dimanche 1 mars 2009

Les randonneurs du lundi

Les randonneurs du lundi que l’on croise au col de Navafría sont bien équipés, eux. Ils savent que si on continue à monter comme nous le faisons, il va vite faire froid. Oui car comme il a été dit, nous sommes au col de Navafría. Avec fría dedans. Fría. Du latin frigidus. Froid. Qu’il n’y ait pas d’ambiguïtés sur les termes. Ils nous encouragent quand même à prendre le même chemin qu’eux jusqu’à un sommet. C’est parti. Sous les arbres dans un premier temps. Petit à petit, l’altitude augmente, et la neige est de plus en plus épaisse. La forêt laisse place à un désert glacé balayé par les vents dont ne profitent que quelques rares oiseaux de proies planant vers on ne sait où. Les sapins encore présents transformés en statues de glace. Comme la veille et l’avant veille, à la mi-journée, les nuages apparaissent. Vu la situation, il vaut peut-être mieux ne pas s’attarder. Nous faisons une croix sur le sommet pourtant tout proche et amorçons la descente par le chemin de la frontière. En fait nous sommes pile poil entre les provinces de Madrid et de Castille, jalonnée de bornes, de petits forts en ruines. Les randonneurs espagnols nous indiquent le chemin. Il n’y a qu’à suivre les piquets. Le long de la ligne de crêtes. S’il n’y avait le froid et l’horizon bouché par les nuages, la vue serait fantastique. Nous regagnons donc fissa la voiture et reprenons la route. Quelques biches aperçues au détour d’un virage. Nous rentrons tranquillement vers Ségovie. En attendant le soir, nous faisons un tour dans la cathédrale, imposant édifice, garni de chapelles aux décors plus ou moins délirants avec leurs dorures finement ciselées et leurs christs agonisants. Pour se reposer de ces ornementations un peu lourdes, on trouve quand même un sympathique cloître, et dans le musée, quelques tapisseries flamandes qui paraissent comme neuves malgré leur demi-millénaire d’existence. Il est quand même à noter que le respect dû au sacré n’est plus ce qu’il était. On a pu observer un peu plus tard, en flânant dans la ville, une petite fille et sa mère, raquette à la main, faire une paume contre le mur d’une église. Elles s’amusaient bien. Après ça, on a rendez-vous au ciné pour un festival court métrages. Comme dans toute sélection, y en a des biens et des moins biens. Et des où ça parle beaucoup et très vite et donc auxquels on ne comprend rien. Dans l’ensemble, c’était bien. Mais là où ça s’est gâté, c’est qu’en sortant, on n’a pas trouvé de restos ouverts ! Et la réputation qu’on les espagnols de manger tard ? Peut-être que le lundi c’est relâche. Bref, je me suis contenté de noix de cajou et d’une pomme dans la chambre de la pension. Bouh…