lundi 1 décembre 2008

4 - moustiques - poissons – moines

En tous cas une chose est sûre, nos soldats ne défendent pas grand chose, et surtout pas des moustiques. On est resté là deux nuits, et les deux nuits, on s’est fait bouffer je vous raconte pas. A part ça, ce coin est sympa. Ni camping, ni hôtel, plutôt un assemblage de bungalows ou paillotes en bois, avec vue sur la mer et l’Arabie Saoudite qui étend de l’autre côté du golfe d’Aqaba son immensité pierreuse. De fait, la côte est remplie de camps de ce genre. A part quand la route ou une falaise l’empêche, le moindre mètre carré de plage est colonisé par un camp. Tous sur le même modèle. Je ne m’y attendais pas et je dois dire que ça fait perdre un peu de son aura au concept de Mer Rouge. Heureusement, là c’est la semaine précédant l’Aïd. Donc y a personne. Dans quelques jours se sera le gros rush mais en attendant on a la plage pour nous tous seuls. Et comme le voyage tire à sa fin, on en profite pour se reposer en ne faisant strictement rien. Mais alors rien de rien. Manger de la tahina face à la mer. Rêvasser face à la mer. Se baigner un peu. Se balader le long de la plage. Je ne mets même pas à profit cette occasion en or pour regarder les poissons. A ce sujet, on ne dit pas regarder bêtement les poissons, on dit snorkeling, c’est vachement plus tendance. Idem pour Sainte Catherine où nous étions quelques jours avants et où nous n’avons pas fait, notez bien, de marche à pied, mais plutôt du trekking, ou à la limite du hikking. Toujours avec 2 ‘k’. On ne dira jamais assez à quel point la langue anglaise a permis d’embellir les voyages. Bref, sur ce point, il faut bien dire qu’on a optimisé un max notre présence là-bas. A peine arrivés, on profite des quelques heures de soleil qu’il reste et on se met en marche un peu au hasard pour se retrouver au final au sommet d’un petit col surplombant une vallée étroite peu à peu nimbée de cet éclairage si particulier du crépuscule qui donne l’impression que les roches changent de teinte. Nous sommes à peine rentrés que s’engagent de grosses discussions avec un guide pour déterminer la balade du lendemain, et c’est ainsi, et malgré les protestations de Hanaa, que le lever est fixé à 5 heures du mat’. A cette heure-ci pas grand monde n’est debout à part une poignée de moines (en stage au monastère ?) qui plasmodient je ne sais quoi dans leur coin. Une bien belle marche durant cette journée. De petites vallées désertiques en petites vallées encore plus désertiques, nous cheminons tranquillement entre les montagnes et le moins que l’on puisse dire, c’est que le paysage est magnifique. Bien sûr, il faut aimer la caillasse. Mais de temps en temps, à la faveur d’une source ou d’un ruissellement, quelques arbres fruitiers apparaissent, bichonnés par les habitants du coin. A un moment nous montons Mademoiselle et moi (les deux autres ont la flemme et prennent le thé avec le guide en bas) sur un sommet où a été construit un palais au XIXe. Construit en partie seulement car son commanditaire est mort avant la fin des travaux. La vue y est imprenable et en forçant un peu on peut distinguer la mer au loin. Le retour se fait le long d’une vallée très encaissée qui permet de voir à quel point la géologie du coin peut parfois faire penser à de grossiers empilements de pâte à modeler.