mardi 1 avril 2008

VERS LA CASAMANCE

On se lève tôt et nous repartons avec le couple franco-sénégalais.
La route vers Kaolack est longue, mais après tout on est au Sénégal, et ici, nous rappelle-t-on « il faut avoir du temps, une demi-heure peut signifier une demi-journée ». Il y a les trous dans la route, les raccourcis sur les pistes, les troupeaux de buffles qui passent, les phares qui tombent sans prévenir.
Le couple nous laisse à la gare routière d’où nous embarquons vers Ziguinchor.
Et c’est parti pour 250 kilomètres de transgambienne, soit 6 heures de poussière sous un soleil de plomb. Le plus long, c’est la Gambie. Il y a les postes frontières. Le bac pour traverser le fleuve. Et la route est assez mauvaise alors que côté Casamance, elle est nickel. Il y a aussi mon sac qui a tenté de s’enfuir à la faveur d’une ouverture intempestive du coffre du taxi. Bon, y avait rien de fragile dedans…
Ne pas oublier non plus les douaniers gambiens corrompus (à force d’être prévenus, ça nous a presque paru normal) avec lesquels nous avons visiblement eu de la chance. En tout cas c’est l’avis des passagers du taxi-brousse qui jugent que 1000 FCFA de bakchich par personne et par poste frontière c’est plutôt un bon prix pour des français. D’ailleurs heureusement qu’ils ne demandent pas plus car on commence à être très juste niveau liquide. Il nous reste assez pour arriver à destination mais pas plus…
Avec nous, un sénégalais qui parle avec plein d’expressions italiennes, et pour cause, il vit là bas. C’est un expansif et avec son voisin de taxi-brousse il passe tout le trajet à discuter politique. Et il s’occupe de nous. Nous accompagne parfois quand on va voir les douaniers. Nous pique nos noix de cajou. Tiens à nous amener voir ses potes agronomes italiens qui bossent dans les environs. Et une fois à Ziguinchor nous amène dans un hôtel où il a ses habitudes. Finalement, on arrive tant bien que mal à se débarrasser de ce sénégalo-italien dont je ne savais plus trop quoi penser. A force de sollicitude et d’insistance à nous aider il en devenait presque louche (c’est mon côté parano qui remonte de temps en temps).
Après ça, c’est la soirée boude (il y en a toujours une). La fatigue. La chaleur. Après, il y a des facteurs aggravants, différents selon chacun.
Moi, c’est le paysage sénégalais que nous voyons défiler dès que l’on s’éloigne d’un point d’eau. Du sable, encore du sable. A perte de vue. Avec quelques arbres de ça de là. Même pas un vrai désert. Pour moi c’est pire. Car c’est illusoire. Tout ceci me paraît stérile. C’est sans espoir.
Pour mademoiselle, c’est la présence de l’islam qui s’affiche, c’est l’appel du muezzin à cinq heures du mat’, plein pot, interminable. Ca la fait déprimer. Et encore, dit-elle, chez nous ça finit par un « mieux vaut prier que dormir ! ».