dimanche 1 octobre 2006

Mardi 17 : ¡ No pasarán !

Il y a des habitudes qui se perdent difficilement. Au lever du soleil nous grimpons sur les toits de l’hôtel regarder au loin les sommets enneigés. Certains poussent le professionnalisme jusqu’à se recoucher après.

Comme la situation politique du pays est encore un peu floue depuis le printemps dernier et qu’aucun gouvernement stable n’est en place, quelques catégories socio-professionnelles en profitent pour faire passer aux hautes instances de Katmandou leurs revendications. Difficiles d’avoir des explications claires sur ce qui se passe, mais il semble que les commerçants protestent contre l’importance des taxes et impôts les visant. Pour cela, ils font des barrages sur les principaux axes de circulation du pays. Moyen simple mais efficace. Il suffit d’un tracteur en travers de la route pour tout bloquer.
Manque de bol, c’est justement le jour où nous devons faire de la route que l’action a lieu. Néanmoins, notre guide a bon espoir de passer. Les touristes sont censés pouvoir circuler sans problèmes.
Au bout de quelques kilomètres, un barrage. Ca n’a pas l’air de rigoler. Tout le monde descend et patiente[1]. Il y a des histoires de plaques d’immatriculation qui nous échappent. Il y en a de différentes couleurs (pour les véhicules privés, les transports publics, etc…) et apparemment nous n’avons pas celle qui nous permettrait de circuler librement.
Vingt minutes de négociations acharnées plus tard, on nous laisse passer. Pour tomber 2 kilomètres plus loin sur un autre barrage. D’où nouvelles négociations. Comme la lassitude commence à poindre, Binay nous dégaine un plan B. On va donc se poser au bord du Begnas Tal, grand lac des environs.
L’après midi, on va se balader aux alentours. Le soleil tape dur, les paysans s’occupent des récoltes de riz, les gamins s’extasient devant les ballons gonflables que l’un de nous a eu la bonne idée d’emporter avec lui, des araignées monstrueuses se prélassent sur leurs toiles[2]. Tout est calme. Une fois à l’autre bout du lac, des habitants du coin se chargent de nous ramener en barque au campement. Jeunes (très jeunes) ou vieux, les rameurs ont un sacré coup de pagaie…


[1]"Tu vas finir brûlé par des maoïstes et t’auras pas vu l’Aurore. Quelle vie de merde !"

[2]Une victime témoigne : "J’étais sous la douche, pleine de mousse, et là je vois une grosse araignée. Je réfléchis pas et je l’écrase à coups de tatane, j’étais comme une folle, j’ai dû taper une bonne quinzaine de fois. En sortant, j’essaie de dire au gars du lodge qu’il y a une araignée explosée dans la douche mais je crois pas qu’il ait compris."