samedi 1 avril 2006

La Cappadoce des touristes

La Cappadoce est de très loin la région anatolienne qui est le plus densément peuplée en touristes. Partout. Il faut assumer. Que faire alors ?
Le rocher d’Uçhisar par exemple. Ancien village, troglodyte. Le truc, c’est qu’il y a plein d’autocars (enfin, plein, disons deux ou trois) et sans demander rien à personne on nous considère comme faisant partie des touristes allemands, et on entre gratos. Mais en fait ce rocher n’est pas spécialement intéressant. Il vaut mieux descendre un peu plus bas et se couvrir de poussière à crapahuter dans les grottes diverses.
Son cousin, celui de Çavuşin est gratuit, et conséquence directe, n’est pas très sécurisé. Mais si tu tombes, tu atterris, une vingtaine de mètres plus bas, directement devant la guérite des jendarma qui appelleront sûrement l’ambulance.
Et bien sûr, il y a Göreme, son site classé et ses tourniquets comme au métro pour y entrer. Comme partout ailleurs dans le monde, il y a les groupes d’asiatiques divers qui se prennent en photos à tour de rôle. Il y a ceux qui se réfugient au frais dans les grottes parce que la zone se transforme en four dès qu’il y a un peu de soleil. Il y a ceux (moi par exemple) qui se la joue donneurs de leçons ("bande de nuls, là c’est représentatif de la période iconoclaste alors que là par contre on voit bien qu’il y a eu restitution desdites icônes, etc...") alors qu’ils ont appris tout ça un quart d’heure avant dans le guide du routard.
Si on loue une voiture, on peut aller jusqu’au cités souterraines propices au développement de l’imagination ("ouais, comme dans le seigneur des anneaux !") et de la claustrophobie ("oh, oh, y a la boite à fusible de l’éclairage, tu crois que ça craint si on coupe le courant ?").
Après, si on a une voiture (qui marche), du temps et qu’on ne se laisse pas distraire par les circonstances extérieures (genre une éclipse de soleil), on peut pousser plus loin, il paraît qu’il y a un chouette site hittite un peu plus à l’est, qu’on peut faire du ski sur l’Erciyes daği, qu’il y a quelques caravansérails de çà de là. Qu’en gros tu peux rester un mois dans le coin sans t’ennuyer.
De toute façon, le touriste ici est roi. A l’entrée d’Uçhisar, le plan de la ville est en turc et en français. Beaucoup ici parlent français, ou au pire anglais. La honte totale quand tu parles à un turc en anglais et qu’il répond en français (il aura reconnu le touriste français rien qu’à l’accent !). N’exagérons pas, tout le monde n’est pas trilingue, mais quand même.
On a croisé un nombre incalculable de français dans ce village. Peut être est-ce dû à une politique très réfléchie d’aménagement touristique (les français vont à Uçhisar, les anglais à Ürgüp, les allemands à Avanos, etc...).