samedi 30 janvier 2010

Janvier 1188

Saladin continue d’aligner les succès militaires et s’empare du château qui portera son nom (entre autres nombreuses choses qui porteront son nom). Soyons honnête, c'est un bel exploit. Résumons : la citadelle est posée sur un éperon rocheux avec une falaise au sud, une falaise au nord, du vide à l'ouest et à l'est comme c'était un peu trop accessible, un fossé d'une vingtaine de mètres a été creusé à même la roche sur toute la longueur du bâtiment. Comme un cañon (difficile d'imaginer que ce truc n'est pas naturel). Et bien sûr des remparts partout et des tours bien massives bourrées de meurtrières et autres trucs pour massacrer les assaillants. Hélas, son point faible c'est que c'est trop grand. Cinq hectares c'est beaucoup pour un château et Saladin a fini par trouver un coin où la pente n'était que de 200% pour attaquer.
Bref...
De nos jours il ne reste plus grand chose en état. A part la tour centrale. Imposante. C'est pas de l'architecture arabe hein, c'est carré, massif, lourd, c'est du solide. Ca peut faire penser à La Tour de Schuitten. Sinon, le reste c'est un peu comme la citadelle d'Alep, un terrain de jeux un peu déglingué et bouffé par les herbes folles. Il y a aussi, cachée dans un recoin, un citerne immense (et on se demande bien comment les gens se débrouillaient pour la remplir) avec un écho exceptionnel. Du genre à passer une éternité à crier, chanter, parler, imaginer les concerts qu'on pourrait y faire ou les films d'actions qu'on pourrait y tourner.
Il fait beau, on est un peu claqué, c'est donc l'heure de la sieste au soleil sur un bout de rempart. C'est sûr que dans ces conditions il faut pas s'étonner de mettre trois plus de temps à visiter les sites que les autres touristes. Et encore une fois, on fait la fermeture. Vraiment : le gardien ferme la lourde porte du château derrière nous.

Un des grands charmes de ce site, c'est son environnement. Dans la colline. Il y a bien un village dans un peu plus loin mais il reste à distance et n'interfère pas dans le paysage. Pas de grosse route, la voie menant au château est tellement pentues que pas grand monde ne s'y risque et je pense que les autocars de tourisme ne peuvent arriver jusque là. Et comme la mer n'est pas loin, le climat est clément. Ne restent donc que le silence et les collines couvertes de pins, d'oliviers ou d'orangers. En contrebas, un ruisseau à l'onde pure. La classe quoi.
Dans ces conditions, il est difficile de résister à l'envie de faire une balade. Le lendemain, malgré le timing serré, on se lève tôt et nous errons entre les vallées minuscules (mais encaissées), les forêts, quelques champs, les troupeaux de moutons au loin, la citadelle en ligne de mire. On improvise et pourtant on arrive à faire une boucle. On ne croise personne. Il fait beau. Génial.