Чепеларе n'est pas de prime abord un bled très riant. Pour tout dire, à peine arrivé on songe déjà à en repartir. Comment ? Rien de plus facile ! A pied, vers un refuge à quelques heures de marche, un peu plus haut dans la montagne. Le tout étant de :
- s’assurer que le refuge est ouvert et accessible
- faire un minimum de provisions car il commence à se faire faim et puis on se sait jamais, la montagne tout ça... (ah, et on a pas tellement d’eau non plus)
- trouver le chemin car la carte qu’on a est fort succincte, ne montre pas les dénivelés, l’échelle est un peu juste, etc...
Tout ceci n’entame pas notre enthousiasme (inconscience ?). On demande dans un hôtel au hasard quelques infos sur la faisabilité du truc. On trouve une épicerie ouverte où acheter du saucisson bulgare et une bouteille d’eau. L'épicière est de très bonne volonté et tient à répondre à toutes nos questions, le seul soucis étant qu’elle ne parle que bulgare. Heureusement, un client providentiel et à peu près anglophone nous informe que tout sera simple. Et nous trouvons le chemin : c’est indiqué : хижа Иэгрев ! C’est parti, gros à sacs sur le dos, nous partons à l’assaut des sommets (relatifs quand même, le refuge doit être à 1900 m et la montagne n’a rien d’hostile, couverte de forêts de pins paisibles).
Première constatation : les bulgares doivent aimer la balade, et plus encore glander en balade, de fait, nous trouvons régulièrement des bancs sur le chemin où, nous aussi, y a pas de raisons, nous nous posons pour déjeuner tranquillement. Tout va bien, la vie est belle. C’est après que ça se gâte. Nous montons, nous montons, et le balisage fait des siennes. Et les nuages noirs commencent à laisser tomber des espèces de petites gouttes d’eaux vers le sol. Damn it ! Si la pluie se calme assez vite, le chemin ne me rassure pas. Je commence un peu à stresser. En fait, j’ai pas tellement peur qu’on se perde, qu’on tombe sur un ours affamé ou quoi, j’ai juste peur que ça devienne “chiant”. Bon, comme le dieu des voyageurs est un chic type, on tombe sur un autre chemin qui va au refuge. Cool. Et voilà, cahin, caha, nous continuons à monter, croisons quelques paysans en charrette (pas de vraies charrettes comme dans l’imagination populaire, plutôt un châssis de remorque aménagé, mais toujours tiré par un cheval avec un pompon de laine rouge entre les deux yeux).
Bon, bref, voilà le refuge, plutôt grand, sûrement construit à la glorieuse époque du communisme, seulement squatté par un groupe de lycéens en goguette sous l’oeil attentif des accompagnateurs. Une chambre rien que pour nous. Pas besoin de sac de couchage, les draps et les couvertures sont fournies. Un gros poil à bois pour l’hiver trône dans un coin. On ne dira pas que c’est la grande classe (surtout après avoir fait un tour aux sanitaires) mais c’est très bien.