Le lendemain, on enchaîne. On reprend le désormais célèbre balisage rouge mais vers le sud ce coup-ci. Toujours sous la forêt, toujours à flan de montagne, nous avançons. On ne va pas épiloguer. Aujourd’hui c’est Mademoiselle qui craint un peu la route alors que moi je suis motivé pour marcher jusqu’à épuisement total (ou presque). C’est vrai que là on a toutes nos affaires sur le dos et que la marche va durer.
A la mi-journée, on se rapproche de la civilisation et des routes à peu près carrossables. Des bûcherons sont à l’ouvrage (oui, encore, mais il y a de quoi faire). Mais les bûcherons de la région sont de petits rigolos et parsèment les pistes forestières de faux panneaux de signalisation indiquant la direction d’Istanbul, la présence de contrôles radars ou des limitations de vitesse à 110 km/h sur des chemins qui ne permettent pas d’aller à plus de 20 sans risquer de mettre en danger l’intégrité physique du véhicule. Et c’est ainsi que nous arrivons à Пампорово. Пампорово est sûrement (avec Montecarlo et le sixième arrondissement de Paris) une des zones possédant la plus grande concentration d’hôtels de luxe au mètre carré. Partout des Resorts plus étoilés les uns que les autres. Mais le plus souvent vides. Et parfois à la limite de l’abandon. En effet, en hiver Пампорово est la station de ski à la mode. Pour gens riches (comprendre : des mafieux en goguette). On nous expliquera par la suite que tout ça c’est de l’arnaque car même en hiver il n’y a pas assez de pistes de ski (et la neige c’est limite) par rapport à la capacité hôtelière de la ville. Que en fait, les gens riches (comprendre : les mafieux) qui ont plein de sous et qui ont envie d’investir n’ont hélas aucune imagination et font construire des trucs de luxe pour une clientèle hypothétique, trucs de luxe qui dans quelques années seront en ruines ou presque. Пампорово ressemble donc à un mini Disney Land, tout aussi toc et moche.
Là, le balisage nous abandonne lâchement. Et nous sommes obligé de rejoindre Проглед par la route. Ca va qu’il n’y a que quelques kilomètres. On fatigue. Dure journée mine de rien.