dimanche 1 mars 2009

La proprio de la pension Aragón

La proprio de la pension Aragón n’est pas forcément d’un abord très convivial. Petite, allure stricte, avec une voix de petite fille, rigide sur certains points (la douche : pas plus de six minutes). Mais au fond elle m’est sympathique. Bref, c'est là que nous logeons le deuxième soir. Nous sommes à Ségovie. Segovia, bande d’incultes, est une petite ville sise au nord-ouest de Madrid et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour cause d’aqueduc romain en parfait état, de cathédrale baroque, d’alcazar orgueilleux, et de vieille ville moyenâgeuse aux rues tortueuses pleines de vieux bâtiments. Au fond, nous ne sommes pas là par hasard. Ce matin là, à Madrid, nous avons arpenté tous les offices du tourisme qui croisaient notre chemin afin de déterminer où il serait judicieux de poursuivre notre court séjour. Nos recherches nous ont même conduit jusqu’à une quelconque émanation du ministère de l’environnement où nous discutons balades avec un gars dont on n’est pas sûr que ce bien le rôle de renseigner les touristes mais qui l’a fait avec plein de bonne volonté. En fait, le souci c’est que les communautés autonomes espagnoles sont un peu hermétiques. L’office du tourisme madrilène ne sait pas trop ce qui se passe à Ségovie (en Castilla-y-León). Et inversement. Bref, suivant le bon vieux principe du « on y va et verra bien sur place » nous prenons le train. Jusqu’à Ségovie donc. Et la pension Aragón. D’ailleurs, on ne se mouche pas du coude, cette pension est en plein centre. La chambre est grande. Pour parfumer la pièce, des moitiés de citrons sont sur la table de nuit. Le balcon donne directement sur la place principale. Oui mais justement, le balcon, faut faire gaffe, ne pas y étendre ses chaussettes sales car (l’Unesco, tout ça) nous sommes au milieu de monuments historiques de la hispanidad. Et y faut pas déconner avec ça. La police rôde et veille à ce que le paysage ne soit pas dégradé par un touriste inconscient. Et c’est vrai que le côté historique de la pension est nettement perceptible : le plancher n’est pas plat. Ce vieux bâtiment est tordu de partout et ça peut faire bizarre quand on se lève le matin cette impression que le sol se dérobe sous nos pieds. Le problème avec les villes historiques comme celle-là c’est justement qu’elles attirent du monde. Et cette semaine là, va savoir pourquoi, les rues sont envahies par de collégiens français. Plein. Partout. L’horreur. Heureusement, il n’y a pas qu’eux dans les rues. Le soir venu, les segovianos profitent des rues piétonnes pour balader, et surveiller leurs gamins qui courent dans tous les sens, après un ballon ou une petite voiture. C’est toujours bien les quartiers piétons.