lundi 1 décembre 2008

3 - automobiles - bédouins - militaires

En fait deux philosophies s’affrontent. Celle, disons comme en France où le principe consiste à être persuadé que si tout le monde respecte les règles, tout ira pour le mieux. Et celle, disons comme au Caire, où le principe consiste à être persuadé que si tout le monde fait de son mieux pour sauver sa peau, tout ira pour le mieux. L’une adopte une approche théorique, l’autre pragmatique. Au fond, la conduite égyptienne pousse à faire confiance aux autres. En un sens c’est plus responsabilisant. Et au final, sans que je ne me l’explique vraiment, je n’ai pas eu peur quand j’étais en voiture. Certes, Mademoiselle ou Madame ne conduisent pas aussi nerveusement que les autres automobilistes sur place, mais quand même, par rapport aux critères occidentaux, c’est un peu sportif. Mais il n’y a pas que ça, pour complexifier la conduite il y a aussi les u-turns. Oui, ça c’est un truc que je ne connaissais pas. Typique. Supposons deux grosses avenues qui se croisent. Plutôt que de faire un carrefour avec des feux tricolores que personne ne respectera sauf s’il y a une armée de gendarmes pour organiser la circulation, l’urbaniste cairote à choisi une option inhabituelle mais qui au fond peut se justifier : le u-turn, soit la possibilité de faire demi-tour. Le principe de base est que dans ce genre de topologie complexe, on ne peut que faire demi-tour ou tourner à droite. Reprenons nos deux avenues, la plus importante aura la priorité, ainsi, pour aller tout droit au croisement, les gens pourront aller tout droit sans s’arrêter. Jusqu’ici tout va bien. Par contre pour l’autre avenue qui n’est pas prioritaire, pour aller tout droit au croisement il vous faudra tourner à droite (dans l’avenue prioritaire), faire demi-tour et tourner à droite de nouveau (faites un dessin, ce sera plus clair). Sachant pour cette opération, il faudra à deux reprises croiser le flux de la grosse avenue, soit un gros bordel qui n’aide pas à se rabattre sur les files désirées. Et voilà. Ca peut paraître idiot mais ça fonctionne. Il y en a plein. Même parfois sur les routes désertes du Sinaï. Au niveau des check point. Les check points, c’est des guérites pleines de militaires qui barrent la route et font semblant de regarder les cartes grises des égyptiens et les passeports des autres. Certains militaires assument mieux leur inutilité et servent uniquement pour la déco, exemple quand on arrive sur les rives de la mer Rouge, il y a pour nous accueillir devant notre camping, un gros char de l’armée garni des deux soldats qui s’ennuient comme des rats morts à regarder une route quasi déserte. Rapport avec les incidents de ces derniers jours ?

Reuters, le 13 novembre :

The violence, the most serious in months between Bedouin tribesmen and police, started on Monday after police fired on a Bedouin-owned vehicle that ignored orders to stop, killing one man and wounding another.
In the protests that followed, Bedouin retaliated for Monday's shooting by briefly kidnapping 25 policemen and storming a police post near Egypt's border with Israel, and police shot dead three Bedouins in a protest on Tuesday.


Karim semble détenir quelques éléments explicatifs supplémentaires de ce phénomène et nous informe que le proprio est un fils de chef bédouin. Et qu’en plus il a épousé une israélienne. Y en a vraiment qui cherchent la merde.