dimanche 1 octobre 2006

Lundi 9 : La banlieue

Direction Pashupatinath, un des plus important temple hindou du pays. Dédié à Shiva, il faut donc enlever ses chaussures si elles sont en cuir (cuir = vache morte = mauvais karma) avant d’y pénétrer. Pour une poignée de roupies, un type veillera dessus. Les païens comme nous ne peuvent pas entrer. Qui dit temple, dit sâdhus.


Le sâdhu

Saint homme menant une vie d’ascète et d’errance avec pour seul but la recherche du salut. On les reconnaît au fait qu’ils se couvrent le visage de cendres, et se peignent trois bandes horizontales sur le front. Il faut néanmoins distinguer les vrais sâdhus des faux. Les vrais traînent aux alentours des temples en méditant à des concepts métaphysiques qui nous dépassent. Les faux traînent autour des touristes pour leur peinturlurer des tikas (gros point rouge) sur le front avant de leur demander quelques dollars ou à la rigueur des roupies.


A proximité immédiate du temple coule la Bagmati, la rivière sacré sur les berges de laquelle tout bon hindou rêve de se faire incinérer à sa mort. Continuellement, de la fumée s’élève des différentes dalles où ont lieu les crémations. Cérémonie relativement sobre mais très codifiée. Les fils en blanc, les femmes à l’écart, des fleurs, un peu d’eau de la rivière, le feu qui démarre doucement. Mine de rien, ça fait son petit effet. Malaise quand même étant donné le nombre de touriste qui, appareil photo en main, observent cette scène tragique.
Sauf erreur, c’est la première fois que je vois un cadavre.

Théologie

Même si Bouddha est indien, sa pensée a surtout été adoptée ailleurs (nul n’est prophète en son pays, dit-on). Il y a les bouddhistes du grand véhicule (Chine, Japon...) et les bouddhistes du petit véhicule (Birmanie, etc...). Ceux du grand véhicule sont plus progressistes. Après, forcément, il y a toutes les variantes possibles. On trouve de nombreux bouddhistes au Népal, surtout depuis l’invasion du Tibet par la Chine.
Mais la religion prédominante reste l’hindouisme avec son système de castes, ses innombrables divinités, et son inextricable complexité. Essayons quand même de résumer. A la base il y a Brahmâ, créateur du monde. Depuis il n’a rien fait d’intéressant, donc tout le monde s’en fout. Il y a aussi Shiva, à la fois créateur et destructeur. Pour terminer le trio de tête, il faut aussi nommer Vishnu, celui qui sauve le monde en cas de problème. Tous les 5000 ans, Vishnu s’incarne et vient faire un tour sur terre. Après la dixième, ce sera la fin du monde et Brahmâ devra se remettre au boulot. Le neuvième avatar de Vishnu fut Bouddha. Si ça c’est pas un beau syncrétisme avec le bouddhisme...
Sinon, il y a aussi des femmes dans ces histoires. Par exemple Parvati, épouse de Shiva. En temps normal, elle est plutôt conciliante, mais quand elle est de mauvaise humeur, elle peut prendre la forme de Kali, et là finit de rigoler. Aussi, mieux vaut ne pas trop la ramener et faire quelques offrandes en son honneur de temps en temps. Par exemple, la semaine précédant notre arrivée eut lieu à Katmandou un sacrifice de 108 buffles en son honneur. Avec ça, on devrait être tranquille pour un bon moment.


On enchaîne sur Bhaktapur, cité médiévale très bien conservée, entrelacs de rues piétonnes, parsemée de petites places et de temples plus ou moins imposants.
Scène de la vie quotidienne : à la sortie des écoles, une maman en sari rougeoyant ramène sa gamine. En passant près d’un temple où trône une cloche de prière, la petite ne peut s’empêcher de claquer un gros gong en passant, ce qui irrite fort sa mère qui lui met un (petite) claque. Mais la gamine semble contente d’elle alors tout va bien. D’ailleurs, ses copains et copines prennent la pose devant les temples que nous tentons de photographier.

On finit la journée en passant par Bodhnath, où se trouve un grand stupa autour duquel tournent (attention, toujours dans le sens des aiguilles d’une montre) de nombreux dévots. Des kilomètres de drapeaux de prières sont déroulés vers le sommet du stupa. C’est un lieu de pèlerinage important. En fin de journée les rayons du soleil couchant font briller les toits dorés des temples bouddhistes qui entourent le site. On en oublierait presque les Om mani padme hum que passent en boucles les boutiques à touristes.
Puis on rentre à Katmandou[1].

[1]"Dites, il manque pas quelqu’un là ? Stop !!"