samedi 1 avril 2006

L'éclipse

Après tout, c’est aussi pour ça qu’on est là.
Ceux qui suivent vraiment ce qui s'est dit dans les chapitres précédents auront vu que "güneş tutulması" est un bien bel exemple de l'utilisation du génitif. A ceux là je ferai remarquer qu’il y a une légère nuance orthographique, en effet, le "ı" de tutulması et en fait un "i sans point". Mais alors, quid de la règle grammaticale relative au possessif exposée au chapitre 10 ? Ami lecteur, en réalité, tout n'est pas aussi simple, en effet, il y a le phénomène de l'harmonie vocalique qui fait que, d'accord, après les mots en "e" on met un suffixe "-si" mais pour les mots en "a" on met "-sı" (avec un i sans point). Ceci éclairé, on peut passer à la suite.
Pour une bonne éclipse, il faut plusieurs ingrédients.
Un soleil, plutôt loin et plutôt brillant.
Une lune, forcément moins loin et plutôt obscure.
Des nuages, pas trop si possible.
Un atlas pour pouvoir choisir sereinement l’endroit d’où l’on va observer le phénomène.
Des infos pertinentes, par exemple il fallait éviter la Libye puisque l’ami Kadhafi faisait payer (cher) aux étrangers l’accès à la bande de centralité.
Des toulousains pour mettre la pression ("C’est à quelle heure le premier contact ?" "Heure locale ou universelle ?" etc...).
Une météo incertaine pour mettre encore plus la pression.
Un accès à internet pour vérifier tous les quarts d’heures l’évolution des prévisions sur weather.com
Un plan B en cas de mauvais temps.
Une voiture, un loueur de voiture et une carte routière pour exécuter le plan B.
Du matos, au minimum un appareil photo.
De la patience.
Une fois qu’on a tout ça, on peut se lancer.
Donc, mercredi 29 mars 2006, à Uçhisar, (département de Nevşehir, Turquie), on y était ! On s’est calé un peu à l’écart du village près de la vallée où on s’est paumé la veille. Au calme. On partage les tâches : Jojo règle son matériel (un petit télescope) et les autres vont faire un tour escalader une colline des alentours. Et puis on tape le carton en attendant le début des phases partielles. Et ça commence. Les uns (en fait un) s’affairent à préparer ses photos, les autres font la sieste. Eh oui, c’est long les phases partielles... Au bout de quelque temps on voit quand même qu’il se passe quelque chose. Il fait plus sombre. On remet son pull. Puis sa veste. On enlève les lunettes de soleil. Le silence se fait. Bref, le monde change. L’ombre arrive. Cela ne dure pas longtemps. Un peu plus loin, au village on attend des cris et on voit crépiter les flashs du haut du rocher. A l’est, une belle vision de l’Erciyes daği, 3917 mètres au compteur, tout enneigé et encore éclairé tandis que nous sommes plongés dans le noir.
Mais tout à une fin. Et on rentre. Enfin, pas tous, Joël reste, il y a encore des phases partielles. Les quatre autres vont manger un tajine.

Epilogue : le soir venu, il peut être intéressant de faire un montage des photos prises avec l’appareil numérique pour faire une belle image de la totalité qu’on mettra en fond d’écran de l’ordi de la pension, juste pour faire râler des toulousains.