisseau, avec une tasse posée là au cas où. Le chemin est sympathique, bien abrité du soleil qui tape fort. A flanc de montagne, peu de dénivelé. Mais l’heure avance. De toute façon à 14h, quoi qu’il arrive, on fait demi-tour. Tu parles ! C’est toujours délicat d’être un peu dans le flou. On sait qu’on est presque arrivé, mais on ignore combien il reste exactement (c’est ça d’avoir une carte pourrie). Et puis, c’est quoi ce Чудните Мостове ? Beautiful Bridges nous a-t-on dit. Tout ça pour aller voir quoi ? des restes de ponts romains paumés dans la montagne ? Tout ça pour dire que je commence à grommeler et à froncer des sourcils.
Quelle ne fut donc pas notre surprise lorsqu’enfin nous arrivons. Pas de ponts romains. Un pont naturel. La rivière locale a creusé la roche au point de trouer la montagne qu’elle avait devant elle.
Une grande grotte à double entrée. En tout cas, quand on s’y attend pas l’effet est saisissant et on aimerait (si on avait plus de temps et moins de fatigue) y crapahuter. On se contente de se poser et de profiter du cadre. C’est frais et c’est à l’ombre. Et c’est visiblement un coin un petit peu touristique vu le nombre de promeneurs (alors que jusqu’ici on n’avait croisé personne).
Au retour, je ne suis quand même pas tranquille. Il se fait tard, et le chemin du retour sera long. On se presse, on se presse ! Bon, quand au bout d’un moment on arrive à un endroit où je sais que le chemin sera plat jusqu’à la fin, je me détends. Le timing devrait être bon. Même si Mademoiselle s’arrête de temps en temps ramasser des fraises des bois. Le retour se fait d’une traite ou presque. Les bûcherons travaillent toujours. A un moment, incroyable mais vrai, on croise d’autres randonneurs. Un peu plus loin, des biches.
Et voilà, malgré les dix heures de marche, nous arrivons avant la nuit !
Ce soir, nous sommes les seuls résidents du refuge. Seul un petit chat pour nous tenir compagnie quand on mange. Petit chat qui comme tous les petits chats du monde saute partout, s'agrippe à la nappe, monte sur les chaises et miaule pour qu’on s'intéresse un peu à lui. Et comme tous les petits chats du monde, son maître le prend par la peau du cou et l’envoie dehors.
Allez, quatre soupes, un peu de saucisses grillées et au lit.